Gonet: l'actualité des marchés au 25 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,31%, S&P 500 -0,07%, Nasdaq -0,27%, Russell 2000 -0,27%, SOX -0,72%, Eurostoxx +0,05%, SMI inchangé.

Le conteur préféré du marché se trouve actuellement dans la même posture qu’Assurancetourix à la fin de l’histoire, bâillonné et attaché à un arbre. C’est orphelin de discours de la Fed (qui doit se taire jusqu’au prochain FOMC du 1er février) que le marché digère l’accélération des résultats trimestriels de sociétés. La tendance qui semble émerger est que globalement les chiffres des entreprises sont plus fragiles que sur les périodes précédentes, les firmes ne sont plus aussi nombreuses à systématiquement dépasser des prévisions déjà révisées à la baisse. En bref, la décélération attendue de la croissance des résultats semble bel et bien se produire, sans toutefois montrer d’effondrement. La séance d’hier est intéressante, elle fait suite à deux superbes sessions et les indices ne rendent que très peu des gains enregistrés alors que quelques sociétés déçoivent dans une certaine mesure (par exemple 3M, Verizon, Union Pacific ou encore General Electric). Cela indique que le marché fait preuve d’une certaine résilience, il résiste bien à la pression vendeuse, les plus taureaux d’entre nous seront probablement même tentés de dire que les indices US ont en partie déjà intégré ce ralentissement dans leur débâcle de 2022. Il est trop tôt pour l’affirmer, c’est à suivre de près.

L’indice S&P500 (SPX) recule légèrement mais l’essentiel est ailleurs. Il parvient à défendre le niveau de 4'000 points à la cloche, se maintient aisément au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours (4016 pts en clôture contre la 200 dma à 3'964 pts) et reste légèrement au-dessus du haut de son canal baissier entamé en janvier 2022. Il ne manque plus que la cassure de 4'100 points pour pouvoir déclarer que la chasse aux ours est officiellement ouverte. D’ailleurs, mon collègue responsable des actions attire mon attention hier sur le Russell2000 (RTY), l’indice des petites et moyennes capitalisations américaines, en me faisant remarquer que le RTY a rebondi sur sa moyenne mobile à 50 jours il y a quatre séances, qu’il a fait de même sur sa tendance baissière et qu’il teste actuellement un niveau de retracement Fibonnacci. Ajoutez à cela une golden cross (la 50 jours traverse la 200) qui s’annonce, peut-être déjà aujourd’hui, et vous obtenez une configuration technique très intéressante, qui a tout pour faire frémir le plus hardi des plantigrades.

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des valeurs industrielles, des utilities et des REITs, tandis que la santé continue de trainer la patte, tout comme la consommation de base. Les secteurs défensifs sont donc délaissés, l’appétit au risque reste bien présent dans les salles de marchés, ah la Chine et l’effet de son grand retour annoncé dans le concert économique… Les taureaux restent clairement aux manettes hier, la volatilité recule de 3%, le VIX revient à 19,20. Notez que l’indice Nasdaq100 (NDX) est en train de réaliser son meilleur mois de janvier depuis 2001. Notez aussi que le SPX et le NDX sont inchangés par rapport à leur niveau de mai 2022 (penser à regarder «Tout ça pour ça» de Claude Lelouch ce soir). Les statistiques macro du jour sont plutôt bonnes, ce qui n’empêche pas le rendement du 10 ans US de reculer à 3,45%. Le dollar plie à nouveau mais ne rompt toujours pas, la paire EUR/USD traite à 1,0890, pour rappel elle doit casser 1,0901 pour pouvoir accélérer vers le nord. Le pétrole revient à 80 dollars par baril de WTI Light Crude tandis que l’or reste demandé, l’once évolue à 1930 dollars.

Accès soudain de volatilité à l’ouverture de Wall Street hier? Non, juste un gros gros problème technique… Le NYSE annonce que certaines transactions sont «nulles et non avenues» après qu'un «problème de système» a entraîné une fluctuation importante d'un groupe de titres juste après la cloche d'ouverture d'hier. La bourse de New York identifie plus de 250 actions touchées, dont Wells Fargo, McDonald's, Walmart et Morgan Stanley, par des fluctuations de près de 25 points de pourcentage entre le haut et le bas en l'espace de quelques minutes.

Les États-Unis et l'Allemagne vont fournir des chars à l'Ukraine, surmontant ainsi un désaccord qui menaçait de briser l'unité des alliés. L'administration Biden devrait annoncer son offre de chars M1 Abrams dès aujourd'hui; l'Allemagne enverra 14 Leopard 2 A6, selon l’agence Bloomberg.

Cette année, la politique de la corde raide sur le plafond de la dette américaine diffère des batailles passées car elle coïncide avec le resserrement de la Fed, ce qui pourrait nuire au dollar, selon Peter Tchir d'Academy Securities. «Je veux jouer cela en commençant à éviter le dollar», déclare-t-il. Patrick McHenry, du GOP, avertit en privé ses collègues leaders républicains de la Chambre des représentants que le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve dominante dans le monde est en danger, indique Bloomberg.

Clap de fin en vue, sortez les mouchoirs (pun intended): les traders sur le marché des options envisagent un scénario dans lequel la Fed pourrait être proche d'une fin imminente de sa campagne de resserrement. Le marché des swaps évalue à environ 48 points de base les hausses de taux au cours des deux prochaines réunions du FOMC. Cela implique une faible probabilité – environ 8% – que si la Fed augmente son taux de référence d'un quart de point la semaine prochaine, il pourrait s'agir de la dernière mesure de ce cycle.

Au menu macro-économique du jour, le moral des milieux d'affaires allemand, l'indice Ifo, à 10h00. Sur le front des résultats de sociétés, nous suivrons notamment Abbott, AT&T et Boeing avant l’ouverture, puis Tesla et IBM après la cloche de 22 heures.

Holcim: Goldman Sachs reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 38 à 39 francs. Sonova: Jefferies passe d'acheter à sousperformance en visant 200 francs. Swatch Group: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 318 à 360 francs. BNP Paribas va réduire de 80% le financement des projets pétroliers et relever l'objectif de financement des énergies renouvelables. ASML: les bénéfices sont supérieurs aux attentes au quatrième trimestre. La firme relève ses perspectives, sa croissance devrait dépasser 25% cette année. Givaudan: le spécialiste des arômes et parfums publie des résultats légèrement en-dessous des attentes. On attend le conference call pour se faire une meilleure idée. Lockheed Martin: les perspectives sont mitigées pour 2023 après des prévisions dépassées au quatrième trimestre. Le titre est stable post-séance. Lonza: le Suisse publie des résultats en ligne avec les attentes et guide sur 10% de croissance et une marge d'Ebitda de 30 à 31% cette année. Les objectifs 2024 sont confirmés. Microsoft: les résultats trimestriels sont plutôt solides, mais le titre perd 1% hors séance après l'annonce d'une prévision de ralentissement de la croissance d'Azure. Texas Instruments: le titre est inchangé après l'annonce des derniers trimestriels. Les États-Unis poursuivent Google sur sa position dominante dans la publicité. Rupert Murdoch retire sa proposition de fusion entre Fox Corp et News Corp. Tesla va investir 3,6 milliards de dollars pour agrandir son usine du Nevada. Walmart va augmenter le salaire horaire moyen de ses travailleurs américains à 17,50 dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Hong Kong et Shanghai sont toujours absents pour le nouvel an lunaire, Hong Kong revient demain, Shanghai lundi. Tokyo progresse de 0,35% à la cloche et Séoul gagne 1,39%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe fait de même à l’ouverture.

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