Véronique Fournier de Barings constate que la gestion active saura mieux capter les mouvements de rotation sectorielle.
Alpha, Bêta, Delta ou Omicron; les marchés se sont peu préoccupés des variants qui ont rythmé l’année écoulée à en juger par les encours enregistrés chez les assets managers en Suisse. Le point clé pour les investisseurs est de savoir si les grandes tendances de marchés persisteront cette année et de quelle manière. Dans ce but, nous avons posé cinq questions aux experts du secteur. Selon Véronique Fournier, responsable pour la Suisse chez Barings, 2022 s’inscrira dans la continuité de 2021.
L'année 2021 n’a pas été de tout repos pour les marchés: menace inflationniste, peur d’un essoufflement de la reprise, incertitudes autour des politiques menées par les banques centrales, etc. Tous ces facteurs ont représenté de sérieuses sources d’inquiétude. Or ce sont des facteurs de risques qui ne peuvent pas être gérés de manière passive. La gestion active, qui représentait 70% du total des actifs sous gestion en Suisse en 2021*, nous a donc permis de nous adapter aux contraintes du marché marqué par une forte volatilité. Ainsi, nous avons été en mesure de capter au mieux les rotations de portefeuille des actions cycliques vers les actions défensives et vice-versa, des marchés obligataires et de tirer avantage des opportunités sur le marché des devises.
Dans un contexte de taux d’intérêt historiquement bas, nous avons vu les investisseurs institutionnels se tourner vers les classes d'actifs illiquides, notamment dans les «yield strategies» comme les prêts directs sur le marché intermédiaire et la dette d'infrastructure. Dans le domaine du fixed income, nous avons observé une hausse sur les actifs à taux variable et une diversification des portefeuilles à travers l’allocation sur de la dette émergente.
Nos clients sont à la recherche de stratégies plus adaptées aux conditions de marché. Les craintes d'une hausse des taux ont poussé les portefeuilles vers des actifs à taux variable tels que les prêts syndiqués à grande échelle et les stratégies fixed income à courte durée. Par ailleurs, la demande reste importante dans les stratégies ESG et ce, indépendamment de la classe d’investisseurs.
Avec la menace de l’inflation qui continue de peser sur les marchés, 2022 s’inscrira dans la continuité de 2021. Le déplacement du crédit liquide vers le crédit illiquide devrait se poursuivre, les investisseurs cherchant d’autres sources de rendement et à bénéficier de la prime d'illiquidité. Cela profitera aux gestionnaires qui ont une expertise dans plusieurs classes d'actifs, comme les prêts directs et les infrastructures. Nous considérons également la dette immobilière comme une classe d'actifs que les investisseurs envisageront pour diversifier leur allocation sur les marchés privés.
Les classes d'actifs qui permettront aux investisseurs de bénéficier d'une prime d'illiquidité pour immobiliser leur capital sur de plus longues périodes semblent bien placées. Les actifs privés tels que les prêts directs sur le marché intermédiaire, la dette et les actions immobilières et la dette d'infrastructure continueront d'offrir des revenus intéressants par rapport aux alternatives de marché plus liquides. Par ailleurs, la diversification géographique pourrait être un critère de choix pour investir dans un environnement de taux bas. Si les taux restent inchangés et que la croissance continue de surprendre dans certains marchés émergents, les classes d'actifs comme la dette des marchés émergents devraient en profiter.