Gonet: l'actualité des marchés au 20 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,45%, S&P 500 +1,61%, Nasdaq +2,15%, Russell 2000 +2,04%, SOX +2,21%, Eurostoxx -0,47%, SMI +1,55%.

Wall Street repart de l’avant, les intervenants faisant fi de la poursuite de la hausse des taux obligataires. Pour être honnête, le repli du pétrole hier contribue largement à améliorer le sentiment du marché, le baril de WTI Light Crude revient à 103,54 dollars. Les commentaires moins faucons qu’attendu des membres de la Fed Charles Evans et Raphael Bostic font aussi du bien, même si le marché oublie un peu vite que ces messieurs ne votent pas au FOMC cette année. Sur le front des statistiques économiques, de bonnes nouvelles tombent en provenance du marché immobilier, les départs de chantiers et les demandes de permis de construire sortant nettement au-dessus des attentes au mois de mars, c’est assez impressionnant dans cet environnement de taux en hausse et l’effet que l’on connait sur les taux hypothécaires.

Mais le marché est peut-être surtout à nouveau en mode «contrariant». Les dernières statistiques de l’AAII (American Association of Individual Investors), indiquent que le sentiment de la fameuse «wrong way crowd» est tombé à 15,8% de postulats «bullish» contre 24,7% lors du dernier pointage. On n’avait pas vu un tel marasme depuis 30 ans dans cette communauté. En clair: les petits porteurs sont en train de craquer et jettent l’éponge. Cela vous étonne-t-il donc que le stratège de JP Morgan, Marko Kolanovic, annonce hier qu’il est temps d’acheter des actions de valeur et de croissance? JP Morgan argumente en citant les politiques monétaires divergentes  des banques centrales ainsi que la baisse du marché des actions, qui ont créé une «occasion d’achat unique».

L’indice S&P500 (SPX) termine sa séance quasiment au plus haut du jour, les perdants de cette année sont recherchés au détriment des gagnants. Le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, de l’immobilier et des services de communication. Les volumes d’échanges restent faibles, on a probablement affaire aux institutionnels hier, les petits porteurs restant prostrés devant leur écran. La volatilité se replie légèrement, le VIX revient à 21,37, le dollar recule également, la paire EUR/USD repasse au-dessus des 1,0800. Les rendements obligataires poursuivent leur marche forcée vers le nord, le 10 ans US traite à 2,94% ce matin. Techniquement, la configuration du SPX s’améliore quelque peu, l’indice récupère sa moyenne mobile à 50 jours à la cloche.

L’or se replie, on pourrait se dire que c’est à cause du regain de forme de l’appétit au risque. Peut-être que oui en partie, mais les taux réels sont de retour en territoire positif ce matin et c’est tout sauf anecdotique, cela faisait depuis janvier 2020 qu’on n’avait plus vu cela. Des taux réels positifs rendent le métal jaune de facto beaucoup moins attractif, lui qui n’offre aucun rendement. Résultat des courses, ce matin l’once est de retour à 1941 dollars, elle traitait à 1980 dollars hier, attention à un exode potentiel des détenteurs d’ETFs.

L'effort d'Elon Musk pour acheter Twitter a du mal à attirer l'intérêt des grandes sociétés de capital-investissement. Blackstone, Vista Equity Partners et Brookfield Asset Management sont parmi les sociétés de capital-investissement qui ont décidé de ne pas investir dans un rachat. Apollo (APO) n'envisage de fournir des fonds pour une offre que sous forme de dette ou d'actions privilégiées, par opposition à des actions, et des sources indiquent que les chances que cela se produise sont minces parce que Musk a fourni peu de visibilité sur la façon dont il prévoit de rendre Twitter rentable. Thoma Bravo a examiné une offre pour la firme, mais n'a pas encore pris de décision, et note également que les actionnaires de Twitter, Silver Lake et Elliott Management, soutiennent le CEO Parag Agrawal et n'ont pas fait de commentaires sur la poursuite éventuelle d'une offre.

Raphael Bostic déclare que la Fed devait faire preuve d'une certaine prudence dans la poursuite des hausses de taux. Le directeur de la Fed d'Atlanta indique qu'il est réticent à l'idée d'aller «bien au-delà de notre position neutre». Charles Evans, l'un des principaux colombes de la banque, affirme qu'il s'attend à ce que la Fed dépasse sa position neutre l'année prochaine. Le chef de la succursale de Chicago ne voit pas la nécessité d'une hausse supérieure à 50 points de base, mais il note que deux mouvements de cette ampleur «pourraient avoir du sens».

Le président Biden déclare que les États-Unis vont envoyer davantage d'artillerie en Ukraine alors que la Russie poursuit sa campagne dans la région du Donbass. Selon NBC, le nouveau programme d'aide sera d'une ampleur similaire au précédent, qui s'élevait à 800 millions de dollars. Les alliés américains, européens et asiatiques conviennent, lors d'un appel conjoint, de continuer à renforcer la pression des sanctions sur le Kremlin et d'augmenter l'aide humanitaire et les livraisons d'armes à l'Ukraine.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen tiendront un débat à fort enjeu ce soir à 21 heures, quatre jours avant le second tour de la présidentielle. L'avance de Macron s’élève à 54,5%-45,5% dans le dernier sondage. Citigroup et Amundi ont été parmi ceux qui ont mis en garde contre les risques d'une élection surprise, ce qui entraînerait un selloff des actions européennes, une déroute des obligations françaises et une chute possible à la parité pour l'euro.

Netflix chute de 26% dans les échanges après bourse hier soir, après avoir perdu des abonnés de manière inattendue pour la première fois en dix ans. En outre, la société prévoit une nouvelle baisse de 2 millions d'utilisateurs ce trimestre. Netflix reste numéro un mondial avec 221,6 millions d’abonnés mais la concurrence est en forme, Disney+ atteint 130 millions de clients et Amazon progresse aussi, bien qu’il soit compliqué d’établir combien de clients visionnent ses contenus, sa plateforme Prime Video se confondant avec celle du service Amazon Prime de son site marchand.

On fait un premier pointage de la saison 1 des résultats de sociétés aux Etats-Unis. 10% du S&P500 a rapporté ses chiffres avec 80% de firmes qui ont battu les attentes (source Refinitiv), ce qui est mieux que les 66% en moyenne. Notons au passage que les prévisions ne sont pas révisées à la baisse pour le moment, c’est un début de saison encourageant donc, à suivre.

Les chiffres de l’immobilier ancien (16h00) et les stocks de pétrole (16h30) sont attendus aujourd’hui aux Etats-Unis.

Geberit: Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 549 à 473 francs. Givaudan: Julius Baer passe d'acheter à conserver en visant 4000 francs. ASML: les revenus du deuxième trimestre seront situés entre 5,1 et 5,3 milliards d’euros, en-deçà des attentes à cause des contraintes de production. Le premier trimestre a dépassé les attentes et le carnet de commandes est bien garni. Crédit Suisse: la banque prévoit une perte au premier trimestre, après 700 millions de francs de provisions prises sur les litiges en cours. IBM: les trimestriels sont un peu plus solides que prévu, le titre gagne 1,4% post-séance.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Toyko progresse de 0,86% à la cloche, Séoul est à l’équilibre tandis que Hong Kong et Shanghai reculent de 0,32% respectivement 1,32%. Le future SPX rend 20 points et l’Europe ouvre en progression de 0,4%, elle rattrape son retard d’hier soir.

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