Gonet: l'actualité des marchés au 6 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,71%, S&P 500 -0,32%, Nasdaq -0,20%, Russell -1,30%, SOX +1,18%, Eurostoxx +0,02%, SMI +0,31%.

Le joyeux royaume des actions ne semble pas prêt à mettre un terme à sa passion pour l’intelligence artificielle. Il est tellement dedans que même son grand chaman préféré Jerome Powell semble l’indifférer. Ce matin le grand timonier de l’Empire du Milieu entre en scène, une fois n’est pas coutume, Xi Jinping himself convoque les autorités de régulation du marché chinois pour «s’attaquer aux problèmes», feu d’artifice boursier à Hong Kong et Shanghai, j’y reviens.

C’est un lundi plutôt ennuyeux que vivent les indices d’actions du globe. Aux Etats-Unis on rend un peu de terrain, le S&P500 (SPX) termine ceci dit sa séance près de son plus haut du jour. Pas de record historique donc hier soir, en revanche un repli aussi mesuré après les propos très faucons de Jerome Powell du weekend, ce n’est pas cher payé convenons-le. Les Fed Funds ne prévoient guère plus de probabilités d’une baisse de taux par la Fed en mars, le patron de la Réserve Fédérale a été clair à ce sujet dimanche, en revanche mai reste d’actualité et juin semble de plus en plus Le mois du début du nouveau cycle de baisses de taux. Chaque jour qui passe montre un marché de plus en plus à l’aise à l’idée que les taux vont baisser mais pas forcément tout de suite. Les récentes statistiques économiques montrent une économie américaine en pleine forme (rapport mensuel sur l’emploi en janvier, indices ISM publiés hier), on ignore encore l’impact précis des récentes hausses de taux, on ne sait pas non plus si l’inflation va poursuivre sa décrue. Donc on fait avec et on réalise aussi que la nouvelle révolution industrielle en cours a de quoi alimenter une croissance pérenne et, au final c’est cela qui compte, les baisses de taux c’est bien joli mais une économie en pleine forme ce n’est pas mal non plus.

Au chapitre des secteurs du SPX, le podium du jour se compose de la tech et de la santé qui parviennent toutes deux à garder la tête hors de l’eau. L’énergie recule légèrement et complète le trio. En queue de peloton on retrouve les materials, les utilities et l’immobilier, ce dernier ne goûte guère le rebond des rendements obligataires, le 10 ans US revient à 4,14%, mouvement sponsorisé par Jerome Powell le faucon du moment. Les petites capitalisations sont également en retrait, pour la même raison que l’immobilier, le dollar reste demandé, le Dollar Index (DXY) revient à 104,31, il teste sa moyenne mobile à 100 jours, s’il la casse il regardera ensuite le niveau de 105. La paire EUR/USD évolue à 1,0746, elle a cassé sa propre 100 jours, son support se situe à 1,0723. Les mastodontes de la tech sont mitigés hier, Meta rend un tout petit peu des gains pantagruéliques de vendredi, Apple et Alphabet son bien orientées, Amazon et Microsoft restent en retraits, Tesla est boudée et Nvidia bondit de 4,8%, propulsée par une note de Goldman Sachs. La volatilité recule à nouveau, le VIX perd 1,3% et clôture à 13,67, rappelons son principal niveau de support qui se situe à 11,81. Côté matières premières, l’or se rendort et flotte à 2024 dollars l’once, tandis que le pétrole se maintient à 72,99 dollars le baril de WTI Light Crude.

Alors que les valeurs technologiques cannibalisent l'attention des investisseurs, le secteur industriel fait discrètement des progrès significatifs sous la surface, avec de plus en plus de valeurs qui se détachent et affichent des tendances haussières. Vendredi dernier, le secteur industriel de l'indice S&P 500 réalise un exploit rare: plus de 30% de ses actions atteignent un sommet annuel, devançant ainsi tous les autres groupes. D’où la question suivante: compte tenu du débat sans fin sur un atterrissage en douceur ou brutal de la première économie du  monde, devons-nous nous fier à la perspective macroéconomique des baissiers ou à un message de marché en temps réel émanant des valeurs industrielles? Ca me rappelle une citation d’un vieux sage de la finance: «Le meilleur indicateur de l'action du marché est l'action du marché lui-même».

Sur le front des valeurs, les actions du fabricant de puces Nvidia bondissent donc de 4,8% pour atteindre un nouveau record après que les analystes de Goldman Sachs ont publié des prévisions de croissance optimistes pour l'entreprise. La capitalisation boursière de Nvidia dépasse désormais 1,6 billion de dollars. Sur le front des résultats de sociétés, les actions d'Estée Lauder grimpent de 12% après que le fabricant de cosmétiques a annoncé une baisse de ses bénéfices et qu'il va licencier jusqu'à 5% de ses employés. ON Semiconductor fait également partie des meilleures performances du SPX, le titre décolle de 9,5% après avoir annoncé un chiffre d'affaires et un bénéfice supérieurs aux attentes de Wall Street. Les actions de McDonald's reculent de 3,7% après que la chaîne de restauration rapide a déclaré que la guerre au Moyen-Orient a pesé sur ses ventes au quatrième trimestre. Les actions de Caterpillar progressent de 2% pour clôturer à un niveau record après que le fabricant d'équipements de construction ait annoncé un bénéfice supérieur aux attentes pour le quatrième trimestre.

Revenons en Chine, où ça ne va pas fort, mais alors pas du tout. Ces derniers temps, nous avons eu droit à peu ou prou tout et n’importe quoi en termes de pansements voués à stopper une hémorragie. Un tour de vis supplémentaire pour maitriser les positions des fonds quantitatifs, le fonds souverain qui augmente ses investissements dans les ETFs, un vibrant plaidoyer en faveur des rachats d’actions par les sociétés cotées en bourse, une interdiction partielle de vendre short (à découvert), un contrôle accru des firmes se lançant dans le grand bain boursier, le renforcement de la lutte contre la manipulation du marché et l’assouplissement des conditions d’aide aux promoteurs immobiliers. Rien de tout cela n’a fonctionné, raison pour laquelle le big boss en personne prend les choses en mains ce jour en convoquant un bon gros meeting. On verra ce que cela donne sur le terme, aujourd’hui les indices Hongkongais et Chinois sont en mode Space-X.

La pression croissante exercée par un organisme de surveillance américain de premier plan a conduit à la décision surprise de NYCB de réduire son dividende et de stocker des liquidités au cas où les prêts immobiliers commerciaux deviendraient mauvais, selon l’agence Bloomberg, ce qui renforce les inquiétudes concernant les banques régionales américaines. Deux hauts responsables de l'audit et du risque ont quitté leur poste dans les mois qui ont précédé le dévoilement des mesures par NYCB.

Au menu macro-économique du jour, les commandes d'usines en Allemagne (qui ressortent très nettement au-dessus des attentes) et les ventes de détail de la zone euro (11h00). 

Infineon publie sous les attentes et précise ses objectifs. Nintendo va vendre plus de Switch que prévu. NXP Semiconductors gagne 3,7% hors séance après ses trimestriels. Palantir s'envole de 17% hors séance après ses trimestriels. Toyota Motor vend moins de véhicules que prévu mais publie un bénéfice supérieur aux attentes et les objectifs sont relevés (le titre gagne 5% en séance). UBS prévoit de relancer ses rachats d'actions, après une perte au quatrième trimestre, liée aux frais d'incorporation du Crédit Suisse. Novartis va racheter MorphoSys pour 2,7 milliards d’euros, soit 68 EUR par action. Blackstone serait intéressé par un rachat de L'Occitane, selon Bloomberg. Le responsable des risques de la New York Community Bancorp a quitté l'entreprise quelques semaines avant une perte importante, selon le FT. SAP ne commandera plus de voitures de fonction à Tesla, à cause des retards de livraison et de la fluctuation des prix. Stadler Rail décroche une commande de 600 millions de francs en Arabie Saoudite.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo perd 0,53% à la cloche, Hong Kong et Shanghai décollent de 4,04% et 3,23%, Séoul perd 0,58% et le Nifty50 progresse de 0,75%. Le future SPX prend 5 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,6%

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