Zone euro: coup de frein de la croissance attendu pour cette année

AWP

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Bruxelles réduit sa prévision à 1,3%, contre 1,9% annoncé en automne, notamment à cause de l’Allemagne et de l’Italie.

La Commission européenne a fortement abaissé jeudi ses prévisions de croissance 2019 en zone euro, avec un ralentissement particulièrement important en Allemagne et Italie et de moindre ampleur pour la France.

Cet «essoufflement relatif» est dû d’une part à des facteurs extérieurs, tels que «l’incertitude élevée sur les politiques commerciales, notamment entre les Etats-Unis et la Chine», a déclaré le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d’une conférence à Bruxelles.

Mais aussi à des raisons internes, propres aux trois grands pays de la zone euro, «tels que le ralentissement marqué de la production de voitures en Allemagne, l’incertitude forte quant à la politique budgétaire en Italie et les tensions sociales en France», a-t-il ajouté.

Désormais, la Commission européenne table sur une croissance de 1,3% dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique en 2019, contre 1,9% lors de ses prévisions d’automne publiées le 8 novembre dernier.

En 2018, le Produit Intérieur Brut (PIB) avait crû de 1,9%. La correction est un peu moins forte pour 2020: la Commission prévoit maintenant une hausse de 1,6%, contre 1,7% auparavant.

Longtemps moteur économique de la zone euro, l’Allemagne a été particulièrement touchée par l’entrée en vigueur à l’automne de nouvelles normes européennes antipollution, qui ont désorganisé les chaînes de production de plusieurs constructeurs. Le géant Volkswagen a dû stocker des milliers de voitures en attente d’homologation.

En conséquence, Bruxelles anticipe désormais une croissance dans ce pays à 1,1% en 2019, contre 1,8% lors de ses précédentes prévisions.

En 2018, la croissance était de 1,5% et pour 2020, la Commission maintient sa prévision à 1,7%.

Ce fléchissement pour 2019 est toutefois «très temporaire», a jugé M. Moscovici, soulignant la situation très bonne du marché du travail dans ce pays.

L’emploi au beau fixe

Pour l’Italie, qui est entrée en récession au deuxième semestre 2018 --avec deux trimestres consécutifs de recul de croissance--la Commission table désormais en 2019 sur une hausse du PIB de 0,2%, contre 1,2% le 8 novembre dernier.

Ce serait un net ralentissement comparé à 2018, quand l’Italie avait enregistré une croissance de 1%. Pour 2020, la Commission prévoit une hausse du PIB de 0,8%, contre 1,3% auparavant.

Comme le Fonds monétaire international (FMI) mercredi, Pierre Moscovici a mis en garde contre les risques de la politique économique du gouvernement populiste, qui rend ce pays plus vulnérable à une crise de confiance des marchés.

En France, l’exécutif européen attend désormais une croissance de 1,3% en 2019 contre 1,6% lors de ses prévisions d’automne.

Elles sera «soutenue notamment par la consommation privée, alimentée par des mesures budgétaires, notamment celles adoptées fin 2018 (au paroxysme du mouvement des gilets jaunes, NDLR), ainsi que par la baisse des prix de l’énergie», a commenté Pierre Moscovici.

En 2018, le PIB hexagonal avait augmenté de 1,5%. Pour 2020, Bruxelles attend également une croissance de 1,5%, contre 1,6% lors des prévision d’automne.

En dépit de ce tableau plus sombre que prévu, M. Moscovici a mis en garde contre toute inquiétude excessive pour l’ensemble de la zone euro.

«Même si l’économie européenne a perdu de son dynamisme au cours de l’année 2018, il faut rappeler que ce ralentissement a suivi une année particulièrement positive, 2017, où l’Europe a connu sa plus forte croissance depuis 10 ans», a-t-il relevé.

Et d’ajouter: «La bonne nouvelle de ces prévisions: l’emploi reste au beau fixe. Le nombre de personnes en emploi atteint son plus haut niveau jamais observé dans la zone euro et la tendance positive que l’on observe sur le marché du travail européen se poursuit».

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