Regain de volatilité en 2022

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Samy Chaar de Lombard Odier est confiant dans les performances des actions pour le premier semestre.

Début d’année oblige, les prévisions vont bon train. Six personnalités du monde de la finance partagent avec les lecteurs d’Allnews leurs vues sur les thèmes du moment. Au-delà du débat sur l'inflation, les investisseurs devront anticiper la politique monétaire de la banque centrale américaine et l’impact du renforcement des réglementations chinoises sur la croissance. Ils dévoilent aussi quelle sera leur politique d’investissement. Autour de quatre questions clé, l’équipe d’Allnews vous souhaite une heureuse année 2022.

A l'aube de la troisième année de pandémie, les économies développées ont rapidement rebondi. Mais 2022 s’annonce plus compliquée en raison des risques de faux pas des politiques monétaires et budgétaires ainsi que de tensions géopolitiques accrues. Dans ce premier volet de l’année, nous donnons la parole à Samy Chaar, chef économiste en charge de la recherche macroéconomique chez Lombard Odier, qui s'attend à une volatilité plus élevée sur les marchés.

L’inflation (voire la stagflation) va-t-elle s’installer durablement?

Elle restera élevée en 2022, mais devrait baisser par rapport aux niveaux que les économies ont connus en cette fin d’année. Les pressions liées à l'offre s’atténuent déjà et les prix de l’énergie et des matières premières devraient commencer à exercer des pressions désinflationnistes dès le deuxième trimestre. De plus, la normalisation de la demande en faveur des services et le retrait des mesures d’aide offertes aux chômeurs devraient aussi favoriser une baisse des pressions inflationnistes en 2022. L’inflation devrait ainsi diminuer autour de 1,4% en Europe à mesure que le marché de l’emploi se rétablira et que les problèmes liés à l’offre s’atténueront. Cependant, il convient de souligner que les tensions liées aux chaines d'approvisionnement finiront par céder la place à d'autres, plus persistantes, issues des salaires et du logement. Ces pressions nécessiteront une réponse politique.

Nous nous dirigeons vers un régime de taux plus élevés, pas seulement à cause de l’inflation, mais aussi parce que le patient économique va mieux.
Qu’attendez-vous de la Fed?

La Réserve fédérale américaine devrait commencer à relever ses taux directeurs dès 2022. Pour sa part, la Banque centrale européenne ne devrait pas initier un resserrement monétaire avant fin 2023, voire 2024. Compte tenu de la normalisation de la politique monétaire et de la réduction des dépenses budgétaires, la marge d'erreur est réduite. Mais les marchés financiers anticiperont ces risques d’autant plus que la composition du Conseil de la Fed va changer en profondeur. Enfin, les taux américains devraient atteindre un pic en 2024. Nous nous dirigeons vers un régime de taux plus élevés, pas seulement à cause de l’inflation, mais aussi parce que le patient économique va mieux.

Comment les réglementations chinoises vont-elles façonner la croissance?

Elles s’inscrivent dans un rapport compliqué entre les Américains et les Chinois qui se livrent une confrontation pour le leadership technologique. Les Chinois investiront massivement afin de gagner cette compétition, mais les relations entre les deux nations sont moins explosives qu’à l’époque de Trump. Nous continuons à surveiller tout risque de durcissement réglementaire et de mesures antitrust, mais n’anticipons pas de nouvelles surprises pour cette année car le gouvernement va stimuler l'économie en prévision du 20e Congrès du Parti communiste. En 2022, les États-Unis et la Chine devraient enregistrer des taux de croissance similaires, de l’ordre de 4,6% et 5% respectivement.

Quelle est votre politique d’investissement?

Nous anticipons une croissance solide, même si son rythme continuera à se normaliser pour retrouver son niveau tendanciel. Ce qui devrait soutenir les marchés actions mondiaux pour les prochains 6 à 9 mois. Pour l’instant, les valorisations sont justifiées par la solidité des bénéfices des entreprises. Les sociétés sont capables d’augmenter leur prix et de maintenir leurs marges. Notre préférence se porte sur les marchés qui disposent d’un potentiel de rattrapage comme l’Europe qui compte davantage de valeurs cycliques raisonnablement valorisées. Face à des indices boursiers qui atteignent des records et à mesure que le cycle mûrit nous nous attendons à un regain de volatilité. Il s’agira de l’utiliser à notre avantage, par exemple en vendant des options d’achat sur indices boursiers.

Parallèlement, nous augmentons les liquidités et continuons de réduire l’exposition aux obligations de qualité au profit du crédit asiatique, qui paraît plus attrayant suite à la récente correction. Nous conservons également notre sous-pondération de l’or en prévision d’une remontée des taux réels. Enfin, nous maintenons notre surpondération sur les obligations gouvernementales chinoises, en raison de leurs vertus de diversification.

A lire aussi...