Gonet: l'actualité des marchés au 22 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,98%, S&P 500 +1,31%, Nasdaq +1,58%, Russell 2000 +1,88%, SOX +0,07%, Eurostoxx +1,51%, SMI +1,40%.

L’arrivée du printemps semble avoir coïncidé avec un début d’affaiblissement de la tempête financière en cours. La poussière retombe lentement sur le secteur des banques régionales américaines, ainsi que sur la Paradeplatz, où le bonnet Credit Suisse cote désormais aux alentours des 200 francs. On peut retourner la situation dans tous les sens, pointer du doigt la Finma, regretter que le bras helvétique de la désormais ex deuxième banque du pays n’ait été émancipé il y a quelques années, reprocher à Donald Trump d’avoir allégé les règles de supervision des banques régionales aux Etats-Unis, chercher des coupables, l’histoire retiendra surtout combien les autorités monétaires et politiques ont réagi rapidement et en force, dès l’apparition des problèmes de Sillicon Valley Bank.

Hier les valeurs bancaires terminent leur journée sur le podium de l’indice S&P500 (SPX), l’agence Bloomberg indiquant que le département du Trésor américain étudie les moyens de garantir tous les dépôts bancaires, si nécessaire, sans l’approbation du Congrès. Cette information est suivie d’une annonce de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, selon laquelle le gouvernement est prêt à intervenir à nouveau «si des institutions plus petites subissent des retraits de dépôts qui posent un risque de contagion». Et voilà, on est de retour au fameux « whatever it takes » (à prononcer avec l’accent italien) de Super Mario Draghi. Le poids des mots prend ainsi tout son sens. Par cette simple phrase, Janet Yellen regarde les spéculateurs du monde entier dans les yeux et leur dit « même pas peur, essayez donc de vous attaquer à la prochaine brebis malade du troupeau… ». C’est efficace et en plus cela ne coûte pas un centime au contribuable américain. Le marché en prend acte et cette détermination sans faille de nombreuses banques centrales du globe à défendre le système financier mondial commence à porter ses fruits. On se réveille doucement sur les parquets de trading, le rationnel fait progressivement son retour, les émotions se dissipent et le marché retrouve quelque sérénité.

Le SPX récupère le niveau de 4’000 points à la cloche, il s’éloigne de ses moyennes mobiles à 200 et 100 jours et regarde désormais sa 50 jours dans le blanc des yeux (clôture à 4002 points contre la 200 dma à 4012 pts). Sa configuration technique s’améliore considérablement, il doit ceci dit repasser au-dessus de 4100 points pour que les taureaux puissent emménager durablement à nouveau à Wall Street. Et que dire de l’indice Nasdaq100 (NDX), qui affiche sa sixième séance consécutive de hausse en 7 journées de trading et clôture tout près de son plus haut de l’année. Le NDX progresse de 16.47% depuis le premier janvier, une crise ? Bon, il faut dire que les valeurs technologiques ont joué un rôle défensif ces derniers temps. En Europe, les indices participent aussi à la fête, notons que Milan et Madrid font mieux que les autres, signe d’un appétit au risque retrouvé dans les salles de marchés. On revient au SPX avec, sur le podium du jour, l’énergie (le baril de WTI Light Crude remonte à 69.32$, les craintes de récession se dissipant quelque peu), la consommation discrétionnaire et les financières. La volatilité se prend les pieds dans le tapis, l’indice de la peur VIX chute de 11% et revient en-dessous de 21.5, un niveau encore un chouia élevé mais cela va nettement mieux de côté-ci aussi.

Tiens l’or fond littéralement, l’once recule à 1943 dollars, il y a deux jours elle évoluait à 2009$ ! Je retiens de cet épisode que la relique barbare fonctionne encore à merveille en cas de peur généralisée sur les marchés, à méditer.

Le dollar, la valeur refuge par excellence, recule encore un peu, la paire eur/usd remonte à 1.0772. Là encore un signe d’apaisement est envoyé, avec un bémol toutefois, la Fed et la BCE ne sont pas au même stade de leurs politiques monétaires respectives, la Banque Centrale Européenne ayant probablement plus de marge pour relever encore ses taux, un facteur potentiel de soutien à l’euro.

La détente est aussi manifeste dans le marché obligataire. Prenez le rendement de l’emprunt gouvernemental américain à 2 ans, qui évolue ce matin à 4.14% contre 3.62% au plus bas de lundi, ce sont là des mouvements d’une rare violence qui se sont récemment produit sur la courbe des taux US. Je note au passage que la courbe 2 / 10 ans n’est désormais inversée plus que de 44 points, contre 106 bps au début de la crise.

Certaines des valeurs qui avaient subi les pertes les plus importantes récemment progressent hier, comme First Republic Bank (FRC +29,5 %), qui réagit aussi aux informations selon lesquelles la banque envisagerait des alternatives stratégiques, y compris une vente éventuelle. L’ETF S&P Bank (KBE +5,3 %) et l’ETF S&P Regional Banking (KRE +5,8 %). Les dirigeants de Wall Street et les fonctionnaires américains envisagent le soutien du gouvernement pour encourager un accord visant à consolider First Republic, selon l’agence Bloomberg. Parmi les mesures envisagées, le gouvernement pourrait jouer un rôle dans le retrait des actifs du prêteur qui ont érodé son bilan. D’autres idées incluent l’offre d’une protection de la responsabilité et l’assouplissement des limites sur les participations. Les mastodontes technologiques de la cote font aussi leur part Alphabet (GOOG +3.8%), Tesla (TSLA +7.8%), Amazon.com (AMZN +3.0%).

Les autorités suisses gèlent les bonus différés versés aux banquiers du Credit Suisse. La banque peut encore verser des primes en espèces pour l’année dernière, mais les rémunérations différées accordées jusqu’en 2022 sont temporairement suspendues. L’ampleur du coup porté n’est pas évidente, car les primes à long terme avaient déjà perdu une grande partie de leur valeur, tandis que certains paiements subordonnés à des gains sur le cours des actions sont désormais sans valeur.

Les États-Unis vont avancer la livraison des chars de combat M1 Abrams, qui pourraient être livrés à l’automne, tout en accélérant la livraison des missiles Patriot. Kiev obtient le soutien du FMI pour un prêt de 15,6 milliards de dollars, le premier à être accordé à un pays en guerre. Volodymyr Zelenskiy déclare qu’il n’a reçu aucune proposition concrète lors d’un entretien avec Xi Jinping, mais que Kiev a envoyé à Pékin sa propre feuille de route pour la paix.

Au menu macro-économique du jour, la décision de la Fed sur ses taux, à 19h00, suivie d’une  conférence de Jerome Powell à 19h30.  

GameStop : le titre s’envole de 48% hors séance après l’annonce d’un retour aux bénéfices. Nike : le titre perd 2,2% hors séance après ses trimestriels. La Suisse suspend certains bonus de banquiers du Crédit Suisse après l’absorption par UBS. UBS, qui entame des pourparlers avec Klein pour mettre fin à l’opération First Boston. Zuckerberg et Meta Platforms sont poursuivis pour ne pas avoir lutté contre la traite des êtres humains et l’exploitation des enfants. Alphabet lance l’accès public à Bard, un rival de ChatGPT. Kuehne + Nagel et Decathlon étendent leur collaboration en Amérique latine. Sandoz (Novartis) reçoit l’approbation de la FDA américaine pour le biosimilaire Hyrimoz Injection. Collaboration Roche/Eli Lilly sur le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. TSLA (Tesla+7.8%) : Les ventes au détail en Chine ont totalisé ~107K unités ce trimestre, en passe de battre le précédent record du Q4-22 de 1327 unités par jour, soit un total de ~122K voitures. À noter que cette performance vient après que l’entreprise ait réduit les prix jusqu’à 13,5% en Chine en Janvier. META (Meta Platforms +2.2%) : le titre est relevé à surpondération par Morgan Stanley qui cite la valorisation et note que les récentes suppressions d’emplois et les initiatives d’efficacité peuvent indiquer un pivot structurel et culturel vers une organisation plus légère. INTC (Intel -2.4%) : La Maison Blanche s’apprête à dévoiler des restrictions plus strictes sur les fabricants de puces qui reçoivent des fonds du CHIPS Act pour développer leurs activités en Chine, selon un rapport de Bloomberg ; les ventes en Chine représentent environ 27% des ventes d’Intel, qui possède une usine de conditionnement de puces à Chengdu.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous en hausse. Tokyo gagne 1.93% à la cloche, Hong Kong progresse de 1.69%, Shanghai avance de 0.31% et Séoul monte de 1.20%. Le future SPX rend 10 points et l’Europe ouvre en repli de 0.2%.

C’est aujourd’hui jour de Fed dans les marchés, la Réserve Fédérale des Etats-Unis nous annoncera sa décision sur ses taux d’intérêts ce soir à 19 heures, puis Jerome Powell prendra la parole à 19h30. La question qui taraude les esprits est fort simple : pause ou pas pause ? La Fed doit décider si elle doit relever ses taux face à une crise bancaire ou rester inactive malgré l’inflation. La situation n’est peut-être pas gagnée d’avance: Le relèvement des taux pourrait effrayer les investisseurs en aggravant les tensions financières ; l’immobilisme pourrait ébranler les nerfs en signalant que le FOMC est craintif. Il y encore peu, tout un chacun s’attendait à un relèvement de 50 points de base, puis le boulet financier est passé tout près et les 50 bps de disparaître d’un coup. Ce matin, les Fed Funds indiquent 84% de probabilités d’une hausse de 25 points de base. C’est plutôt une bonne nouvelle car cela indique que le marché est prêt à une telle hausse, ce qui devrait faciliter grandement la prise de décision de Jerome  Powell et ses collègues.

 

L’actualité des marchés revient ce vendredi 24 mars.

A lire aussi...