Gonet: l'actualité des marchés au 1er février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,09%, S&P 500 +1,46%, Nasdaq +1,67%, Russell 2000 +2,45%, SOX +1,93%, Eurostoxx +0,12%, SMI -0,82%.

La poussière retombe doucement sur un mois de janvier qui aura causé bien du tracas aux ours.

La séance de ce mardi débute dans le brouillard, on doute dans les salles de marchés. La session de la veille s’est mal passée, l’ombre de la Fed plane sur Wall Street, qui se demande si elle ne s’est pas un peu laissée aller en ce début d’année. On le sait, Jerome Powell n’est plus la colombe qui susurrait aux oreilles du marché, il s’est transformé en un faucon acariâtre, tout un chacun se met à craindre qu’il ne siffle la fin de la récré ce soir à 20h30. C’est donc dans cette ambiance de franche rigolade que la séance débute, les acheteurs ne se bousculent pas au portillon et les volumes d’échanges sont extrêmement faibles. Alors comment donc expliquer la hausse d’hier? Well, c’est une statistique macro qui allume la mèche acheteuse. Le ECI (Employment Cost Index) sort légèrement en-dessous des attentes et en repli, ce qui permet de penser que la croissance des salaires est en train de ralentir aux Etats-Unis et que, corollaire, le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie s’en trouve renforcé.

On observe d’importantes couvertures de positions short, les investisseurs reviennent dans les materials, la consommation discrétionnaire, les REITs et les industrielles, ils délaissent les utilities, l’énergie et la santé, l’appétit au risque reprend le contrôle hier sur les parquets de trading, ce d’autant plus que Nick Timiraos, la voix officieuse de la Fed, publie un nouvel article dans le Wall Street Journal (WSJ) dans lequel il indique que «le rapport ECI pourrait augmenter la possibilité que les responsables de la Fed acceptent de suspendre les hausses de taux dans un avenir proche». N’en jetez plus, ce genre de déclaration constitue de la musique aux oreilles des taureaux, qui reviennent en force dans l’arène en deuxième partie de séance et portent les indices à leur plus haut du jour. Cerise sur le gâteau, on observe des intérêts acheteurs massifs à la cloche. Le dollar se replie logiquement, la paire EUR/USD revient à 1,0873, le pétrole retrouve des couleurs, le baril de WTI Light Crude remonte à 79,08 dollars, l’or remonte à 1925 dollars l’once après avoir testé 1900 dollars en séance. La volatilité se replie légèrement, le VIX revient à 19,40 en clôture. Quant au marché obligataire, il fait légèrement baisser le rendement du 10 ans US, qui évolue aujourd’hui à 3,49%.

Ce matin les Fed Funds prévoient une hausse de 25 points de base ce soir, 83% de probabilités de 25 bps supplémentaires le 22 mars et 42% de chances que la Fed remette ça  en avril.

L’indice S&P500 (SPX) se maintient bien au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours et du haut de son canal baissier, il regarde désormais son top récent de 4'100 points (4'076 pts hier soir à la cloche). Le Nasdaq100 (NDX) récupère sa 200 jours, une excellente nouvelle technique pour les taureaux. Notons le breadth du jour qui est excellent comme rarement avec 93% des membres du SPX qui terminent la séance dans le vert. Le NDX en est à 87%. Notons aussi que le SPX clôture à son meilleur niveau depuis le 1er décembre et que le NDX réalise son meilleur mois de janvier depuis 2001. On peut dire que la hausse d’hier est due au rapport ECI, à du positionnement de fin de mois, à des résultats de sociétés en légère amélioration et à des couvertures de positions short.

Les ours se consoleront en constatant que les résultats de sociétés au quatrième trimestre restent globalement moins bons que ceux des exercices précédents, que la Fed va probablement tenter de tordre le bras des taureaux ce soir et qu’un montant record a récemment été investi dans des ETFs (Exchange Traded Funds) jouant le marché à la baisse.

Les résultats d’entreprises pèsent de tout leur poids hier, notamment dans les secteurs de l'automobile (GM +8,35%), de la construction de logements (DHI +4,07%), des semis (NXPI +2,1%), des colis et de la logistique (UPS +4,7%), du papier et de l'emballage (IP +10,6%), des matériaux de construction (LII +6,3%) et des majors pétrolières (XOM +2,2%). Le côté obscur est observé dans les raffineurs (PSX -5,8%, MPC -0,5%), les machines (CAT -3,5%), les chaînes de restauration rapide (MCD -1,3%), les épiciers (SYY -0,8%) et les assurances (PFG -0,9%).

On fait un point rapide sur janvier, avec un NDX qui décolle de 10,62% et le SPX qui gagne 6,18%. L’Eurostoxx50 avance de 9,75% et le SMI de 5,19%. Les grandes entreprises technologiques ont connu un bon mois, les FAANGs étant largement en hausse (META +23,8% et AMZN +22,8%). Le secteur automobile progresse, surtout grâce à TSLA +40,6%, qui avait perdu plus de 65% au cours de l'année 2022. De nombreuses valeurs «meme» ont connu une résurgence parallèlement à un nouvel élan des investisseurs dans le secteur du détail. Les constructeurs de maisons ont surperformé alors que les taux hypothécaires à 30 ans ont continué de reculer. Le climat s'est amélioré autour de la technologie chinoise, qui s'efforce de rouvrir ses portes. Les cartes de crédit, les semis, les compagnies aériennes, le commerce de détail, les restaurants, les métaux industriels et les médias ont également surperformé. Les banques à grande capitalisation ont été plus fortes et ont mieux résisté que les banques régionales; BKX +12,0%, KRX +2,9%. Les soins gérés, les produits pharmaceutiques et les biotechnologies ont tous été à la traîne dans le secteur de la santé, tandis que les produits de santé naturels et l'alimentation ont été parmi les groupes les plus faibles dans le secteur des biens de consommation de base. Plusieurs résultats décevants ont pesé sur les secteurs de la défense et des multis; NOC (17,9%), MMM (4,0%). Les chemins de fer, les services publics et le tabac sont également à la traîne.

La hausse des prix des magasins britanniques s'est accélérée pour atteindre 8% en janvier, le taux le plus élevé depuis au moins 2005, selon le BRC. Et l'action industrielle stimulée par la hausse de l'inflation ne montre aucun signe d'apaisement. Pas moins de 475’000 travailleurs sont en grève aujourd'hui, l'action la plus étendue depuis plus de dix ans, obligeant des pans entiers du personnel de bureau à travailler à domicile. Les principales gares de Londres seront fermées et environ 85% des écoles d'Angleterre et du Pays de Galles seront totalement ou partiellement fermées.

Les États-Unis accusent la Russie de violer le nouveau traité START de réduction des armes nucléaires en refusant d'autoriser des inspections sur place. Le Kremlin fait également obstruction aux efforts visant à discuter des préoccupations de Washington en matière de conformité, a déclaré le département d'État. C'est la première fois que les États-Unis portent de telles accusations depuis l'entrée en vigueur du traité en 2011.

Au menu macro-économique du jour, la seconde lecture des indices PMI manufacturiers mondiaux est programmée pour les grandes économies, ainsi que l'inflation européenne de janvier. Aux Etats-Unis en attendant la décision de la Fed (20h00), on aura doit aux enquêtes ADP (14h15) et JOLTS sur l'emploi (16h00), et à l'ISM manufacturier et aux dépenses de construction (16h00 aussi). Ce matin, l'indice PMI manufacturier Caixin pour la Chine est ressorti inférieur aux attentes à 49,2 points, alors que le PMI «officiel» était en zone d'expansion.

Advanced Micro Devices: le titre gagne 1,4% après les résultats du quatrième trimestre. Electronic Arts: l'éditeur de jeux vidéo manque le consensus trimestriel, entraînant le titre en baisse de plus de 10% hors séance. Novartis: les revenus annuels sont inférieurs aux attentes mais la rentabilité dépasse le consensus. Novo Nordisk: prévoit une croissance des ventes comprise entre 13 et 19% en 2023. PayPal va supprimer près de 7% de ses effectifs mondiaux. Snap: l'action perd 15% hors séance après la publication des trimestriels. Vale: la production du géant minier brésilien au quatrième trimestre est inférieure aux prévisions. La déroute d'Adani Enterprises et de ses filiales continue à Bombay, après les attaques du vendeur à découvert Hindenburg. Credit Suisse envisage de transférer ses activités liées aux fonds privés à la scission de First Boston. BMW augmente les prix de certains modèles en Chine en raison de la hausse des coûts. Après ses mauvaises performances, Intel réduit les rémunérations de ses hauts dirigeants. Tesla chercherait à construire une usine d'assemblage près du nouvel aéroport de Mexico.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo grappille 0,07% à la cloche, Hong Kong avance de 0,85%, Shanghai progresse de 0,90% et Séoul monte de 1,02%. Le future SPX rend 8 points et l’Europe est indiquée en très légère hausse à l’ouverture de 9 heures.

Tout le monde sur le pont à 20 heures pour l’annonce de la Fed!

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