Gonet: l'actualité des marchés au 16 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,33%, S&P 500 +0,40%, Nasdaq +0,71%, Russell 2000 +0,58%, SOX +0,39%, Eurostoxx +0,58%, SMI +0,03%.

La journée de vendredi débute sur une note plutôt pessimiste, les résultats trimestriels des grandes banques américaines (JP Morgan Chase, Wells Fargo, Bank of America, Citigroup) ne sont pas folichons, les indices ont déjà bien performé sur les quatre premières séances de la semaine et la configuration technique, notamment de l’indice S&P500 (SPX) se complique, avec une véritable muraille qui se dresse face à lui, représentée par sa moyenne mobile à 200 jours et le haut de son canal baissier entamé en janvier 2022. Début de séance en repli donc, personne ne s’en offusque, il est normal de reprendre de temps en temps son souffle lorsqu’on s’attaque à un sommet. Et puis 16h sonne au clocher de l’histoire boursière, l’indice du sentiment est publié par l’Université du Michigan, il bat les attentes et de loin (64,6 en janvier contre 60,7 pronostiqué par les économistes et 59,7 en décembre). Les ours se lèchent les babines, alléchés par de nouvelles perspectives d’une Fed plus restrictive. Oui mais non en fait… il n’échappe à personne que les attentes d’inflation à un an reculent à 4,0%, en décembre c’était 4,4% et les économistes prédisaient 4,3%.

Et voilà, tout est dit. Le sentiment du marché, seul maître à bord comme toujours, prend les choses en mains et maintient les ours en respect, pendant que les taureaux poursuivent la fête débutée le 6 janvier. C’est chouette la bourse, un jour c’est la fin du monde, le lendemain tout va bien. Oubliée la crise énergétique en Europe, au placard l’inflation, aux oubliettes le ralentissement probable de la croissance des bénéfices de sociétés, du balai la récession pronostiquée encore et toujours par plus de 60% des économistes de la planète... Depuis quelques temps le narratif a changé, le marché se positionne pour un atterrissage en douceur de la première économie du monde, un retour en force de la Chine et une Fed à court de munitions haussières.

L’indice S&P500 (SPX) réalise l’exploit de clôturer au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours (3’999 points à la cloche contre la 200 dma à 3’981 pts). Il s’agit ici réellement d’un exploit, la 200 jours l’avait mis KO le 16 août, puis l’avait tenu en respect à deux reprises en décembre. Il est bien évidemment trop tôt pour parler de cassure durable, ceci dit un premier pas est fait. Le SPX vient tester le niveau de 4'000 pts et termine sa séance un point en-dessous, il s’attaque du coup au plafond de son canal baissier entamé en janvier de l’an passé. Tout cela demande confirmation, en revanche on peut affirmer que la configuration technique du SPX s’est améliorée vendredi. Le Nasdaq100 (NDX) réalise sa sixième séance consécutive de hausse, il est notamment porté par les mastodontes de la tech, l’ETF MGK (Vanguard Mega Cap Growth) progresse de 0,72% sur la journée. Les intervenants reviennent en force dans certaines de ces valeurs, comme par exemple Amazon qui réalise une hausse de 14% sur la semaine. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, des financières et des materials.

La volatilité recule encore un peu, le VIX abandonne 2,5% à 18,35, il s’approche lentement mais surement de son bas en séance du 4 janvier 2022 (16,34).

Sur la partie obligataire, les rendements se stabilisent, le 10 ans US se situe à 3,50%. La courbe des taux US 2 / 10 ans reste ceci dit bien inversée, à 62 points.

Ce qui s’est passé la semaine écoulée sur les indices d’actions doit laisser plus d’un ours songeur. Plus de 60% des membres du SPX traitent désormais en territoire suracheté à court terme. Si l’on regarde les indices européens, le DAX a toutes les excuses du monde pour baisser en fin de semaine passée (la BCE va monter ses taux, l’inflation est à un niveau record, l’énergie reste une épée de Damocles, la récession guette) mais L’indice n’en a cure et confirme sa récente cassure à la hausse. Même scénario au Royaume-Uni, dont l’indice FTSE100 s’approche de son plus haut historique, alors que l’inflation et les grèves font rage dans le pays. En parallèle, les petits porteurs persistent dans leur pessimisme, l’indice du sentiment AAII (American Association of Individual Investors) reste très faible, un signal presque toujours positif pour les indices d’actions, tellement cette population d’investisseurs fait toujours tout à l’envers.

À défaut de neige (quoi que…) les alpes suisses assistent à un retour timide du WEF. L'élite mondiale se réunit à Davos pour le premier Forum économique mondial hivernal depuis trois ans, avec quelques différences notables. Plus de 100 milliardaires sont attendus, mais aucun de la Russie, lourdement sanctionnée, ou de la Chine, frappée par le Covid. Olaf Scholz est le seul dirigeant du G7 présent, mais parmi les autres poids lourds politiques figurent le vice-premier ministre chinois Liu He et les dirigeants de l'Union européenne et de l'OTAN.

La lutte de la BCE contre l'inflation pourrait prendre fin d'ici six mois, car les responsables politiques commencent à inverser les hausses de taux dès juillet, selon un sondage réalisé auprès d'économistes. Le taux de dépôt sera porté à un sommet de 3,25%, contre 2% actuellement, en trois étapes. L'enquête montre deux hausses d'un demi-point en février et mars, suivies d'une augmentation de 25 points de base en mai ou juin. La prédiction médiane des analystes prévoit ensuite un retour du taux à 3% au début du troisième trimestre.

Le bilan de l'attaque au missile lancée samedi par la Russie contre un immeuble de neuf étages à Dnipro s'élève à 30 morts. L'Iran recevra d'ici mars un certain nombre d'avions de combat russes Sukhoi Su-35 dans le cadre d'une commande militaire qui comprend des systèmes de défense, des missiles et des hélicoptères. La Suisse a commencé à travailler sur une réforme pour permettre à certains pays d'exporter des munitions de fabrication suisse vers l'Ukraine, rapporte la NZZ am Sonntag.

La Chine annonce que près de 60’000 personnes sont mortes de causes liées au Covid depuis début décembre, principalement celles qui souffraient également d'autres maladies. L'OMS déclare qu'elle analyse les données et exhorte la Chine à partager des informations plus détaillées, notamment sur les sous-variants. Selon une étude, la quasi-totalité des 22 millions d'habitants de Pékin auront été infectés à la fin du mois, contre 76% le 22 décembre. Une note positive: le CDC chinois déclare qu'il n'a pas détecté de nouvelles mutations dangereuses.

Querelle sur le plafond de la dette. Les républicains continuent d'exiger des réductions des dépenses fédérales en échange d'un accord pour lever la limite d'emprunt et éviter un défaut de paiement des États-Unis, déclarent les représentants du GOP James Comer et Tony Gonzales. Ces commentaires interviennent après que Janet Yellen a déclaré que le Trésor commencera à effectuer des manœuvres comptables spéciales le 19 janvier pour éviter de dépasser le plafond. Son avertissement donne le coup d'envoi de ce qui risque d'être une bataille politique prolongée.

Ineos va racheter 750 millions de dollars d'actifs d'adjuvants à Sika dans le cadre du rachat de MBCC. Credit Suisse va supprimer 10% de ses banquiers d'affaires européens, selon le FT. UBS met l'accent sur les Etats-Unis et l'Asie et ne voit pas d’intérêt à racheter Credit Suisse.  Marks and Spencer va ouvrir de nouveaux magasins et créer 3’400 emplois au Royaume-Uni. Le CEO de Temenos démissionne après un trimestre décevant. Eni et Chevron font une nouvelle découverte de gazz dans une concession au large de l'Égypte. Novo Nordisk obtient le feu vert de la FDA pour l'utilisation en première ligne de la pilule contre le diabète chez les adultes. Moody's relève la perspective de la notation crédit Aa3 de Zurich Insurance.

Les publications économiques dominent le calendrier de la semaine qui débute. L'indice Empire State Manufacturing sera publié le 18 janvier et sera suivi du rapport sur l'indice des prix des produits et des ventes au détail le 19 janvier. La semaine comprend également un programme chargé de discours de la part des membres de la Réserve fédérale, alors que la réunion du FOMC du 1er février commence à se rapprocher. La saison des résultats au quatrième trimestre accélère un peu avec les rapports clés de Goldman Sachs (GS), Netflix (NFLX) et Procter & Gamble (PG).

C’est un dry Monday au niveau macro-économique que ce lundi 16 janvier. La journée devrait être très calme, les Etats-Unis sont en congé, ils se souviennent de Martin Luther King. Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo abandonne 1,14% à la cloche, Hong Kong recule de 0,11%, Shanghai progresse de 1,01% et Séoul monte de 0,58%. Le future SPX recule de 7 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,2%. La paire EUR/USD évolue à 1,0820, l’or se maintient aisément au-dessus des 1900 dollars l’once et le pétrole est en embuscade juste sous les 80$ le baril de WTI Light Crude.

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