Gonet: l'actualité des marchés au 16 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0.56%, S&P 500 -1.13%, Nasdaq -1.43%, Russell 2000 -0.72%, SOX -1.62%, Eurostoxx -0.72%, SMI -0.07%.

Qu’il semble loin le long fleuve tranquille dans lequel s’ébrouait le joyeux royaume des actions depuis mars 2009…

Après une tentative de stabilisation mercredi, le sentiment du marché se laisse à nouveau envahir par la peur et envoie les indices valser dans tous les sens, pour finalement choisir la baisse en clôture. En décortiquant l’actualité du jour, j’ai grand peine à trouver du concret qui explique le repli d’hier, hormis peut-être la chute d’Adobe (ADBE -16.89%) qui ne parvient pas à convaincre les investisseurs que c’est une bonne idée d’acheter Figma pour 20 milliards de dollars, sachant que la proie du jour ne réalisera que 400 millions de dollars de revenus cette année. Le Nasdaq100 (NDX) sous-performe ses pairs, probablement un peu à cause d’Adobe, mais certainement surtout à cause de Microsoft (MSFT -2.71%) et Apple (AAPL -1.91%), qui pèsent à elles deux 23% de l’indice, comme quoi la taille ça compte. Le NDX repasse du coup en-dessous des12’000 points, tandis que le S&P500 (SPX) parvient à défendre les 3900 points à la cloche, j’y reviens. Les volumes d’échanges sont limités et la volatilité progresse mais très légèrement, le VIX grappille 0.42% à 26.27. Rappelons ici que le niveau actuel de volatilité permet de striker de jolis produits structurés.

Au chapitre des secteurs, seules les financières et la santé parviennent à garder la tête hors de l’eau à la cloche, tout le reste prend un bain, surtout les valeurs de croissance, échaudées une fois de plus par des taux obligataires en hausse. Regardez ce qui est en train de se passer sur le rendement de l’emprunt US à 2 ans, il atteint 3.89% ce matin, un niveau plus observé depuis 15 ans, tandis que le 10 ans traite à 3.45%, la courbe 2 / 10 ans est donc inversée de 44 points de base, le marché obligataire insiste et élève encore un peu plus la voix, il nous dit que la récession frappe à la porte, voire qu’elle est déjà parmi nous. Il faut dire que les statistiques économiques du jour (ventes au détail et demandes hebdomadaires d’allocations chômage) ne font rien pour inciter la Fed à infléchir sa posture agressive vis-à-vis des taux d’intérêts. On revient aux secteurs avec l’énergie qui pique du nez, le baril de WTI Light Crude chutant à 85.80 dollars, après que le département américain de l’énergie ait revu à la baisse les attentes concernant son plan de reconstitution des réserves pétrolières. Les marques de vêtements reculent ...peut-être après les commentaires de Kanye West sur CNBC? GPS -3,64% ADS -4,01% NKE -1,40.

Le dollar reste en vogue, la paire eur/usd traite à 0.9984, le Dollar Index (DXY) ronronne à nouveau dans son canal haussier, tout semble aller pour le mieux pour la monnaie de l’oncle Sam, qui profite une énième fois de la réputation catastrophique de l’euro, réputation justifiée ? Well, cela ne coûte rien de se poser la question, ce d’autant plus que je n’ai pas la réponse. Plus sérieusement, attention à ne pas se laisser aller à s’endormir dans un « crowded trade » long le billet vert. Gardons en tête que la Fed est nettement en avance sur la BCE dans son cycle de hausses de taux et que, un jour où l’autre, le marché décidera que le différentiel de taux va se retourner en faveur de l’euro, just my personal view…Cela étant, la force actuelle du greenback est en train de faire mettre un genou à terre à l’or, qui casse hier soir son support de 1680$ par once, enfonce les 1676$ et traite ce matin à 1662$. Le hic pour la relique barbare, c’est que le précipice est désormais bel et bien là et le prochain support se situe à 1598 dollars, il s’agit du retracement Fibonnacci de 76.4% de la hausse de 1451$ à 2075$. En parallèle, les taux d’intérêts réels décollent aux Etats-Unis, qui induisent de facto un coût d’opportunité pour détenir de l’or. Bref, gros KO debout pour le métal jaune en cette fin de semaine, à suivre…

Revenons au SPX, qui défend donc le niveau de 3900 points à la cloche, une bonne chose en soit, il semble que les traders de tous bords aient décidé que ce niveau est stratégique, allez comprendre. Si l’on gratte la surface du SPX, on observe des phénomènes très intéressants qui se produisent en-dessous. Hier soir, par exemple, en l’espace de deux heures, 22’000 options puts avec un strike à 3900 points et une échéance septembre, c’est-à-dire ce soir 22 heures, sont échangés. J’ai calculé la prime, cela nous fait un peu plus de 81 millions de dollars, ça ne rigole plus à ce niveau et quelque chose me dit que les lignes vont bouger aujourd’hui, non seulement parce que nous aurons droit aux trois sorcières, c’est le troisième vendredi du mois, mais aussi parce que des gros poissons entrent en jeu. On ne met pas 81 millions de dollars sur la table pour une seule journée par hasard, à suivre de très près ce que le SPX fera à la cloche, du coup je comprends mieux que le niveau de 3900 points importe. En parallèle, j’entends que des Hedge Funds seraient en train de couvrir leurs positions shorts et se mettraient longs sur des actions dites consensuelles (lisez : les beaux noms qui ont récemment souffert), ça aussi c’est intéressant, sachant que les petits porteurs (the wrong way crowd) semblent de plus en plus déprimés, l’histoire sans fin des gros qui punissent les petits serait-elle en train de se produire à nouveau?

Aujourd’hui sera une journée test pour les indices, SPX en tête. En effet, la séance débute mal, le future SPX recule de 29 points, la faute à FedEx qui a lancé un avertissement sur bénéfices hier soir après la clôture de Wall Street. Le titre recule de 17% dans les échanges après/avant bourse et le marché a raison de s’en inquiéter, FedEx représente un excellent baromètre de l’activité économique en temps réel. Or, il ne s’agit pas ici d’un avertissement dû à une hausse des coûts de la firme mais d’un ralentissement de la demande. En même temps, la macro nous dit que le consommateur continue de consommer et que les sociétés se portent plutôt bien (voyez la saison des résultats du deuxième trimestre). Il se trouve que les quelques personnes sur cette planète qui cherchent à savoir quand le marché atteindra son plancher savent pour la plupart qu’un des meilleurs indicateurs pour prédire ce moment n’est pas la Fed et le jour où elle nous fera comprendre qu’elle va marquer une pause dans la hausse des taux. C’est certes un indice important, mais l’indicateur le plus précis est le moment où les attentes des analystes en matière de bénéfices par actions atteignent un plancher (corrélation de 0,93). Aujourd’hui, on peut dire que les actions américaines prévoient déjà un repli de 20 à 40% des bénéfices par actions, la saison du troisième trimestre sera donc clé pour le SPX et ses pairs.

Bonne nouvelle ! Les chemins de fer américains et les syndicats parviennent à un accord de principe, une percée qui permet d’éviter une interruption de travail qui risquait d’ajouter des tensions dans la chaîne d’approvisionnement à l’économie américaine déjà mise à rude épreuve. L’accord prévoit une augmentation de salaire de 24% sur cinq ans, ainsi que cinq versements annuels de 1’000 dollars.

Joe Biden déclare que les États-Unis vont fournir à l’Ukraine jusqu’à 600 millions de dollars d’armement supplémentaire provenant des stocks américains. Volodymyr Zelenskiy indique qu’un «site d’enterrement collectif» a été découvert à Izyum, récemment repris aux forces russes. Les États-Unis annoncent une nouvelle vague de sanctions contre les services de renseignement militaire et l’industrie de la défense de la Russie, ainsi que contre les personnes accusées de voler les récoltes ukrainiennes.

L’économie mondiale pourrait être confrontée à une récession l’année prochaine en raison d’un resserrement des politiques qui pourrait encore s’avérer insuffisant pour juguler l’inflation, selon la Banque mondiale. L’étude estime que la croissance du PIB ralentira à 0,5%, et se contractera de 0,4% par habitant - répondant ainsi à la définition technique d’un ralentissement.

La «dépendance» des États-Unis à l’égard de la dette et des mesures de relance ralentit l’économie, déclare Jeffrey Gundlach, ajoutant que le pays se trouve au «début» d’une récession.

Au menu macro-économique du jour, le principal indicateur concerne le consommateur américain avec l’indice de confiance de l’Université du Michigan.  En Chine, la production industrielle et les ventes de détail ont dépassé les attentes en août, selon les données publiées cette nuit.

L’Allemagne est proche de nationaliser Uniper, VNG AG, Securing Energy for Europe (ex-Gazprom Allemagne) et Rosneft Allemagne. Texas Instruments va renforcer son dividende et doper ses rachats d’actions. Holcim finalise la cession de ses activités en Inde. Aux abris ! Nestlé veut rouvrir son usine de pizzas surgelées Buitoni. Ryanair va annuler 420 vols vendredi en raison de la grève des contrôleurs en France. Zoom Video va «enquêter sur les problèmes» après de nombreuses plaintes d’utilisateurs. Netflix progresse de 5%, Evercore ISI relève le titre de « in line « à «outperform».

L’introduction en bourse de Porsche AG comprendra 911 millions d’actions en hommage au célèbre modèle. Le conseil de surveillance de Volkswagen doit se réunir dimanche pour discuter de l’IPO. Les 911 millions d’actions seront divisées en 455,5 millions d’actions privilégiées et 455,5 millions d’actions ordinaires, annonce Reuters.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient. Tokyo rend 1.11% à la cloche, Hong Kong perd 0.79%, Shanghai abandonne 2.30% et Séoul baisse de 0.79%. Le Future SPX recule de 29 points et l’Europe ouvre en baisse de 1%. Bonne séance des trois sorcières à toutes et tous.

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