Les banques centrales asiatiques en avance sur leur temps?

Daryl Liew, SingAlliance

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La faiblesse de l'IPC a permis aux institutions monétaires de réduire leurs taux d'intérêt en cas de besoin.

Si les pressions inflationnistes se sont atténuées dans le monde entier, de nombreux pays d'Asie voient les prix baisser plus rapidement que d'autres régions, l'Europe étant notamment celle où l'inflation est la plus forte. La Chine est l'une des principales raisons pour lesquelles l'Asie est en tête dans ce domaine. L'IPC global de la Chine pour le mois de juin est inférieur aux attentes, à 0%, contre 0,2% en mai. L'inflation s'élevait à 2,1% en janvier. L'économie chinoise continue de se débattre dans un contexte de faiblesse des exportations, de difficultés du secteur immobilier et de prudence des consommateurs épargnant plus qu'ils ne dépensent, faisant craindre que le pays ne soit bientôt confronté à la déflation. En effet, la baisse des prix est devenue la norme dans le secteur de la production, l'indice des prix à la production ayant encore chuté à -5,4% en juin, contre -4,6% en mai, neuvième mois consécutif où ils ont été négatifs. La faible demande de produits de base tels que le charbon, pétrole brut et acier a entraîné une baisse continue des prix des matières premières, contribuant ainsi à un PPI négatif.

Les principaux pays exportateurs d'Asie connaissent une situation similaire, mais moins importante qu’en Chine. En Corée du Sud, l'IPC est tombé à 2,7% en juin, contre 3,3% le mois précédent, ce qui rapproche l'inflation de l'objectif de la banque centrale. L'IPC coréen s'élevait à 5,2% en janvier. L'inflation à Taïwan est tombée à 1,75% en juin, contre 3,04% au début de l'année, tandis que celle au Vietnam a diminué de plus de la moitié, passant de 4,89% en janvier à 2% seulement en juin.

La faiblesse de l'IPC a permis aux banques centrales asiatiques de réduire leurs taux d'intérêt en cas de besoin. En effet, le Vietnam a réduit ses taux d'intérêt à plusieurs reprises cette année, alors que la croissance économique a ralenti à 3,3% au premier trimestre, contre 5,9% au trimestre précédent. La Banque centrale vietnamienne a réduit le taux de refinancement du pays de 6 % en mars à 4,5% en juin. Entretemps, la Banque centrale de Chine a également assoupli sa politique monétaire pour soutenir l'économie stagnante du pays, en réduisant marginalement le taux de prise en pension de 10 points de base à 1,9 % en juin; d'autres réductions plus importantes sont attendues en juillet. La Corée du Sud devrait rejoindre le club en procédant à sa première réduction des taux d'intérêt au quatrième trimestre de cette année.

Toutefois, dans certains pays d'Asie, l'inflation ne suit pas la tendance. L'Inde est une exception notable: son IPC global de juin a rebondi à 4,8%, alors qu’il n’était que de 4,3% en mai, son niveau le plus bas depuis 25 mois. Cette hausse est due à l'augmentation des prix des légumes - les prix des tomates ont été multipliés par six depuis le début du mois de juin en raison de problèmes d'approvisionnement. Les conditions météorologiques étant défavorables, les pressions inflationnistes restent à la hausse à court terme. La bonne nouvelle est que l'inflation de base en Inde a diminué, tombant à 5,1% contre un chiffre révisé à la hausse de 5,2% en mai. Cela suggère que la Banque centrale indienne devrait être libre de réduire ses taux plus tard dans l'année, une fois la crise actuelle de la tomate apaisée.

L'inflation au Japon est également restée relativement résistante, avec un taux de 3,2% en mai, un peu moins que le niveau de 4,3% observé en janvier, mais cohérent avec les chiffres de février - l'IPC restant dans une fourchette étroite de 3,2% à 3,5%. Cette évolution s'explique en partie par l'augmentation des arrivées de touristes, entraînant une hausse des prix dans le secteur des services. En outre, il semble que l'augmentation des salaires commence à se matérialiser au Japon, ce qui pourrait signifier que le pays sort enfin de sa lutte contre la déflation, qui dure depuis des décennies. Si l'inflation persiste, il faut s'attendre à ce que la Banque du Japon commence enfin à s'éloigner de sa politique monétaire ultra légère et mette fin à la politique controversée de contrôle de la courbe des rendements.

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