Wall Street met un terme au premier semestre 2025 en postant de nouveaux records historiques sur le S&P500 (SPX) et le Nasdaq100 (NDX). Un semestre historique à bien des titres, le président des Etats-Unis version 2.0 bouscule sans cesse l’ordre mondial, côté géopolitique cela empire, une guerre commerciale est en cours qui semble loin d’être résolue et source d’inflation alors que le probablement pire budget de l’histoire des Etats-Unis d’un point de vue réaliste et humaniste est sur le point d’être adopté par le législateur américain.
Et pourtant nous y voilà, après d’exceptionnels crus boursiers 2023 et 2024, Wall Street s’offre un joli +5,5% sur six mois pour le SPX et le NDX. En parallèle on assiste à la plus forte baisse du dollar sur six mois depuis 1973, le marché obligataire ne sait plus trop à quels saints se vouer, l’or végète très haut mais semble dépourvu de traction et le pétrole est malmené.
Penchons-nous de plus près sur les États-Unis, où le «Big Beautiful Bill», vaste projet de loi voulu par Donald Trump, mélange prolongation de baisses d’impôts massives, mesures pour stimuler la production nationale, réductions fiscales sur les pourboires et les heures supplémentaires et fortes augmentations du budget militaire ainsi que des fonds alloués à la lutte contre l’immigration clandestine; mais ce texte, qui pourrait aggraver la dette fédérale de plusieurs milliers de milliards de dollars sur dix ans, prévoit aussi des coupes marquées dans les programmes sociaux comme Medicaid ou l’aide alimentaire et réduit considérablement les crédits d’impôt pour la transition énergétique, à l’exception des biocarburants agricoles; toutefois, le projet n’a pas encore été voté à la Chambre des représentants, où il suscite des tensions au sein même des républicains, certains élus redoutant ses effets sur les finances publiques, tandis que Moody’s a déjà abaissé la perspective de la note de la dette américaine, et que le texte devra affronter un parcours semé d’embûches au Congrès.
Retenons un chiffre à ce sujet: 127% du PIB. C’est le taux d’endettement public actuel des Etats-Unis ou 36'000 milliards de dollars. Si le budget de Trump est adopté, il ajoutera 3300 milliards de dollars à ce montant sur dix ans. La Maison-Blanche a beau affirmer que les baisses d’impôts seront financées par un surplus de croissance, l’histoire récente a démontré cela ne fonctionne pas aussi simplement. Il se murmure que l’ex meilleur ami de Donald Trump voudrait lui mettre des bâtons dans les roues, furieux que sa propre industrie soit pénalisée par le projet de budget. Elon Musk menace de mobiliser des fonds pour empêcher la réélection de parlementaires soutenant le texte.
Sur le front de la guerre commerciale, il semble que Bruxelles soit disposée à accepter une surtaxe minimale des Etats-Unis en échange de concessions sur certains secteurs. Cette perspective permet à tout un chacun concerné par le dossier de conserver un certain optimisme.
Les principaux indices de Downtown Manhattan accélèrent leur progression vers haut en fin de séance hier, le podium du jour du SPX se compose de la tech, des financières (stress tests des banques) et de l’immobilier. On rachète les shorts, les mastodontes de la tech participent à l’effort acheteur, en revanche la volatilité reprend un peu de hauteur, autant sur les actions que les obligations, il est plutôt rare que cela se produise alors que les actions montent, des intervenants sont manifestement en train d’acheter de la protection, tandis que le momentum sur la tech semble encore bien présent. Le NDX est entré en territoire suracheté, cela ne semble pas gêner grand monde, le SPX aussi mais une golden cross devrait se produire sur l’indice aujourd’hui, un signal technique positif. On notera aussi que le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations) parvient à s’extirper juste au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours à la cloche.
Au chapitre des obligations le rendement du 10 ans recule à 4,20%, son prochain support se situe à 4,12%, puis 4,02%. L’or remonte quelque peu ce matin, l’once évolue à 3334$, sa 50 jours se situe à 3320$. Le pétrole se stabilise autour de 65$ le baril de WTI Light Crude.
Sur le front des monnaies, le dollar n’en finit plus de chuter. Il réalise son pire semestre depuis 1973, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,1781, il semble de plus en plus probable qu’elle vienne tester 1,2000.
Le calendrier macro-économique de ce lundi est plutôt léger. L’indice manufacturier de la Fed de Dallas pour juin ressort légèrement plus faible que prévu et reste en zone de contraction; les commentaires évoquent toujours l’incertitude liée aux droits de douane. L’indice PMI de Chicago pour juin est également inférieur aux attentes, avec des composantes production et emploi en baisse, tandis que les prix payés atteignent leur plus haut niveau depuis mai 2022. Côté discours de banquiers centraux, Raphael Bostic (Fed d’Atlanta, sans droit de vote cette année) indique qu’il prévoit toujours une seule baisse de taux en 2025. Il précise que les avertissements préalables sur les droits de douane ont permis aux entreprises de mieux se préparer, même si l’incertitude reste forte. Austan Goolsbee (Fed de Chicago) estime qu’il n’y a pas de stagflation à ce stade, mais reconnaît que la situation pourrait «clairement» se dégrader. Cette semaine, l’attention se concentrera sur le rapport sur l’emploi américain (nonfarm payrolls) publié jeudi, les marchés étant fermés vendredi pour la fête nationale américaine. Le consensus anticipe un ralentissement modéré des créations d’emplois à 115’000 en juin, après 139’000 en mai, et un taux de chômage en légère hausse à 4,3%. Le principal événement côté Fed sera l’intervention de Jerome Powell aujourd’hui à 15h30 (heure de Paris) lors de la conférence annuelle de Sintra, au Portugal.
Au menu macro-économique de ce mardi, la seconde lecture des indices PMI manufacturiers mondiaux de juin occupera la journée, ainsi, aux Etats-Unis, que les dépenses de construction, l'ISM manufacturier et les offres d'emploi JOLTS.
Mercedes-Benz guide sur des ventes du deuxième trimestre conformes à celles du premier trimestre 2025 (baisse de 8 à 10% sur un an). Holcim se réorganise après la séparation d'Amrize. Apple envisage d'utiliser Anthropic ou OpenAI pour alimenter Siri dans un revirement majeur, selon l’agence Bloomberg. Le groupe pourrait par ailleurs être poursuivi pour abus de position dominante aux Etats-Unis après le rejet de son appel. Robinhood lance des répliques numériques des actions américaines sur le marché européen. Tesla augmente le prix de la version longue autonomie de la Model 3 en Chine de 1’395 dollars. Nissan cherche à retarder les paiements à ses fournisseurs afin de libérer des liquidités, selon des courriels internes de l'entreprise. Les livraisons de véhicules électriques de Xiaomi sur le marché chinois ont dépassé les 25’000 unités en juin.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 1,24% à la cloche, Hong Kong est fermée, Shanghai avance de 0,38%, Séoul gagne 0,58% et le Nifty50 grappille 0,1%. Le future SPX rend 10 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.