Des taux plus élevés et plus longtemps

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Nous nous préparons à de nouvelles hausses des taux d'intérêt et à une baisse de l’activité immobilière aux Etats-Unis.

Les anticipations sur les taux d'intérêt ont augmenté aux Etats-Unis et en Europe, et celles-ci pèsent de plus en plus sur le marché immobilier. A la fin de l'année dernière, les acteurs du marché s'attendaient à ce que les taux directeurs aux Etats-Unis atteignent 4,9% en mai 2023, avant de diminuer plus tard dans l'année. Désormais, les acteurs du marché s'attendent à un pic des taux aux Etats-Unis à 5,4% en septembre 2023.

Ce changement significatif au niveau des prévisions des taux d’intérêts est expliqué par les surprises sur les chiffres d’inflation. L’indice des prix basé sur les dépenses personnelles aux Etats-Unis a augmenté de 5,4% en janvier sur une base annuelle, alors que les marchés s'attendaient à une baisse à 4,9%. En Europe, l’inflation reste plus élevée que prévu. En France, la hausse des prix à la consommation a atteint en février un niveau record de 7,2% en glissement annuel, soit plus que les 7% attendus par les économistes. En Espagne, on s'attendait à un ralentissement de l'inflation, alors que les prix à la consommation y ont augmenté en moyenne de 6,1%. Pour la zone euro, une hausse de 8,5% de l'indice des prix à la consommation harmonisé a été publiée jeudi. Ces données économiques suggèrent que les banques centrales vont poursuivre leurs politiques de resserrement monétaire afin de combattre cette inflation coriace.

Par ailleurs, le marché du travail américain poursuit son renforcement. 517’000 emplois ont été créés en janvier, menant à un taux de chômage de 3,4%. Le niveau élevé de l'emploi entraîne une forte demande de la part des ménages privés, ce qui a tendance à faire augmenter l'inflation. De plus, les employeurs doivent payer des salaires plus élevés pour attirer la main-d'œuvre.

De fait, l’un des secteurs les plus impactés négativement est l’immobilier en raison de niveaux élevés des prix et de l’augmentation des taux d'intérêt. La construction est devenue plus chère et de nombreux projets immobiliers non rentables. Le recul est marqué sur les marchés immobiliers américains, où le bien immobilier résidentiel classique est la maison individuelle achetée sur hypothèque. Les taux d'intérêt des prêts hypothécaires à 30 ans aux Etats-Unis ont dépassé les 7% début mars. Ainsi, pour le mois de janvier 2022, le nombre de ventes de biens immobiliers existants est tombé à 4 millions, soit le chiffre le plus bas depuis 2010. De plus, les investissements privés réels dans la construction de logements ont chuté de 20% l'année dernière et sont désormais à leur plus bas niveau depuis fin 2015.

Nous nous préparons ainsi à de nouvelles hausses des taux d'intérêt et à une baisse de l’activité immobilière aux Etats-Unis. Dans le domaine des actions, nous restons neutres. Dans le domaine des obligations, notre durée moyenne (duration) est plus courte que celle de l'indice de référence, compte tenu de la hausse des taux d'intérêt. Lorsque le pic des taux d'intérêt américains sera peut-être atteint au début de l'automne, nous passerons alors neutres en termes de duration. Dans cet environnement et comme les actions américaines ont tendance à être plus valorisées que les actions européennes, nous continuons à privilégier les actions européennes par rapport aux actions américaines.

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