Perspectives pour l’Asie en 2024

Daryl Liew, SingAlliance

2 minutes de lecture

Jusqu'à présent, la plupart des marchés asiatiques ont connu un début 2024 difficile. A quoi peut-on donc s'attendre pour le reste de l'année?

Entre un gain de +10% en janvier, grâce à l'optimisme suscité par la réouverture de la Chine, et une perte de -7% en octobre, en raison des inquiétudes liées à la hausse des taux d'intérêt, l'indice boursier Asie hors Japon a réussi à obtenir une performance de 4,6% pour 2023. Les performances des marchés sous-jacents révèlent une grande divergence: l'Asie du Nord (Japon +28%; Taiwan +27%; Corée du Sud +19% en monnaie locale) et l'Inde (+20%) ont été parmi les leaders, tandis que la Thaïlande (-15%), la Chine-H (-14%) et Hong Kong (-14%) ont été à la traîne l'année dernière.

Jusqu'à présent, la plupart des marchés asiatiques ont connu un début 2024 difficile. A quoi peut-on donc s'attendre pour le reste de l'année? La première bonne nouvelle est que la Fed américaine devrait réduire cette année ses taux d'intérêt, ce qui signifie que le US dollar devrait s'affaiblir par rapport à la plupart des autres devises. L'affaiblissement du billet vert et la baisse des taux d'intérêt sont généralement favorables aux marchés asiatiques, car ils réduisent non seulement le fardeau de la dette en dollars des Etats et des entreprises asiatiques, mais attirent également des flux de capitaux vers la région, à la recherche de meilleurs rendements.
Un deuxième facteur positif pour les marchés asiatiques est l'apparition de signes indiquant que la surabondance des stocks mondiaux accumulés au cours de la période Covid-19 arrive à son terme. Une reprise des commandes stimulerait l'activité manufacturière, ce qui profiterait aux exportateurs asiatiques. Le secteur des puces en est un bon exemple, puisque TSMC, la plus grande fonderie de semi-conducteurs au monde, a récemment annoncé qu'elle poursuivait ses plans de dépenses en capital en prévision d'une croissance de ses revenus cette année. Cette confiance n'est pas seulement alimentée par les perspectives optimistes des puces d'intelligence artificielle, mais aussi par la reprise des produits technologiques traditionnels.

Cette année, la géopolitique reste le risque le plus évident pour les marchés asiatiques.

Un troisième facteur favorable aux marchés asiatiques est que les prix du pétrole sont généralement restés sous contrôle, malgré les récents événements géopolitiques au Moyen-Orient et leur impact potentiel sur l'offre mondiale de pétrole. La plupart des pays asiatiques sont des importateurs nets d'énergie et une flambée des prix du pétrole aurait un impact sur les bénéfices des entreprises et les bilans des Etats.

Malgré ces facteurs positifs, de potentiels risques subsistent. Cette année, la géopolitique reste le risque le plus évident pour les marchés asiatiques. Les élections qui viennent de se dérouler à Taïwan ont permis au parti au pouvoir, le DPP, de conserver le contrôle du territoire pour un nouveau mandat. Le président élu, William Lai, s'est auparavant prononcé en faveur de l'indépendance de Taïwan et a entretenu des relations glaciales avec Pékin. Bien qu'il ait modéré cette position au cours de la période précédant les élections, il reste à voir si les tensions s'intensifieront de part et d'autre du détroit de Taïwan après son investiture en mai. Les deuxième et troisième pays les plus peuplés d'Asie se rendront également aux urnes cette année: l'Inde en juin et l'Indonésie en février. Bien que l'on s'attende à ce que le Premier ministre sortant Modi et le principal candidat Prabowo l'emportent, ces événements méritent d'être surveillés.

Enfin, le sujet tabou pour les marchés asiatiques est la perspective d'une reprise en Chine. Les marchés boursiers chinois et hongkongais ont été déçus par l'absence de mesures de relance de la part du gouvernement, dans un contexte de grave malaise économique structurel. En effet, les indices MSCI China et Hang Seng ne sont plus très loin des niveaux atteints lors de la crise financière mondiale de 2008/09. Ainsi, les marchés boursiers chinois se négocient à des niveaux extrêmement bas - MSCI China (9,5x PE à terme) et Hang Seng (8x), ce qui représente une forte décote par rapport à l'indice MSCI Asia ex-Japan (14,4x). Alors que les autorités chinoises sont au défi de stimuler leur économie, le reste de l'Asie devrait bénéficier des facteurs positifs mentionnés ci-dessus.

A lire aussi...