Gonet: l'actualité des marchés au 27 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,61%, S&P 500 +1,10%, Nasdaq +1,76%, Russell 2000 +0,43%, SOX +1,63%, Eurostoxx +0,62%, SMI -0,76%.

Entendez-vous ce bruit de galop au loin? Il semble qu’une cohorte de taureaux soit en train de se ruer sur New York, avec l’objectif manifeste de reprendre Wall Street aux ours.

Hier le marché obtient une énième occasion de rendre du terrain. La publication du PIB américain au quatrième trimestre sort plus forte que prévu, tout comme les commandes de biens durables, les ventes de maisons neuves et les demandes hebdomadaires d’allocations chômage (moins nombreuses que prévu). On observe certes des signes de ralentissement de la demande, mais de telles statistiques auraient probablement mis le marché KO l’an passé (dans l’idée d’une Fed incitée à rester agressive plus longtemps). Aujourd’hui le sentiment du marché a évolué, il tolère une économie plus vigoureuse qu’attendu, probablement parce que cela lui permet d’évacuer quelque peu ses craintes d’une récession brutale de la première économie du globe. L’appétit au risque est de retour à Wall Street et cela se voit, notamment dans le comportement des différents secteurs de l’indice S&P500 (SPX). Hier encore, le podium du jour se compose de l’énergie, de la consommation discrétionnaire et de la technologie, tandis que la voiture balai chasse la santé, les utilities et les biens de consommation de base, un véritable cas d’école. En parallèle, les investisseurs digèrent le lent et soutenu flux de publications de résultats trimestriels de sociétés, qui confirment dans leur ensemble que la croissance des bénéfices ralentit. Plus d'un quart des sociétés du SPX ont publié leurs résultats avec un ratio de surprises positives plus faible que lors des trimestres précédents, mais les investisseurs restent concentrés sur la Fed et l'inflation.

La séance d’hier débute sur une note prudente, les statistiques macro du jour font craindre que la Fed ne décide de retarder la pause tant attendue de son cycle de hausses de taux. Mais cela ne dure que deux petites heures et les acheteurs reviennent en force, les shorts se couvrent et le marché envoie les indices à leur plus haut du jour à la cloche. Le SPX consolide sa position au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours et continue de s’extraire de son canal baissier. Mais hier l’essentiel est ailleurs, le Nasdaq100 (NDX) se met en mode turbo et s’attaque avec succès à sa propre 200 jours. Il récupère le niveau de 12'000 points à la cloche et termine à 12’051, contre 12'011 à la 200 dma. En parallèle le NDX est en train de sortir de son canal baissier entamé en janvier 2022, une tentative de réintégrer une tendance haussière est en cours sur tous les principaux indices américains, entendez-vous ce bruit de galop? En revanche, tout cela manque un peu d’enthousiasme, à témoin le volume d’échange du jour, seulement 9,6 milliards de titres sont traités sur le NYSE, on ne peut donc affirmer que toute la planète finance est prise d’une fièvre acheteuse hier. Côté volatilité, cela glisse encore un peu, le VIX perd 1,83% à 18,73, le dollar profite de la macro du jour pour respirer quelque peu contre l’euro, la paire évolue à 1,0877.

Hier le marché est bien soutenu par les mastodontes de la technologie, L’ETF MGK (Mega Cap Growth) progresse de 1,7%. Tesla décolle de 11%, Salesforce gagne 5,7%, Meta progresse de 4,1% et Microsoft avance de 3,1%, difficile de faire baisser un marché quand les big ones sont en forme. Notons au passage qu’Exxon atteint un record historique à la cloche. Elle fut jadis la première capitalisation boursière du marché, aujourd’hui elle pèse 485 milliards de dollars, Apple c’est 2'279 milliards, tempus fugit…

En Europe, la séance se passe bien, plus calmement que de l’autre côté de l’Atlantique mais bien. Le CAC40 se rapproche des 7'100 points. Seule ombre au tableau, le SMI (Swiss Market Index) qui glisse de 0,76% sur la séance, pénalisé par Nestlé, Novartis et Roche. On le sait bien, lorsque ce triumvirat éternue, c’est toute la cote helvète qui s’enrhume tellement leur poids est important dans l’indice.

Le groupe indien Adani prépare une réponse détaillée au rapport du vendeur à découvert Hindenburg, qui déclenche une nouvelle chute brutale des actions aujourd'hui. Le document est «dépourvu de faits», ont déclaré les dirigeants aux investisseurs lors d'une conférence téléphonique organisée par Barclays, Deutsche Bank, Mitsubishi UFJ et StanChart. Bill Ackman déclare qu'il trouve le rapport Hindenburg «hautement crédible et extrêmement bien documenté». Ce cher Bill aurait-il shorté l’action?

Les plus grandes banques de Wall Street boudent la fête des obligations mondiales dans un contexte de liquidités abondantes. Seuls deux des six principaux prêteurs ont lancé de nouveaux emprunts ce mois-ci, ce qui laisse présager une baisse des émissions du secteur financier pour le reste de l'année 2023. Selon Bloomberg Intelligence, les ventes de l'année pourraient chuter de 33% pour atteindre 132 milliards de dollars.

Les économistes s'attendent à ce que la BCE procède à deux hausses de taux de 50 points de base, puis maintienne le taux de dépôt à 3,25% pendant environ un an, jusqu'à ce que le ralentissement de l'économie entraîne une série de baisses d'un quart de point à partir de juin 2024. Plus de la moitié des personnes interrogées dans le cadre d'une enquête estiment que les autorités sont encore en retard dans la lutte contre la pire flambée des prix qu'ait connue la zone euro. Un tiers seulement craint que les autorités n'aillent trop loin.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis l'inflation PCE accompagnera les revenus et dépenses personnelles (14h30) et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan.

Geberit: Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 588 francs. Sika: JPMorgan reste à souspondérer avec un objectif relevé de 203 à 216 francs. Intel: le titre coule de 10% hors séance après ses résultats ratés et des perspectives réduites. Rolls-Royce va connaître un plan de transformation. Hasbro lance un gros plan social. Salesforce discuterait de la nomination de nouveaux administrateurs. Alaska Air commande 37 B737MAX à Boeing. AstraZeneca perd l'autorisation d'urgence d'un traitement covid aux Etats-Unis. Bed Bath & Beyond a reçu une notification de défaut de paiement de JPMorgan. LVMH publie un bénéfice de 14 milliards d’euros en 2022. Sa croissance a quelque peu ralenti en fin d’exercice mais la perspective d’un redémarrage en Chine continue de mobiliser les investisseurs autour du titre. Tesla gagne 11%. Elon Musk déclare que l'entreprise a enregistré les commandes les plus importantes de son histoire depuis le début de l'année; il ajoute que les commandes sont presque deux fois plus nombreuses que la production; il s'attend à livrer 1,8 million de véhicules en 2023, ce qui est inférieur au consensus, mais il souligne le potentiel de 2 millions d'unités.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Shanghai est toujours dans la lune, Tokyo grappille 0,07% à la cloche, Hong Kong avance de 0,41% et Séoul gagne 0,62%. On aurait pu craindre que le marché ne prenne mal l’avertissement sur bénéfices plutôt cuisant d’Intel mais il n’en est rien. Le FOMO (Fear Of Missing Out), fidèle compagnon de l’appétit au risque, semble prendre de plus en plus forme, l’Asie ne fait pas exception. Le future SPX rend 12 points et l’Europe ouvre en très légère hausse. Le pétrole reste bien orienté, le baril de WTI Light Crude traite à 81,37 dollars, tandis que l’or rend du terrain, l’once revient à 1924 dollars. La saison des rachats d’actions propres reprend, on estime le montant journalier à 3 milliards de dollars, ça ne peut pas faire de mal. Rappelons que la Fed reste muette, elle s’exprimera le 1er février, d’ici là les résultats de sociétés et la macro retiendront toute l’attention du marché.

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