Gonet: l'actualité des marchés au 13 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,26%, S&P 500 -0,34%, Nasdaq -0,30%, Russell 2000 +0,33%, SOX -0,25%, Eurostoxx -0,21%, SMI -1,20%.

Wall Street commence bien sa journée mais ne parvient pas à défendre les gains de début de séance. Le marché digère le rapport des prix à la consommation aux Etats-Unis pour le mois de mars, qui ressort à +8,5% par rapport à mars 2021, la plus forte poussée des prix en 40 ans. Ceci étant dit, on s’y attendait et, même si le chiffre nominal est très légèrement au-dessus des attentes, le marché préfère focaliser sur la composante mensuelle «core», celle dépourvue de la nourriture et de l’énergie, considérées comme trop volatiles. Ça m’a toujours interloqué, que l’on fasse fi de ces deux-là, ce d’autant plus que la hausse mensuelle de mars est due pour 50% au prix de l’essence… Le Core CPI mensuel sort à 0,3% alors que les économistes prévoyaient 0,5%. Et le marché de se prendre à rêver que le fameux pic serait peut-être atteint, ce qui explique la bonne tenue des indices en début de séance. Au final, un léger repli à la cloche pour les principaux indices américains, on constate que de nombreux investisseurs sont venus vendre le rebond, ce qui n'est pas vraiment encourageant pour les taureaux. Le marché reste en mode défensif, le débat du pic de l'inflation n'est de loin pas terminé. La rhétorique des différents membres de la Fed hier n'aide pas, qui disent tous la même chose: «ne vous faites pas d'illusions, nous agirons vite et fort pour ramener l'inflation à notre objectif de 2%».

Le rebond marqué du pétrole pèse aussi dans la balance, le baril de WTI Light Crude revient à 100,50 dollars. Vladimir Poutine déclare que les pourparlers de paix avec l'Ukraine sont dans l'impasse et promet de poursuivre son «opération militaire», alors que les États-Unis prédisent «une phase plus longue et très sanglante» du conflit, notamment dans la région orientale du Donbass. Le secrétaire général de l'OPEP, Mohammad Barkindo, indique lundi à l'Union européenne que le marché pétrolier échappe à son contrôle. Il avertit qu’un embargo du pétrole russe créerait un choc d'approvisionnement massif et que l'OPEP ne réagirait pas en augmentant l'offre. L'espoir d'un assouplissement du confinement de Shanghai pourrait par ailleurs aider à répondre à la demande refoulée.

Au chapitre des secteurs, le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, des utilitaires et de la consommation discrétionnaire. Le SPX récupère sa moyenne mobile à 50 jours en première partie de séance mais la rend en seconde, ce qui n’est pas très bon pour sa configuration technique. Les volumes d’échanges restent discrets, la volatilité en revanche reste relativement élevée, le VIX évolue à 24,26. Le marché obligataire réagit aussi au CPI en envoyant le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 2,68% en fin de séance hier, contre 2,83% avant la publication de l’indice. Ce matin le 10 ans est de retour à 2,76%. La courbe des taux se détend encore un peu, l’écart entre le 2 et le 10 ans se situe à 34 points, tandis que le 5 à 10 ans traite à +4 points. Le dollar reprend sa marche vers le nord, la paire EUR/USD traite à 1,0819, prochain niveau de support 1,0810.

Le sentiment du marché reste donc dicté par les perspectives d’inflation, qui dictent de facto celles des résultats de sociétés, dont les publications du premier trimestre débute aujourd’hui et ça tombe bien, il faut des nouvelles fraiches à ce marché en proie au doute. D’un côté, les actions n’osent vraiment croire à un pic de l’inflation, quoi que… de l’autre, le marché obligataire semble moins inquiet aujourd’hui qu’il ne l’était il y a une semaine. Le marché des changes est probablement pris entre les deux, le dollar monte lorsque l’aversion au risque reprend le contrôle, on ne sait plus trop si sa force actuelle est due aux anticipations d’inflation ou à un sentiment général détérioré. À ce propos, depuis hier le marché anticipe une hausse de taux en moins pour 2022, soit désormais 8 fois 25 points de base. Si l’on devait déclarer un vainqueur après le CPI d’hier, je serais tenté de désigner les taureaux aux points, avec de gros sifflets de désapprobation dans le public.

Joe Biden accuse pour la première fois la Russie de commettre un génocide en Ukraine, renforçant ainsi considérablement sa condamnation de l'invasion de Vladmir Poutine. Il déclare par la suite que ce sont les avocats qui prendront la décision officielle. «Il est devenu de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d'effacer l'idée de pouvoir être ukrainien». Emmanuel Macron qualifie Poutine de paranoïaque et déclare qu'il (Poutine donc) a besoin d'une victoire avant le 9 mai, date à laquelle la Russie marquera la victoire de la Seconde Guerre mondiale.

Avertissement sur le marché de la dette d’entreprises. Le coût d'emprunt pour refinancer une ancienne dette est à deux doigts d'atteindre son plus haut niveau depuis 2009, signe que les conditions de financement deviennent plus difficiles. Le rendement moyen des obligations d'entreprises de première qualité en euros est supérieur de 41 points de base à ce que les entreprises paient pour leur dette existante, soit un écart de moins d'un point de base par rapport à son plus haut niveau en 13 ans. Une tendance similaire se dessine aux États-Unis.

JPMorgan donne aujourd’hui le coup d'envoi des résultats des banques américaines, l’agence Bloomberg nous propose de ne pas en attendre trop, nous verrons bien. BlackRock rapporte également.

Lael Brainard déclare que la Fed agira rapidement pour augmenter les taux d'intérêt et ramener l'inflation à son objectif de 2%. Une décision sur la réduction du bilan pourrait être prise en mai, les réductions devant commencer en juin. Thomas Barkin souhaite que les taux soient relevés à un niveau neutre aussi rapidement que possible et, si nécessaire, la Fed pourrait «aller plus loin» que cela. James Bullard indique au FT que les taux devront être relevés jusqu'au point où ils freinent la croissance, affirmant qu'il est «fantaisiste» de penser que seules des augmentations modestes permettront de maîtriser l'inflation.

L'inflation britannique de mars (sortie au-dessus des attentes), la production industrielle européenne de février (11h00) et l'indice des prix à la production de mars aux Etats-Unis (14h30) sont les trois attractions du jour.  

Adidas: Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 190 euros. Roche: Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 400 à 395 francs. LVMH affiche une croissance organique de 23% au premier trimestre, tirée par la mode et la distribution, avec un trimestre plus compliqué pour les vins & spiritueux. Stellantis va regrouper ses services financiers automobiles chinois sous un nouveau modèle commercial. Renault envisage une éventuelle cotation séparée des actifs liés aux véhicules électriques. D'anciens actionnaires de Twitter déposent un recours contre Elon Musk, coupable selon eux d'avoir tardé à déclarer ses positions dans le réseau social. Bâloise ciblée par une cyberattaque.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Shanghai qui recule de 0,59%. Tokyo prend 1,93% à la cloche, Hong Kong avance de 0,31% et Séoul gagne 1,86%. Le future SPX progresse de 0,6% et l’Europe ouvre en repli de 0,3%. L’or reste demandé, l’once évolue à 1966 dollars. Bienvenue à la première saison de l’année de résultats de sociétés, qui pourrait bien jouer le rôle de l’arbitre en cette période compliquée pour les indices d’actions.

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