Wall Street poursuit sa marche vers le ciel, qui en profite pour nous tomber sur la tête.

Le joyeux royaume des actions regarde à nouveau de très près le rendement de l’emprunt US à 10 ans. Cela peut paraître simpliste mais avec les opérateurs boursiers il ne faut pas non plus chercher des explications de jésuite, ça reste le monde de la bourse, avec tout ce que cela implique de… Ok je m’arrête là. Donc, hier le 10 ans recule et repasse en-dessous de 4%, une jolie bouffée d’oxygène pour les acteurs du marché des actions, qui se sentent pousser des ailes, surtout que cet après-midi le très attendu indice des prix à la consommation sera publié aux Etats-Unis. Et dans les salles de marchés l’espoir grandit que cette satanée inflation va enfin mettre un genou à terre. Les économistes s’attendent à ce que les prix progressent de 3,1% en juin, sur une base annuelle, le mois précédent la hausse était de 4%. 3,1% ce n’est plus si loin de l’objectif de 2% auquel la Fed s’accroche comme Harpagon à sa cassette. Ceci dit, la Réserve Fédérale a tendance à privilégier le chiffre cœur, qui ne tient compte ni de l’énergie ni de la nourriture. Dans ce cas-ci les attentes s’élèvent à 5%. Quoi qu’il en soit, mon petit doigt me dit que si le chiffre de ce jour sort en-dessous des prévisions, le marché va réallouer des fonds aux actifs dits risqués.

C’est dans cet état d’esprit que les principaux indices terminent leur journée d’hier proches de leur plus haut de la séance. Les petites et moyennes capitalisations (Russell 2000 – RTY) surperforment leurs grands-frères, l’ambiance positive autour de la croissance / inflation se fait sentir, dans des volumes d’échanges dignes des plus beaux concerts acoustiques. L’ETF SPX Equal Weight progresse de 1,1%, tandis que les mastodontes de la cote sous-performent encore, le Mega Cap Growth ETF ne gagne que 0,4%. Les shorts sentent le vent tourner et se couvrent encore un peu plus, les titres les plus vendus à découvert de la cote ont désormais progressé de 11,5% depuis jeudi passé (rapport ADP). Les indicateurs internes de marché sont plutôt bons, 3 titres clôturent en hausse sur le NYSE contre 1 en baisse, 10 des 11 secteurs du SPX progressent sur la séance, seules les pharmas terminent à l’équilibre, signe d’un appétit prononcé pour le risque hier. Le secteur industriel est porté par 3M (MMM +4,9%), qui bénéficie d’une note positive de Bank of America. Du côté des financières, JP Morgan gagne 1,6% après que Jefferies l’a relevée à «Buy». American Express (AXP +1,7%) soutient aussi le secteur, Bank of America ajoute le titre à sa liste «top picks».

Le marché est clairement désireux de voir le verre à moitié plein, il veut entendre cet après-midi que l’inflation décélère. Depuis les années 1950, les pics d'inflation ont généralement été suivis de gains à deux chiffres pour les actions, sachant que le SPX a enregistré un gain d'environ 15% depuis le pic du CPI de l'année dernière. Il semble bien que l’indice phare de Wall Street soit entré dans son money time. Notez que le VIX recule de 1,5% à 14,84 hier, un niveau vraiment bas, alors que le MOVE (son pendant obligataire) perd 3,5% à 127,07. Ce matin les Fed Funds prédisent 89% de probabilités d’une hausse de 25 points de base par la Fed le 26 juillet. La première baisse de taux est sérieusement envisagée par le marché le 12 juin 2024.

Le pétrole poursuit son redressement, le baril de WTI Light Crude remonte à 74,70 dollars, il profite de l’affaiblissement du dollar mais aussi de la spéculation que la Russie va se joindre à l’Arabie Saoudite dans l’effort de réduction de l’offre. Le billet vert recule donc, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,1024, go figure… L’or tente d’en profiter et remonte légèrement, à 1934 dollars par once.

Des pirates informatiques chinois ont pénétré dans des comptes de messagerie électronique liés à des agences gouvernementales d'Europe occidentale, annonce Microsoft. Le groupe, Storm-0558, a réussi à passer inaperçu pendant un mois après avoir accédé aux données de messagerie d'environ 25 organisations à la mi-mai.

Joe Biden rencontrera Volodymyr Zelenskiy et s'adressera au sommet de l'OTAN à Vilnius aujourd'hui. L'Alliance s'est engagée à accélérer la demande d'adhésion de l'Ukraine «lorsque les alliés seront d'accord et que les conditions seront remplies». Les pays du G7 entameront des discussions avec Kiev sur les engagements bilatéraux en matière de sécurité. M. Zelenskiy critique l'alliance pour ne pas avoir fixé un calendrier précis pour l'adhésion à l'OTAN.

Au menu macro-économique du jour, le plat de résistance de la semaine donc avec l’indice américain des prix à la consommation qui sera publié à 14h30.

Microsoft remporte un contentieux aux Etats-Unis contre la FTC dans le dossier Activision. ASML envisage de réduire les embauches cette année en raison d'un ralentissement de court terme de l'industrie des puces, rapporte l’agence Bloomberg. Nvidia négocie une place au capital d'ARM, dans le cadre de l'IPO orchestrée par Softbank, selon le FT. L'acquisition de VMware par Broadcom pour 69 milliards de dollars devrait être autorisée par l'UE. Siemens et Engie Vianeo déploient des chargeurs de véhicules électriques en France.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo semble avoir perdu son mojo et recule de 0,81% à la cloche, Hong Kong avance de 0,78%, Shanghai perd 0,85% et Séoul gagne 0,48%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en progression de 0,4%.