Le pic des taux se rapproche

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La fin à venir des augmentations des taux directeurs nous amène à augmenter progressivement la durée résiduelle moyenne d'un portefeuille obligataire.

La Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine ont relevé leurs taux directeurs et ont confirmé la poursuite de leur politique monétaire. Le taux BCE a ainsi été augmenté de 50 points de base à 2,50% pour celui marginal, et le taux Fed a été augmenté à 4,50%-4,75%. Les communications de Christine Lagarde et Jerome Powell ont été claires: les taux continueront à augmenter dès le mois prochain, et les niveaux d’inflation restent trop élevés en zone euro (8,5%) et aux Etats-Unis (6,5%) pour envisager une pause monétaire.

Oui, le processus de désinflation a commencé, mais il ne reflète pour l'instant que la correction des chocs transitoires du côté de l'offre. Aux Etats-Unis, la désinflation n'est pas uniforme dans les différents secteurs. Aux Etats-Unis, l'inflation est devenue négative pour l'énergie, les voitures d'occasion et l'assurance maladie et ralentit pour les autres produits manufacturés. Mais elle continue à s'accélérer pour toutes les autres composantes. Il est irréaliste d'espérer une convergence durable vers l'objectif de 2 % sans une modération des prix des services.

Par ailleurs, le marché du travail américain poursuit son renforcement. Cela soutient l’inflation salariale et l’inflation sous-jacente qui s’établit actuellement à 5,7% sur un an. Le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis 1969 à 3,4%. Plus d’un demi-million d’emplois ont été pourvus en janvier, un niveau trois fois supérieur aux attentes. Il y a toujours 11 millions d’emplois disponibles outre-atlantique. Le taux de participation a légèrement progressé à 62,4% (+0,1 point). La croissance des salaires a ainsi baissé de 4,8% à 4,4% mais reste toujours élevée.

Nous anticipons ainsi de nouvelles hausses des taux. Aux Etats-Unis, les taux directeurs augmentent jusqu’en mai 2023. Contrairement à de nombreux acteurs du marché, nous ne pensons pas que la Fed recommencera à baisser ses taux directeurs dès l'été 2023. Le marché du travail est trop solide et l'inflation de base trop élevée pour cela. En zone euro, nous nous attendons à ce que les taux BCE augmentent encore de 100 points de base d’ici juillet 2023, ce qui porterait le taux de dépôt à 3,50%.

La fin à venir des augmentations des taux directeurs nous amène donc à augmenter progressivement la durée résiduelle moyenne d'un portefeuille obligataire. Les placements en obligations d'entreprises nous semblent particulièrement attrayants, car non seulement les taux d'intérêt ont nettement augmenté, mais les obligations d'entreprises offrent des primes de risque par rapport aux taux d'intérêt sans risque qui sont au plus haut depuis 10 ans.

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