Gonet: l'actualité des marchés au 12 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,19%, S&P 500 +1,53%, Nasdaq +2,11%, Russell 2000 +1,95%, SOX +2,39%, Eurostoxx +1,64%, SMI +1,02%.

Il ne faut pas vendre la peau du taureau…non, il ne faut pas. Le sentiment du marché, pris en otage par les ours depuis la mi-août, ne sombre pas dans le syndrome de Stockholm et se rebelle dès mercredi passé, permettant aux indices boursier américains de terminer la semaine en hausse de plus de 2.5%. Les lignes semblaient sur le point de bouger mercredi déjà, mais c’est jeudi que cela commence à sérieusement se décanter. Le marché se retrouve face à un mur de type « Game of Thrones », flanqué de deux sentinelles plutôt effrayantes, la BCE et la Fed. Christine Lagarde et ses collègues relèvent leur taux directeur de 75 points de base en ne laissant pas de place au doute, le cycle de hausses de taux va se poursuivre. De son côté, Jerome Powell répète la posture faucon de la Fed sans ambiguïté possible. Et paf le marché ? Et bien pas du tout, bien au contraire, le joyeux royaume des actions prend la direction du nord jeudi, pour remettre cela vendredi, oh dans des volumes d’échanges plutôt intimistes certes (9.38 milliards de titres traités sur le NYSE), mais comme le disaient mes professeurs, les absents ont toujours tort et les mouvements se font.

L’indice S&P500 (SPX) consolide son niveau de 4’000 points et récupère ses moyennes mobiles à 50 et 100 jours, il se situe désormais à un peu plus de 200 points de sa très importante 200 jours, qui l’avait tenu en respect comme rarement le 16 août (date de la prise d’otages du sentiment par les ours). L’appétit au risque est de retour et cela se voit dans les performances sectorielles du jour, on boude les utilitaires et la santé notamment, pour plébisciter les titres de croissance. Le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de l’énergie (le baril de WTI Light Crude se rebelle aussi) et de la technologie. Sur la semaine, le SPX progresse de 2.5%, le Nasdaq de 2.8% et le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations de la cote) de 3.3%, ce qui nous indique que la vague acheteuse est générale, que l’armée entraine les généraux sur la colline, ça peut toujours aider…

Là où cela devient encore un peu plus intéressant, c’est lorsqu’on observe le rendement de l’emprunt US à 10 ans, qui progresse et se situe ce matin à 3.33%, sans que les actions ne prennent la peine de sourciller. On pourrait presque commencer à se demander si le marché, cette graine de simili Valaisan borné (pléonasme, je sais…) n’aurait finalement pas accepté l’idée de taux d’intérêts en hausse. En l’état, les Fed Funds prévoient 86% de probabilité d’une hausse de 75 points de base lors de la réunion de la Fed du 21 septembre. Pour en revenir à cette jolie fin de semaine boursière, l’affaiblissement du dollar n’y est pas étranger, la paire eur/usd traite ce matin à 1.0153 et le Dollar Index (DXY) a perdu 2.1% depuis mercredi, ce qui est beaucoup pour une monnaie. Notons également que le sentiment baissier a récemment atteint un niveau extrême, ce qui constitue quasiment toujours un indicateur contrariant. Enfin le breadth est à nouveau exceptionnel vendredi avec plus de 90% de titres clôturant en hausse, en résumé, tout le monde veut de tout, un phénomène plutôt encourageant pour les taureaux.

Cerise sur le gâteau, les actions chinoises cotées à Wall Street sont aussi recherchées, suite à un rapport sur de nouvelles mesures de soutien de Pékin (qui fonctionne en mode « je t’aime moi non plus » dans ce dossier).

Tiens, les actions de la cyber-sécurité progressent de 6% sur la semaine passée, il faudrait penser à sortir un thème à ce sujet un de ces jours…

Tous les regards du marché sont tournés vers l’indice américain des prix à la consommation (CPI) de demain et son petit frère des prix à la production (PPI) de mercredi, les dernières statistiques sur l’inflation importantes avant la décision de la Fed du 21 septembre. Le CPI devrait montrer que les prix ont augmenté de 8.0% en août, marquant ainsi un deuxième mois consécutif de décélération. Le marché se retrouvera ensuite orphelin de boussoles avant le FOMC, les membres de la Fed entrant en période de blackout, en bref ils devront se taire. Les analystes préviennent que la modération de l’inflation ne devrait pas empêcher le FOMC de relever les taux d’intérêt de 75 points supplémentaires lors de la réunion, en raison de sa position faucon. Lors de sa dernière apparition publique avant la réunion du FOMC, le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré que les interventions politiques de la banque centrale visent en partie à faire en sorte que le marché du travail retrouve un meilleur équilibre et à ramener les salaires à des niveaux plus compatibles avec une inflation de 2%.

L’agence Bloomberg rapporte que les troupes russes fuient, désemparées, alors que les forces ukrainiennes avançent dans la région de Kharkiv. Selon certaines informations, l’Ukraine aurait repris la ville d’Izyum, d’une importance stratégique, et réoccupé plus de 3’000 kilomètres carrés de territoire. Volodymyr Zelenskiy déclare que les bombardements russes ont provoqué des coupures d’électricité dans certaines parties de l’est de l’Ukraine.

Les résultats préliminaires des élections suédoises montrent qu’un bloc de partis de droite pourrait prendre la tête d’une alliance dirigée par la première ministre Magdalena Andersson. Le groupe qui comprend les Démocrates suédois anti-immigration de Jimmie Akesson devrait obtenir 176 sièges au Parlement de 349 membres, contre 173 pour les quatre partis de gauche dirigés par les Sociaux-démocrates au pouvoir. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant mercredi.

Les puissances européennes expriment  de «sérieux doutes» quant à l’engagement de l’Iran en faveur d’un nouvel accord nucléaire après près de 18 mois de négociations. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni publient une déclaration commune critiquant «l’incapacité de Téhéran à conclure l’accord» tout en continuant «à intensifier son programme nucléaire bien au-delà de ce qui pourrait être plausiblement justifié par des motifs civils». Le conseil d’administration de l’AIEA se réunit sur la question à partir d’aujourd’hui.

L’Allemagne envisage d’intervenir directement sur le marché de l’énergie pour éviter une vague d’insolvabilités, déclare le codirecteur du SPD du chancelier Olaf Scholz. «Nous devons de toute façon payer la facture», indique Lars Klingbeil. «Je veux que nous fassions le premier pas, que nous intervenions maintenant». L’Allemagne importe de plus en plus de produits chimiques essentiels en raison de la flambée des prix de l’électricité.

Joachim Nagel déclare que si l’inflation ne se calme pas, «d’autres mesures claires doivent suivre». Les prix à la consommation pourraient culminer à plus de 10% en décembre et rester «à un niveau beaucoup trop élevé de plus de 6%», indique le président de la Bundesbank à Deutschlandfunk. Frank Elderson prévient que d’autres hausses sont à venir alors que la BCE s’efforce d’atteindre son objectif de 2%. Mario Centeno appelle les responsables à agir «à la marge, par des mesures aussi petites que possible».

Rien à se mettre sous la dent au menu macro-économique du jour, on se réserve pour le très important rapport américain sur les prix à la consommation de demain.

Le CEO de Walt Disney ne veut pas céder ESPN. Google et Apple font l’objet d’une plainte anticoncurrentielle au Mexique. Le CEO de Porsche AG indique que les investisseurs manifestent un «grand intérêt» pour l’IPO - la société s’introduira en bourse dès que possible et souhaite que l’opération soit prête d’ici la fin du mois. L’IPO contribuera «considérablement» à permettre à l’entreprise de libérer tout son potentiel. Porsche disposera d’une plus grande autonomie, le conseil d’administration de Porsche étant en mesure de prendre des décisions sans que Volkswagen lui donne des instructions. L’entreprise vise un ratio de distribution de dividendes de 50% des bénéfices à moyen terme. L’hebdomadaire Barron’s publie un article positif sur Porsche AG. Le durcissement des positions de Washington vis-à-vis des exportations de semiconducteurs vers la Chine se confirme. KLA, Lam Research, Applied Materials, Nvidia et Advanced Micro Devices ont reçu des courriers leur intimant de cesser la vente de certaines puces. Cette position a aussi un impact sur les acteurs européens, notamment les quasi-monopoles dans le domaine des équipements de production que sont ASML et ASM International.

Cette nuit et ce matin en Asie, les principaux indices sont fermés, hormis Tokyo qui progresse de 1.16% à la cloche. Le future SPX grappille 8 points et l’Europe ouvre en hausse de 0.7%, le rapport sur les prix américains à la consommation de demain constituera le point d’orgue de cette semaine. Le baril de WTI Light Crude retrouve des couleurs et traite à 86 dollars, l’or somnole à 1720 dollars l’once, la faiblesse du billet vert aurait du le propulser bien plus haut, à suivre…

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