Gonet: l'actualité des marchés au 20 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,01%, S&P 500 +0,13%, Nasdaq +0,08%, Russell +1,35%, SOX +0,66%, Eurostoxx +0,89%, SMI +0,89%.

La semaine écoulée restera probablement dans les mémoires de traders comme celle du break des taureaux. La publication de l’indice américain des prix à la consommation mardi passé parvient à convaincre les plus sceptiques que l’inflation est en train de mettre un genou à terre, le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie des Etats-Unis est de moins en moins chimérique, les prix à la production et l’indice de la production industrielle sortent en-dessous des attentes, ils renforcent le sentiment du marché sur l’évolution des taux. Les ventes au détail et l’indice Empire State ont beau être vigoureux, ils ne parviennent pas à tempérer les ardeurs des colombes, qui prennent possession du ciel Downtown Manhattan, renvoyant faucons et ours à leurs études. Résultat des courses, les estimations dans le marché d’un statu quo lors de la réunion du 13 décembre atteignent désormais 100%. Le scénario dominant décrit un retour de l’inflation à l’objectif de 2% de la Fed au cours du premier semestre de l’an prochain, main dans la main avec de bons résultats de sociétés (la saison 3 qui touche à sa fin est un très bon cru, avec plus de 80% de surprises positives). Le marché américain des dérivés pronostique désormais plus de 50% de probabilités d’une première baisse de 25 points de base par la Fed lors de sa réunion du 1er mai, tout cela évolue vite, les intervenants se positionnent dès à présent dans les actions, selon le mécanisme qui a déjà fait ses preuves: acheter des stocks pendant la période qui court entre le pic de hausses et la première baisse, gardons en tête que le joyeux royaume des actions anticipe les retournements de politique monétaire longtemps à l’avance.

L’appétit au risque est donc sérieusement de retour à Wall Street, les ours semblent avoir rejoint Elon sur sa planète, la semaine écoulée est fort belle pour les actions, les principaux indices réalisent leur troisième performance hebdomadaire positive d’affilée (SPX +2,24%, NDX +1,99%, RTY +5,42%, SX5E +3,42%, SMI +1,72%). Vous noterez le RTY (Russell2000, les petites capitalisations américaines), qui sort nettement du lot, oh sans grande surprise, les petites entreprises souffrent fortement de taux d’intérêts élevés, le simple fait de la baisse anticipée par le marché de ces derniers enlève une tonne de pression des épaules de ces PMEs, qui ont de plus considérablement sous-performé leurs grand-frères depuis le début de l’année. Décollage en vue pour le RTY? Techniquement, il relève considérablement la tête la semaine passée, sa prochaine résistance se situe à 1825 points (200 jours), clôture vendredi à 1797 pts, s’il casse à la hausse ensuite pas grande chose ne devrait le freiner avant le niveau de 2'000 pts (just my technical view).

Vendredi l’indice S&P500 (SPX) consolide sa position au-dessus des 4500 points, son podium du jour se compose de l’énergie, de la consommation discrétionnaire et des financières. L’énergie profite d’une tentative de rebond du pétrole, qui perd ceci dit près de 3% sur la semaine, le baril de WTI Light Crude revient à 76,49 dollars, il voit sa principale résistance à 78,19 dollars (moyenne mobile à 200 jours). L'augmentation des stocks hebdomadaires aux Etats-Unis pénalise le baril, les stocks ayant progressé de 3,6 millions de barils (contre un consensus de 2,5 millions). Cette faiblesse des prix pourrait toutefois inciter l'OPEP et plus particulièrement l'Arabie Saoudite à limiter davantage leur production. Les mastodontes de la tech réalisent une séance mitigée, Amazon surperforme tandis qu’Alphabet et Microsoft boudent. La volatilité poursuite sa décrue, le VIX recule de 3,6% à 13,80, il s’approche lentement mais surement de son support de 12,68. Le Nasdaq100 (NDX) n’est toujours pas suracheté, il lorgne son top du 19 juillet à 15'932 pts, clôture vendredi à 15'837 pts. Je note que les investisseurs ont acheté pour 7,6 milliards de dollars de l’ETF QQQ (il réplique le NDX) de lundi à jeudi passé, c’est le montant le plus important qui ait été investi dans cet ETF en une semaine depuis 1999, selon l’agence Bloomberg. Le NDX évolue désormais à moins de 6% de son record de tous les temps, réalisé il y a deux ans.

Le dollar reste sous pression, le Dollar Index (DXY) teste actuellement sa 200 jours à 103,62, s’il la casse le prochain niveau technique se situe à 102,55. La paire EUR/USD casse 1,0900 et regarde désormais 1,1000. Le rendement du 10 ans US se stabilise à 4,47%, son prochain support se situe à 4,33% (100 jours), sa prochaine résistance à 4,62% (50 jours). La question de ce lundi: qu’est-ce qui pourrait bien empêcher ce rendement de poursuivre son repli? Les opérateurs obligataires examineront attentivement le niveau de la demande lors de la vente aux enchères des bons du Trésor à 20 ans d'aujourd'hui afin de déterminer si le rallye de novembre durera. Les inquiétudes concernant un retournement de tendance ont été manifestes lors de l'adjudication des obligations à 30 ans au début du mois, lorsque le marché a brièvement chuté après que le Trésor a dû offrir une prime de rendement inhabituellement élevée pour vendre les titres. L’or se stabilise à 1977 dollars par once. Ma question du jour: mais qu’est-ce que l’once fiche donc si haut? Support à 1937$, c’est sa 200 jours.

Imaginez un peu que les principaux indices d’actions américains sont parvenus à clôturer dans le vert lors de 13 des 15 dernières séances, c’est énorme. Et pourtant, l’idée d’une correction imminente ne semble pas effleurer la majorité des esprits sur les parquets de trading. Mardi passé, après la publication du CPI US, plus de 25% des actions de toute la bourse américaine ont clôturé avec un gain supérieur à 4%. Là aussi c’est énorme et fort rare (6 occurrences de ce type depuis 1956). L’histoire montre que, à ces six occasions, 3, 6 et 12 mois plus tard, le SPX était en hausse dans 100% des cas. C’est là une simple constatation, pas une recommandation.

On revient à la macro avec des données toujours mitigées en Chine, la consommation tente d’y redémarrer mais le marché immobilier semble toujours déprimé. En Europe, l’inflation d’octobre est ressortie en ligne avec les attentes et en baisse, tout comme au Royaume-Uni.

Javier Milei remporte la présidence de l'Argentine en promettant des mesures rapides pour sortir l'économie de la crise. Il obtient 56% des voix contre 44% pour le ministre de l'économie Sergio Massa, 99% des bulletins ayant été dépouillés. Milei préconise des réformes drastiques, notamment le remplacement du peso par le dollar et la suppression de la banque centrale. Les marchés sont fermés aujourd'hui pour cause de vacances, bien que le peso ait chuté hier sur les bourses de crypto-monnaies locales.

Israël publie une vidéo qui, selon lui, prouve son affirmation d'un tunnel du Hamas sous l'hôpital Shifa. Les États-Unis déclarent qu'un accord pour que le Hamas libère les otages pris lors de l'attaque du 7 octobre pourrait être le plus proche à ce jour et nécessiterait une pause de plusieurs jours dans les combats.

Les inégalités se retrouvent même chez les pollueurs. Les 1% les plus riches de la planète émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers de la population la plus pauvre, soit environ cinq milliards de personnes, selon un rapport de l'Oxfam publié dimanche.

Menu inexistant au niveau macro-économique ce jour.

Bayer va faire appel d'une lourde condamnation par un jury américain à verser plus d'1,5 milliard de dollars à trois plaignants affirmant que leur cancer est lié au désherbant Roundup à base de glyphosate. Par ailleurs, le groupe interrompt l'essai d'un médicament anticoagulant pour cause d'inefficacité. Blackstone est en tête pour remporter le portefeuille de 17 milliards de dollars de prêts immobiliers commerciaux issus de la vente de la dette de Signature Bank par la FDIC. AMS-Osram espère lever 775 millions de francs suisses par le biais d'une augmentation de capital. Tesla gagne le procès qui l'accuse de monopoliser les réparations et les pièces détachées. Shell confirme le retrait de la plainte du Nigeria concernant les champs pétrolifères.

On sait que le chocolat est souvent bon pour le moral. Financièrement ça peut aussi être pas mal parfois. L’action Hôtel Chocolat décolle de 169% la semaine passée, le petit chocolatier britannique (164 millions de livres de capitalisation) est la cible du géant américain Mars qui va acquérir le fabricant et détaillant haut de gamme pour 534 millions de livres et développer sa présence au Royaume-Uni (où il détient 130 magasins) et à l'international.  
C’est une semaine courte qui débute, ce jeudi se sera Thanksgiving, les Américains fermeront le marché pour l’occasion et chasseront la dinde. Séance écourtée vendredi, attendez-vous donc à ce que l’activité de trading se concentre entre aujourd’hui et mercredi. À suivre demain soir après la clôture les résultats trimestriels de Nvidia. Et vendredi ce sera jour de Black Friday.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis Tokyo, qui rend 0,59% à la cloche après une superbe semaine passée. Hong Kong gagne 1,86%, Shanghai avance de 0,46% et Séoul progresse de 0,86%. Le future SPX rend 3 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.

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