Devises asiatiques - Performances divergentes en 2023

Daryl Liew, SingAlliance

2 minutes de lecture

Si toutes les monnaies asiatiques se sont affaiblies, les performances ont été dispersées. La plus mauvaise est celle du yen, ayant plongé de plus de 13% par rapport au dollar.

Après avoir touché le fond en juillet, le USD s’inscrit sur une trajectoire ascendante face à la plupart des monnaies; les prévisions de taux d'intérêt plus élevés et plus longs cette année ont fait grimper l’indice du dollar (DXY) de 2,2%. Si toutes les monnaies asiatiques se sont affaiblies au regard du billet vert, les performances ont été très dispersées. La plus mauvaise est celle du yen japonais, ayant plongé cette année de plus de 13% par rapport au dollar. Le refus de la Banque du Japon (BOJ) d'abandonner sa politique controversée de taux d'intérêt zéro et de contrôle de la courbe des rendements est la principale raison de la faiblesse du yen; les écarts de rendement entre le Japon et d'autres pays rendent les investissements à l'étranger plus attrayants.

Les autres monnaies d'Asie du Nord se sont également affaiblies, mais dans une moindre mesure que le yen. Le dollar taïwanais (-4,6%) et le won sud-coréen (-5,9%) ont tous deux souffert de l'atonie des exportations mondiales. Le renminbi chinois a fait l'objet d'une grande attention et de spéculations selon lesquelles les autorités chinoises auraient délibérément favorisé une monnaie plus faible pour soutenir son secteur d'exportation en difficulté. Toutefois, cela ne ressort pas des données, car le RMB (-5,3%) a chuté au même rythme que Taïwan et la Corée du Sud. Cela indique peut-être que la Banque centrale chinoise gère soigneusement des intérêts contradictoires – soutenir le secteur des exportations d'une part et renforcer la confiance dans le RMB d'autre part. C'est pourquoi le RMB est resté relativement stable malgré les défis économiques intérieurs.

Le dollar singapourien (-1,7%) a continué à démontrer dans la région ses qualités de monnaie défensive.

En Asie du Sud-Est, le baht thaïlandais (-5,5%) et le ringgit malaisien (-7,4%) ont également souffert face au billet vert. La Thaïlande s'est relativement bien comportée, compte tenu des incertitudes politiques du début de l'année et des inquiétudes plus récentes concernant le déficit budgétaire qui se creuse; le nouveau gouvernement prévoit d'augmenter les dépenses pour stimuler la croissance économique. La Malaisie, en revanche, a sous-performé la région, affectée par une combinaison de facteurs tels que les incertitudes politiques internes, les niveaux élevés de la dette extérieure et les exportateurs de matières premières qui thésaurisent des dollars. Le seul point positif pour la Malaisie est que, en tant que pays producteur de pétrole, elle pourrait être mieux protégée en cas de hausse des prix de celui-ci.

À l'autre bout du spectre, la roupie indienne a été la monnaie la plus performante en Asie, avec un léger recul (-0,6%) par rapport au billet vert. Alors que la Banque centrale a géré avec soin les mouvements de l'INR, l'Inde a également bénéficié des difficultés de la Chine cette année, les investisseurs internationaux ayant probablement délaissé les actifs chinois au profit des actifs indiens. L'INR pourrait toutefois subir des pressions si les prix du pétrole augmentent, car il est le principal produit d'importation de l'Inde.

La roupie indonésienne (-1,1%) et le peso philippin (-1,9%) figurent également parmi les monnaies asiatiques les plus performantes cette année. En fait, en avril, la roupie était l'une des monnaies les plus performantes, en hausse de 6% par rapport à l'USD, avant que le resserrement des différentiels de taux d'intérêt ne fasse perdre à l'IDR la totalité de ces gains. En effet, la force relative de la roupie et du peso s'explique en partie par l'intervention de la Banque centrale.

Enfin, le dollar singapourien (-1,7%) a continué à démontrer dans la région ses qualités de monnaie défensive. Cela s'explique en partie par le fait que la politique monétaire de Singapour est basée sur le taux de change et non sur le taux d'intérêt. Cela signifie que les taux d'intérêt de Singapour sont fortement corrélés aux taux d'intérêt américains et contribue à isoler le SGD des fluctuations des différentiels de taux d'intérêt, principale source de volatilité des taux de change cette année.

A lire aussi...