Gonet: l'actualité des marchés au 19 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,06%, S&P 500 +0,24%, Nasdaq +0,26%, Russell 2000 +0,67%, SOX +2,28%, Eurostoxx +0,57%, SMI +0,35%.

Le dollar n’est pas mort, vive le dollar! Il y a précisément une semaine, le billet vert menaçait de sortir de son canal haussier et de quasiment rendre les armes face à l’euro, la paire évoluait alors à 1,0327. Ce matin, la voici évoluant à 1,0080, la parité guette, croyez bien que le monde de la finance n’a d’yeux que pour cela ce vendredi matin. Phénomène étrange, le billet vert entame son échappée plus au moins au moment de la publication de la statistique des demandes d’allocations chômage hier en début d’après-midi. Or, on prête d’habitude une attention toute relative à ce chiffre, qui nous indique une tendance hebdomadaire. Mais cette fois-ci c’est un peu différent, nous apprenons que 250'000 demandes d’allocations ont été déposées, un niveau encore bien loin de celui observé lors d’une récession. De plus, le rapport couvre la semaine au cours de laquelle l’enquête sur le rapport de l’emploi aux Etats-Unis a été menée. Rappelons-nous, ce rapport est sorti très fort. Je vous laisse terminer la réflexion… Le marché réalise que l’économie des Etats-Unis se porte probablement de mieux en mieux, son marché de l’emploi notamment… 3, 2, 1 ignition! Ce n’est donc pas un euro faible que nous avons ici mais bien un dollar en pleine forme, recherché pour la vigueur de son économie et non en tant que valeur refuge.

Et ce n’est pas tout, la Fed, probablement échaudée par le sentiment croissant dans le marché que son combat contre l’inflation va diminuer en intensité, envoie hier quelques-uns de ses faucons en première ligne afin de clarifier la situation «à la Peaky Blinders». Parmi les orateurs du jour, on retrouve notamment le président de la Fed de Minneapolis, Neel  Kashkari (vote au FOMC 2023), qui déclare qu'il ne sait pas si la Fed peut faire baisser l'inflation sans déclencher une récession. Le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard (vote au FOMC 2022), indique qu'il penche pour une hausse des taux de 75 points de base en septembre et qu'il n'est pas certain que le pire de l'inflation soit passé. La présidente de la Fed de Kansas City, Esther George (vote au FOMC 2022), annonce qu'il existe toujours une différence significative entre l'offre et la demande dans l'économie, ajoutant qu'elle est encouragée par le rapport d'inflation de juillet mais que le moment de célébrer victoire n’est pas venu.

Au joyeux royaume des actions, on ne semble guère préoccupé par l’avancée du greenback, on devrait peut-être ceci dit (just my view). C’est une journée terriblement ennuyeuse que vivent les indices, qui montent un peu puis baissent un peu, puis remontent un peu, dans une fourchette étroite. Les intervenants manquent singulièrement de conviction, les volumes d’échanges sont faméliques (8,94 milliards de titres échangés sur le NYSE), la volatilité recule quelque peu, le VIX perd 1,86% à 19,56. Au chapitre des secteurs, l’énergie mène le bal, portée par le retour du baril de WTI Light Crude à 90 dollars, les utilitaires sont aussi recherchées, tout comme la technologie, bien aidée par les semi-conducteurs, l’indice SOX décolle de plus de 2%, dopé par Wolfspeed’s (WOLF +31,9%) et ses résultats, mais aussi Cisco Systems (CSCO +5,8%), elle aussi recherchée après ses chiffres. Les grosses capitalisations de la cote sont plutôt neutres hier, en revanche les petites et moyennes entreprises se détachent, l’armée tente de montrer le chemin vers la colline aux généraux.

Aujourd’hui c’est la journée des trois sorcières, ce charmant nom donné par les financiers à l’expiration mensuelle des options. Chaque troisième vendredi du mois c’est la même chose, la volatilité relève la tête car les options se débouclent et se rebouclent parfois, les brokers font une bonne journée de courtage, c’est vendredi c’est sushis…Mais aujourd’hui est peut-être un jour d’expiration un peu différent. Selon Goldman Sachs, le montant des options qui échoient ce jour s’élève à 2,1 milliards de dollars, un montant fort important s’il en est (et si Goldman ne se trompe pas). La question du jour est donc de savoir si ces options vont simplement échoir ou être prolongées (roulées), de nombreux intervenants ont utilisé le marché des dérivés pour courir après ce marché haussier, à suivre de près donc.

Court passage dans le monde de l’analyse technique avec l’indice S&P500 (SPX) qui regarde toujours sa moyenne mobile à 200 jours comme principal niveau de résistance. Clôture hier soir à 4283 points contre une 200 dma à 4322, c’est un niveau important et difficile à casser que celui-ci, ce d’autant plus que les déclarations de la Fed d’hier devraient finir par faire effet sur les intervenants, du moins à court terme.

Le marché obligataire a bien écouté pour sa part, qui envoie le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 2,93%. Bonne nouvelle en revanche du côté du spread 2 / 10 ans US, qui revient à -33 points de base, on se détend donc un peu sur cette partie.

La confiance des consommateurs britanniques chute à un niveau historiquement bas, alors que les craintes de récession augmentent et que l'inflation pèse sur les finances des ménages. L'indicateur GfK recule de 3 points pour atteindre -44 en août, son niveau le plus bas depuis 1974. Toutes les mesures baissent, les perspectives en matière de finances personnelles étant celles qui souffrent le plus dans un contexte de «sentiment d'exaspération». Les données sur les ventes au détail publiées aujourd'hui sont à suivre de près. On reste chez Sa Majesté, avec les Londoniens qui ont une nouvelle bonne excuse pour travailler à la maison aujourd'hui, une grève des travailleurs entraîne la fermeture du réseau de métro. Et les chauffeurs de bus de l'ouest et du sud-ouest de Londres sont en grève aujourd'hui et demain. Happy Friday London…

Le président turc Recep Tayyip Erdogan annonce avoir discuté des moyens de mettre fin à la guerre lors d’échanges à Lviv avec son homologue ukrainien, ainsi que des conditions d'un éventuel échange de prisonniers avec la Russie. Les États-Unis se préparent à fournir une aide militaire supplémentaire de 800 millions de dollars à l'Ukraine, selon Reuters. La Russie utilise probablement la centrale nucléaire de Zaporizhzhia pour protéger ses troupes et son matériel, déclarent des responsables européens du renseignement.

L'inflation au Japon s'est accélérée en juillet, dépassant encore l'objectif de 2% de la Banque du Japon, ce qui complique les arguments du gouverneur Haruhiko Kuroda en faveur du maintien de taux ultra-bas. Les prix à la consommation hors produits frais ont augmenté de 2,4% par rapport à l'année précédente, comme attendu. Si l'on exclut l'impact des hausses de la taxe de vente, il s'agit de la plus forte hausse depuis 2008.

Au menu macro-économique du jour, les ventes au détail au Royaume-Uni qui sortent un peu mieux que prévu pour le mois de juillet. En Allemagne, l’indice des prix à la production sort très nettement au-dessus des attentes pour le mois de juillet.

Qualcomm veut revenir sur le marché des serveurs avec un nouveau processeur. Apple avertit d'une faille de sécurité importante sur iPhone, iPad et Mac, nécessitant une mise à jour rapide et déjà disponible. Shell a réduit la production de sa raffinerie Rhineland en raison du faible niveau du Rhin, qui complique le transport fluvial de marchandises. Sonova rachète une chaîne chinoise de soins auditifs. Les Etats-Unis demandent à Tesla des informations sur la caméra de cabine dans le cadre de l'enquête sur l'Autopilot. Snap arrête le développement de la caméra selfie volante Pixy.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en recul, la Fed a bien gâché l’ambiance dans le camp des taureaux hier. Tokyo recule de 0,04% à la cloche, Hong Kong rend 0,21%, Shanghai se replie de 0,55% et Séoul perd 0,61%. Le future SPX perd 22 points et l’Europe ouvre en repli de 0,7%.

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