Gonet: l'actualité des marchés au 2 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,46%, S&P 500 +0,30%, Nasdaq -0,26%, Russell 2000 -1,15%, SOX -1,92%, Eurostoxx -1,72%, SMI -1,76%.

En regardant distraitement les pourcentages de mouvements d’indices à la cloche de Wall Street, on peut aisément rester sur sa faim. Mais si l’on gratte un peu en surface, on remarque que les taureaux montrent le bout de leurs naseaux hier peu avant 19h, heure de Genève. La première partie de la séance est consacrée à la poursuite de l’hémorragie en cours sur les indices d’actions, accompagnée d’une entrée fracassante en « bear market » du marché obligataire, phénomène ô combien rare. Un indice Bloomberg, composé d’obligations d’Etat et d’entreprises « investment grade », atteint une baisse de 20% depuis son top de l’an passé. On sait la raison de ce mouvement, les politiques monétaires historiquement très agressives de la majorité des banques centrales de la planète. On le savait déjà mais cela se confirme désormais au grand jour, lorsque les actions baissent, les obligations ne leur sauvent plus la mise. Bank of America indique qu’un portefeuille traditionnel, composé de 60% d’actions et 40% d’obligations, réalise une performance de -19,4% à la fin août, contre -16,8% à l’indice S&P500 (SPX).

Revenons au SPX et à ses compères, le SOX notamment, l’indice des semi-conducteurs qui recule de 1,92% sur la séance et c’est là une excellente performance ! Une excellente performance si l’on considère que le SOX recule jusqu’à -4,8% en début de séance…ce retournement de tendance plutôt brutal permet à de nombreux secteurs de relever la tête. Les indices clôturent au plus haut du jour, en ordre dispersé, on retrouve sur le podium du jour du SPX la santé, les utilitaires et les services de communication. Un biais plutôt défensif chez les acheteurs à bon compte hier donc, mais en parallèle on revient également dans les semi-conducteurs et certaines grosses capitalisations de type Meta (META +1,49%), Alphabet (GOOG +1,4%) ou encore Snap (SNAP +7%), la dernière citée annonçant qu’elle va licencier 20% de sa force de travail. Les volumes d’échanges s’améliorent quelque peu mais restent faibles, la volatilité rend un petit peu de terrain, le VIX revient à 25,56, le breadth reste nettement à l’avantage des titres en baisse, dans un rapport de 5 pour 2 sur le NYSE.

On le sait, le marché est en mode « good news is bad news ». Les statistiques macro-économiques d’hier sont plutôt de nature à inquiéter un taureau. L’indice ISM manufacturier américain ressort au-dessus des attentes au mois d’août, sa composante des prix payés recule plus qu’attendu (bien), les nouvelles commandes montrent de la vigueur (pas bien…pour le marché donc) et la composante de l’emploi ressort nettement plus forte qu’attendu et en hausse par rapport à juillet (pas bien). On peut en conclure que le sentiment du marché semble plus solide qu’on ne le pense. Ceci dit il va très rapidement subir un nouveau test et pas des moindres, le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis sera publié cet après-midi.

Sur le front des taux obligataires, cela remonte encore, le 10 ans US revient à 3,29% peu avant l’entame du rebond des actions, pour évoluer ce matin à 3,24%. Le spread 2 / 10 ans se situe à -26 points.

Le marché est désormais dirigé par les statistiques macro-économiques, qui donnent le la à la Fed. En parallèle, les tribulations de 21 millions de Chinois à Chengdu illustrent combien Pékin reste confinée dans sa politique zéro covid, qui impacte toute la planète. La semaine prochaine  nous aurons droit à la décision de la Banque Centrale Européenne quant à sa politique monétaire, un nombre croissant d’économistes prévoient une hausse de 75 points de base. À ce propos, je me demande si le (timide) rebond de l’euro/suisse est lié à cela, la paire traite ce matin à 0,9780, elle voit sa moyenne mobile à 50 jours à 0,9799, à suivre de près, si ce niveau est cassé, le chemin vers la parité sera techniquement grand ouvert. La semaine d’ensuite ce sera le tour de la Banque d’Angleterre, puis le 21 septembre la Fed, dont tout un chacun attend également qu’elle augmente ses taux de 75 points de base. On le constate, le chemin de ces trois prochaines semaines est pavé de banques centrales, pas forcément un cadeau pour les taureaux de tous poils, en revanche après le 21 septembre il se peut que l’horizon soit plus dégagé.

Washington qualifie de "non constructive" la réponse de l'Iran aux négociations visant à relancer l'accord nucléaire de 2015, bien qu'elle soit encore en cours d'évaluation. L'Iran avait auparavant déclaré avoir envoyé une réponse "constructive" aux médiateurs de l'UE.

Les flux de gaz russe vers l'Europe via le gazoduc Nord Stream devraient reprendre demain, mais l'Allemagne craint de plus en plus une nouvelle coupure à la mi-octobre, selon l’agence Bloomberg. Selon la Commission européenne, une intervention d'urgence sur les marchés européens de l'électricité pourrait faire baisser les prix, mais ne protégera pas l'économie de la région des retombées de la crise énergétique.

La Russie a du mal à exporter sa récolte record de blé. Les expéditions en juillet et août, les deux premiers mois de la nouvelle saison, ont chuté de 22% à 6,3 millions de tonnes par rapport à l'année précédente, selon Logistic. Les denrées alimentaires ont été exemptées des sanctions occidentales, mais les banquiers et les assureurs se montrent prudents lorsqu'il s'agit de faire des affaires avec la Russie et les compagnies maritimes hésitent à envoyer leurs navires dans une zone de guerre.

Au menu macro-économique du jour, les chiffres mensuels de l'emploi américain (14h30) et les commandes de biens durables (16h00).
Nokia et Nordea chassent Koné et Philips de l'Euro Stoxx 50. Lululemon bondit de 10% hors séance après de bons trimestriels. Nike gagne 1,2% en sympathie.  Broadcom avance de 2% post-clôture après ses résultats trimestriels. Le Royaume-Uni lance une enquête approfondie sur le rachat d'Activision par Microsoft. Credit Suisse veut lancer une activité de gestion de fortune en Chine l'année prochaine, selon l’agence Reuters. Laxman Narasimhan, qui a quitté la présidence de Reckitt, devrait prendre les rênes de Starbucks. Shell vend une participation de 51,8% dans Aera Energy à IKAV pour environ 2 milliards de dollars.  Twitter va déployer le bouton d'édition tant attendu, en mode test ceci dit.  SGS rachète l'américaine Penumbra Security. Illumina gagne son procès contre la FTC américaine sur l'achat de Grail.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, à l’exception de Shanghai qui grappille 0,04%. Tokyo perd 0,04% à la cloche, Hong Kong recule de 0,77% et Séoul abandonne 0,26%. Le future SPX traite autour de l’équilibre, l’Europe ouvre en hausse de 1%, elle rattrape son retard d’hier soir. Le dollar revient proche de la parité face à l’euro, la paire traite à 0,9973, le pétrole est faible, à 88.20 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or se bat avec le niveau de 1700 dollars l’once.

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