Wall Street vit une séance agitée pour finalement rebondir sur la moyenne mobile à 200 jours de l’indice S&P500 (SPX) et récupérer une petite partie des lourdes pertes de jeudi. Les volumes d’échanges ralentissent à un rythme estival, les secteurs financier et de l’immobilier mènent la charge alors que les aliments de base stagnent. On sent bien que le marché n’est pas serein et craint une seconde vague de Covid-19. Le dollar est recherché, le Dollar Index (DXY) repasse au-dessus de 97. La paire eur/usd traite à 1,1245 ce matin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans parvient à se maintenir à 0,70% vendredi mais revient à 0,66% ce matin, on recherche les valeurs dites refuges, le franc suisse notamment, qui traite à 1,0714 contre euro. L’indice NYFANG casse son canal haussier entamé le 23 mars et la configuration technique du Nasdaq100 (NDX) se fragilise. Un bon indicateur de l’état technique du marché est la moyenne mobile à 200 jours du SPX, qui se situe à 3013 points (clôture 3041). L’indice VIX de la volatilité du SPX recule de 11% à 36 mais ce matin, le marché des futures indique une cassure probable à l’ouverture. Morgan Stanley dégrade Tesla (TSLA -3,8%), les ventes de camions ont chuté de 62% aux Etats-Unis au mois de mai. Sur la semaine écoulée, le SPX recule de 4,3% avec en lumière les actions dites de valeur qui rendent 10%. Le pétrole abandonne 8%, le WTI Light Crude à 34,39 dollars, l’or progresse de 3,2%, faisant office de valeur refuge, l’once traite à 1716 dollars ce matin.

Le sujet principal de ce lundi matin est clairement le virus et les craintes croissantes d’une seconde vague d’épidémie. Les infections virales ont connu une forte hausse dans plusieurs États américains où, dans certains cas, les dirigeants locaux ont d'abord minimisé les risques. «Des États comme le Texas, la Floride, la Géorgie, la Caroline du Nord et la Caroline du Sud, où l'on observe ces épidémies en ce moment, n'ont jamais vraiment réduit le nombre de cas de manière substantielle», déclare l'ancien responsable de la FDA, Scott Gottlieb, à CBS. «Maintenant, c'est la flambée.» Les voyages aux États-Unis depuis le Royaume-Uni ne reprendront peut-être pas avant des mois. En Chine, Pékin ferme son plus grand centre d'approvisionnement en fruits et légumes et verrouille les quartiers d'habitations voisins à mesure que de nouveaux cas de Covid-19 sont signalés. Le vice-premier ministre déclare que les risques sont élevés et qu'ils vont s'étendre. Cette résurgence, qui fait suite aux mesures agressives prises par la Chine pour contenir le virus, fait naître des doutes quant aux perspectives de contrôle de l'épidémie dans le monde. Au Japon, Tokyo rapporte un rebond du nombre de nouveaux cas d’infections.

Le risque d'un nouveau coup porté à la croissance fragile apparait dans les dernières statistiques chinoises. La production industrielle a rebondi en mai, augmentant de 4,4% par rapport à l'année précédente, mais n'a pas atteint le consensus de 5%. Les ventes au détail ont chuté de 2,8%, une amélioration après la baisse de 7,5% d'avril, mais pire que la baisse estimée à 2,3%, tandis que les investissements en actifs fixes se sont effondrés de 6,3% au cours des cinq premiers mois, contre un recul attendu de 6%. Pékin a besoin d'une demande intérieure plus vigoureuse pour compenser l'impact du ralentissement de ses exportations. Vendredi le FMI estime que l’économie mondiale se redresse actuellement moins vite que prévu et qu’il y a une grande incertitude sur la reprise.

L'Italie pourrait demander jusqu'à 36 milliards d'euros de lignes de crédit au titre du Mécanisme de stabilisation économique d'ici la fin juillet, indique La Repubblica. La Commission européenne s'est jointe à la BCE pour encourager Rome à profiter du fonds de relance de l'UE proposé. L'Espagne va dévoiler aujourd'hui un programme de relance de 3,75 milliards d'euros pour l'industrie automobile, déclare le premier ministre Pedro Sanchez, avec des plans pour aider le secteur du tourisme prévus pour le 18 juin.   

Emmanuel Macron cherche à remettre sa présidence à zéro et à accélérer la sortie de la France de son isolement. Le président déclare hier soir que le service en salle dans les bars et restaurants de la région parisienne peut reprendre aujourd'hui et que toutes les écoles rouvriront à partir du 22 juin. Il se prononce par ailleurs prononcé contre le racisme et pour l'unité nationale, mais ne mentionne pas les spéculations d’élections anticipées. Il indique enfin qu'il présentera sa «nouvelle voie» en juillet.

AT&T envisage la vente de sa division de jeux de Warner Bros, pour environ 4 milliards de dollars. Take-Two, Electronic Arts et Activision Blizzard ont tous indiqué leur intérêt. Tencent investit dans Warner Musice en prenant une participation de 1,6% de cette dernière. Unilever s’achète une bonne conscience et va injecter 1 milliard d’euros sur dix ans dans un fonds d’investissement consacré au changement climatique. Amex reçoit le feu vert de la banque centrale chinoise pour lancer un réseau de compensation de cartes bancaires en Chine.

Au menu du jour: la balance commerciale européenne et l'indice manufacturier Empire State américain.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices tanguent fortement. Tokyo recule de 3,47% à  la cloche, Hong Kong abandonne 2,16%, Shanghai rend 0,62% et Séoul perd 4,76%. Le futur SPX indique une ouverture en baisse de 2 à 3%, la moyenne mobile à 200 jours semble bien fragile. L’Europe va ouvrir en repli d’environ 2,5%. La question qui taraude les intervenants est de savoir si la peur fait son retour pour un temps ou si les acheteurs sur faiblesse vont revenir dans le marché. Les nouvelles du virus joueront le rôle d’arbitre.