Gonet: l'actualité des marchés au 19 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,81%, S&P 500 -1,56%, Nasdaq -1,24%, Russell 2000 -1,59%, SOX -0,64%, Eurostoxx inchangé, SMI -0,31%.

Caramba! Encore raté!

Pourtant tout commence bien hier. L’indice S&P500 (SPX) démarre sa journée dans le vert, inspiré par des rendements obligataires en recul, les statistiques du jour sont faibles (j’y reviens), le spectre d’une Fed agressive s’évapore un peu plus encore. Mais c’était sans compter sur les détraqueurs de Lord Powell, qui se rappellent au bon souvenir des ours en plaidant pour plus de hausses de taux que le ne marché n’en prévoit. Le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, déclare que la politique monétaire doit rester «plus stricte en 2023», ajoutant qu’il prévoit une fourchette de taux de 5,25% à 5,5%. M. Bullard exprime par ailleurs sa préférence pour une augmentation de 50 points de base lors de la prochaine réunion (1er février). De son côté, la patronne de la Réserve Fédérale de Cleveland, Loretta Mester, indique que la banque centrale doit «continuer sur sa lancée» et que le taux directeur devrait dépasser «un peu» la fourchette de 5% à 5,25% pour la fin 2023. Et voilà, Jerome Powell et ses sbires ont développé un talent certain pour venir gâcher l’ambiance dès que le joyeux royaume des actions semble s’emballer. Et puis on ne m’ôtera pas de l’esprit que la Fed regarde aussi le marché d’un point de vue de l’analyse technique. Il ne faut pas être Gordon Gekko (si vous ne savez pas qui est  Gordon Gekko, prenez un chien) pour comprendre que le SPX était sur le point de tout casser à la hausse (moyenne mobile à 200 jours + haut de son canal baissier entamé en janvier 2022) mardi soir. Caramba encore raté donc, mais pour combien de temps? La Fed semble se déconnecter de la réalité économique, voyez les statistiques macro d’hier, qui font craindre un peu plus encore que la croissance économique des Etats-Unis ne subisse un arrêt brutal, la faute à des taux trop élevés.

L’indice des prix à la production de décembre recule nettement plus que prévu alors que les ventes au détail font de même. Notons aussi la production industrielle, qui baisse de 0,7% en décembre, les économistes prédisaient un repli de 0,1%. La production manufacturière ne fait guère mieux, elle chute de 1,3% contre des attentes à -0,2%. Notons tout de même que l’indice NAHB de janvier (National Association of Home Builders) remonte à 35, il était attendu inchangé à 31, un excellent signe, à confirmer ceci dit. Globalement considérées, les statistiques d’hier semblent en train de rattraper les sondages de sentiment et annonciatrices d’un marasme économique potentiellement prolongé, c’est pour cette raison que les rendements obligataires chutent hier. Le 10 ans US traitait à 3,55% hier matin, il évolue à 3,35% ce matin. La courbe des taux US 2/10 ans est inversée à raison de 65 points, c’est énorme. Imaginez que le 10 ans évoluait à 4,33% le 21 octobre, il a perdu 100 points de base depuis et se dirige en trombe vers sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 3,28%. S’il casse ce niveau, il regardera ensuite 3,10% (niveau Fibonnacci), 3,00% (niveau psychologique) et après 2,35% (niveau vraiment très bas).

Revenons au joyeux royaume des actions, qui est perdu dans la traduction hier, le poids des mots de la Fed fait son travail sur la cote. Les 11 secteurs du SPX reculent avec, sur le podium du jour les services de communication, la technologie et la consommation discrétionnaire. Les valeurs défensives tirent le marché vers le bas, c’est suffisamment étonnant pour être mentionné. Les volumes d’échanges sont faibles avec 9,88 milliards de titres traités sur le NYSE, tandis que le breadth est déplorable, 90% des valeurs du SPX clôturent dans le rouge. La volatilité reprend quelques couleurs, le VIX gagne 5% et revient légèrement au-dessus de 20. L’indice Nasdaq100 (NDX) met donc fin à sept séances consécutives de hausse, tandis que le SPX repasse en-dessous de sa 200 jours (3'928 points à la cloche contre la 200 dma à 3'975 pts). De nouveau shorts entrent dans le marché, probablement alléchés par le souvenir cuisant du 16 août, qui avait vu la 200 jour mettre le SPX KO. La baisse est globale hier, pas de jaloux donc, mais il subsiste une infime lueur au bout du tunnel technique: l’indice SOX (semi-conducteurs) se maintient au-dessus de sa 200 jours, c’est encourageant, le SOX est considéré par de nombreux traders comme un indicateur avancé, gardez donc un œil sur lui.

Et puis les Fed Funds ne sont pas du tout d’accord avec les propos d’hier de la Fed. Ils prévoient 25 points de base de hausse le 1er février, avec un taux terminal légèrement en-dessous de 4,9%.

Pour le deuxième mois consécutif et pour la troisième fois sur les quatre derniers Livres Beige, le rapport d'hier de la Fed caractérise l'activité économique américaine comme globalement inchangée ou stagnante. Pas de quoi réveiller un faucon donc…

Il y en a un qui ne fait pas le fier mais tente de garder la tête haute. Le dollar s’accroche hier, la paire EUR/USD revient à 1,0813, mais lorsqu’on observe le Dollar Index (DXY), on constate rapidement que le billet vert est techniquement à genoux. Il a cassé son support de 102,98 le 12 janvier, ce niveau correspond à son top covid de mars 2020. Un peu plus tôt, le 9 janvier, une death cross s’est produite sur le DXY (la 50 jours a traversé la 200 jours à la baisse), ce qui constitue un signal technique baissier. Tout comme le SPX, le dollar se trouve à la croisée des chemins, sa réaction à des propos faucons de membres de  la Fed devrait nous aider à envisager sa direction future. Depuis hier, le marché craint clairement un peu plus un atterrissage brutal de l’économie américaine, comme l’illustre le plongeon du pétrole, le baril de WTI Light Crude chute de 82 dollars hier à 16h à 78,69 dollars ce matin.

Les syndicats français entendent paralyser une grande partie du pays aujourd'hui pour protester contre le projet d'Emmanuel Macron de réformer le système des retraites. Les travailleurs de secteurs tels que les chemins de fer, les écoles, les hôpitaux et le contrôle du trafic aérien participeront à une grève de 24 heures. Les syndicats mèneront des marches dans les plus grandes villes avec le soutien des partis politiques de gauche. Le gouvernement demande à ceux qui le peuvent de travailler à domicile.

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern annonce qu'elle démissionne de manière fracassante avant les élections générales d'octobre, déclarant qu'elle n’a ni l'énergie ni l'inspiration pour briguer à nouveau le poste suprême. Le parti travailliste entamera un processus de sélection d'un nouveau leader dans les prochains jours. Les derniers sondages montrent que le soutien à son parti est inférieur à celui du Parti national.

Apple travaille sur d'autres appareils de maison intelligente pour défier Amazon et Google. Il s'agit notamment d'une tablette capable de contrôler les thermostats et les lumières de la maison et de gérer les chats FaceTime, selon des personnes familières. Un boîtier TV remanié pourrait voir le jour au début de l'année prochaine, et un écran intelligent plus grand pourrait également être en préparation. Plus tôt dans la journée, la société a relancé son enceinte HomePod.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis à 14h30, place aux permis de construire et aux mises en chantier de décembre ainsi qu'aux demandes hebdomadaires d'inscription au chômage.

Alcoa: les résultats du quatrième trimestre sont inférieurs aux attentes du marché. BHP: le groupe minier enregistre une hausse de sa production de cuivre et de minerai de fer au cours du premier semestre fiscal. Les actionnaires de Linde valident la cotation unique à New York. Apple veut se développer dans la maison intelligente et ainsi marcher sur les plates-bandes d'Amazon et Google, selon Bloomberg. Lufthansa est la seule entreprise à avoir enchéri sur ITA Airways. Geberit manque les attentes. Roche déclare que Tecentriq + Avastin a atteint la cible primaire dans le cancer du foie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 1,44% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,32%, Shanghai gagne 0,49% et Séoul avance de 0,51%. Le future SPX rend 8 points et l’Europe ouvre en repli de 0,7%. Il faudra suivre de près les discours du jour des rabat-joie membres de la Fed (Williams, Brainard et Collins) tandis que Christine Lagarde prendra la parole au forum de Davos.

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