Gonet: l'actualité des marchés au 30 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,08%, S&P 500 +0,25%, Nasdaq +0,95%, Russell 2000 +0,44%, SOX -0,72%, Eurostoxx +0,1%, SMI +0,13%.

Le sentiment du marché est en forme olympique. Que les fraichement diplômés de Saint-Gall l’apprécient ou non, c’est bien le sentiment qui mène la barque de la planète finance, le reste n’est que théorie d’amphithéâtres… La semaine écoulée constitue un cas d’école en la matière. Pas une seule mauvaise nouvelle ou perspective ne parvient à faire plier le marché. Et pourtant Microsoft, Texas Instruments ou encore Intel tentent bien d’instiller le doute dans les esprits des taureaux, mais rien n’y fait. Les investisseurs continuent de privilégier le scénario d’un atterrissage en douceur de la première économie du monde, d’une Fed moins agressive dès après-demain soir et d’un chouette coup de pouce de la Chine, qui effectue son grand retour dans le concert de la croissance mondiale. L’appétit au risque ne faiblit pas dans les salles de marché, à témoin le désamour flagrant pour les valeurs de la pharma, tandis que la technologie, la consommation discrétionnaire ou les services de communication ne cessent d’attirer de nouveaux acheteurs. Les valeurs d’hyper croissance sont aussi à nouveau à la mode, signal d’un retour en force des petits porteurs dans le jeu, accompagné de folles rumeurs (Lucid Group LCID gagne jusqu’à 98% en séance vendredi sur la rumeur d’un rachat par le fonds d’investissement Saoudien Public Investment Fund).

L’indice Nasdaq100 (NDX) boucle sa quatrième semaine consécutive de hausse. Il rattrape et dépasse l’Eurostoxx 50 sur l’année (+11,21% au NDX contre +10,13% au SX5E), reste au-dessus du niveau de 12'000 points, casse sa moyenne mobile à 200 jours et sort de son canal baissier entamé en janvier 2022. Les shorts se couvrent massivement, la configuration technique de la plupart des indices de Wall Street s’améliore rapidement. Tout cela fait fichtrement penser à 2020, on revient aussi dans les crypto-monnaies, les secteurs défensifs sont jetés aux oubliettes, on achète massivement maintenant, on réfléchira plus tard. L’indice S&P500 (SPX) n’est pas en reste, il se maintient au-dessus des 4'000 points (il y est resté toute la semaine passée en fait), reste confortablement au-dessus de sa 200 jours et casse son canal baissier de janvier 2022. Cerise sur le gâteau, une golden cross (la 50 jours casse la 200 jours à la hausse, un signal haussier), se profile dans les jours à venir. La volatilité recule, le VIX abandonne 1,2% à 18,51, il a de la place jusqu’à 15, ensuite cela deviendra compliqué. Les volumes d’échanges se reprennent quelque peu avec 10,2 milliards de titres traités sur le NYSE. Le dollar reste faible mais ne rompt toujours pas contre euro, la paire évolue à 1,0888, le niveau de résistance à casser pour aller plus haut pour l’euro est 1,0901. Le pétrole revient légèrement en-dessous de 80 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or recule à 1922 dollars l’once.

Tout se passe donc à merveille au joyeux royaume des actions. Certes oui, ce mois de janvier 2023 semble parti pour être un mois historique, du moins d’un point de vue de taureau. Ceci dit il faut savoir raison garder, les volumes d’échanges sont de plus en plus animés par les petits porteurs, plus de 60% des actions du NYSE traitent désormais au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours et le ratio put/call se casse littéralement la figure, ce qui nous indique que soit les investisseurs sortent des puts, soit il accumulent des calls, soit les deux. En tous les cas, j’observe que le marché est en train de baisser sa garde. Fidèle et perfide compagne de l’appétit au risque, la complaisance fait son retour, la présence croissante des robinhooders n’est pas non plus pour rassurer. Sa raison garder savoir il faut donc, tout en prenant acte de l’amélioration significative du paysage technique boursier.

C’est dans ce contexte que nous démarrons une semaine qui sera fort chargée avec une cascade de résultats de sociétés, la décision de la Fed mercredi soir, une réunion de l’OPEP et le plafond de la dette américaine. Sur le front des résultats d’entreprises, ça accélère significativement avec notamment Amazon, Apple, Alphabet, Meta, Exxon Mobil, Starbucks, McDonald’s, Caterpillar et Merck. En Europe nous aurons droit, entre autres, à Novo Nordisk, Novartis, Roche, Shell et Sanofi. Les investisseurs souhaitent que l'accent soit à nouveau mis sur la croissance, après que les craintes de récession, les licenciements très médiatisés et les problèmes de chaîne d'approvisionnement aient entamé le sentiment dans ce domaine. Dans le calendrier macroéconomique, le rapport américain sur l’emploi, qui sera publié à la fin de la semaine, devrait montrer une augmentation de 225’000 emplois non agricoles. Les membres de l'OPEP se réuniront en ligne au cours de la semaine pour examiner les niveaux de production. Le comité ministériel conjoint de suivi de l'OPEP+ devrait approuver la politique actuelle de production de pétrole du groupe. Enfin, on s'attend dans le marché à ce que la Réserve fédérale des Etats-Unis procède à un relèvement de 25 points de base pour porter le taux cible des fonds fédéraux à 4,50% - 4,75%. Rappelons ici que la Fed a dû rester muette ces derniers jours, elle n’a donc pas pu calmer les ardeurs du marché, le discours de Jerome Powell de mercredi soir constituera sans doute le point d’orgue de la semaine boursière.

Israël a mené une frappe clandestine de drone visant un complexe de défense en Iran, déclarent des responsables américains. L'Iran annonce avoir déjoué une tentative d'attaque par trois petits quadcoptères sur une usine de munitions à Ispahan, à côté d'un site appartenant au Centre de recherche spatiale iranien, qui a été sanctionné par les États-Unis. L'UE pourrait sanctionner les Gardiens de la révolution de Téhéran, selon le FT. Antony Blinken doit arriver à Jérusalem aujourd'hui.

La banque centrale chinoise (PBOC) étend trois outils de politique monétaire destinés à encourager les banques à soutenir les technologies vertes et la logistique. Les autorités continueront à offrir des financements bon marché jusqu'à la fin de 2024 aux banques qui prêtent aux entreprises contribuant à réduire les émissions de carbone. Cet instrument de politique monétaire a été adopté pour la première fois en novembre 2021.

Emmanuel Macron sera confronté à un nouveau test important demain, lorsque les syndicats feront à nouveau grève pour protester contre le projet du président de relever l'âge de la retraite. Les sondages montrent qu'un nombre croissant de personnes s'opposent à cette réforme, et les législateurs alliés au parti de M. Macron expriment des doutes. La SNCF conseille aux gens d'éviter les déplacements et de travailler à domicile.

Au menu macro-économique du jour, deux statistiques en Europe: le PIB allemand du quatrième trimestre dans sa première estimation (10h00) et les indices de confiance de la zone euro pour janvier (11h00).

Porsche AG: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 96,80 à 120 euros. Roche: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 380 à 350 francs. Philips: les résultats annuels sont plus élevés que prévu. Le groupe sa supprimer 6000 postes de plus. Ryanair: le chiffre d'affaires du troisième trimestre fiscal ressort à 2,31 milliards d’euros. Toyota Motor a vendu 10,5 millions de véhicules en 2022, ce qui lui permet de conserver son titre de numéro un mondial des constructeurs automobiles. Volkswagen s'attend à récolter les fruits de ses lourds investissements à partir de 2026. Eni signe un accord gazier de 8 milliards de dollars en Libye. Baidu prévoit de lancer une intelligence artificielle similaire à ChatGPT d'ici le mois de mars en Chine. Elon Musk fait l'objet d'une enquête de la SEC pour son rôle dans l'information sur les capacités de conduite autonome de Tesla. Le Trésor italien a signé une lettre d'intention avec Lufthansa pour la vente d'une participation minoritaire dans la compagnie publique ITA Airways (ex-Alitalia). Rheinmetall veut augmenter sa production d'armements. Adani Enterprises qualifie l'étude baissière d'Hindenburg de fraude boursière préméditée.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo grappille 0,19% à la cloche, Hong Kong chute de 2,91%, Shanghai revient de sa semaine de congé avec un léger gain de 0,14% et Séoul perd 1,35%. Le future SPX recule de 27 points et l’Europe rend 0,6% à l’ouverture. L’ombre de la Fed commence à planer au-dessus de Lower Manhattan.

A lire aussi...