Gonet: l'actualité des marchés au 13 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,64%, S&P 500 +0,34%, Nasdaq +0,64%, Russell 2000 +1,74%, SOX +1,24%, Eurostoxx +0,66%, SMI +0,37%.

La chasse aux ours monte d’un cran à Wall Street, boucle d’or fait un retour discret dans les salles de marchés et les Celtics matent Brooklin. Bienvenue au premier vendredi 13 de l’année…

C’est un jour important que ce jeudi 12 janvier pour les investisseurs, qui attendent la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI) de décembre dans un état d’esprit prudemment optimiste. Le CPI recule de 0,1% par rapport au mois précédent, aidé par le repli des prix de l’énergie, c’est le premier recul de l’inflation sur une base mensuelle en deux ans et demi. L’indice cœur (qui exclut la nourriture et l’énergie) gagne 0,3% sur un mois et 5,7% depuis décembre 2021, sa plus faible progression depuis décembre 2021. La publication d'hier fait apparaitre également un nouveau déclin de l'ampleur de l'inflation américaine. Un peu plus de la moitié seulement des composants de l'inflation dépassent désormais un taux annualisé de 2% (l’objectif de la Fed), ce retournement de situation en cours n’a clairement pas encore eu lieu dans d’autres pays. Il faut aussi noter que le CPI sort pile en ligne avec les attentes des économistes, pas de surprise de ce côté-ci donc.

Allez, on le dit, c’est un bon rapport pour le marché dans son ensemble. Il s'agit de la troisième lecture consécutive du CPI qui montre que l'inflation est sur la bonne voie pour revenir à l'objectif de 2,0% de la Fed. Les signes émergents de ralentissement de la pression salariale pourraient bien encourager la Fed à ralentir davantage le rythme des hausses de taux et à envisager une pause à court terme. D’ailleurs le marché est catégorique, les Fed Funds prévoient désormais une hausse de «seulement» 25 points de base lors de la prochaine réunion de la Fed, le 1er février. Ensuite ce devrait être 25 points supplémentaires le 22 mars et puis la pause tant attendue, dans la zone de 4,75% - 5,00%.

C’est là que vous êtes supposés me dire: «oui mais bon, on connait la propension du marché à s’enflammer, la Fed va nous ramener sur terre fissa avec quelques commentaires bien torchés, notre calme savoir garder il faut et se ruer tête baissée dans les actions il ne faut pas». Well… Il est vrai que cela prendra probablement du temps pour que la Fed soit confiante dans un ralentissement durable de l’inflation, notamment tant que le chômage restera proche de ses bas niveaux actuels, le FOMC devrait rester sur ses gardes. Ceci dit, hier Patrick Harker, patron de la Réserve Fédérale de Philadelphie, se prononce peu après le CPI et indique privilégier désormais des hausses de taux de 25 points de base. Plus tard dans la journée américaine, James Bullard, président de la Fed de St-Louis, fait preuve d'un certain optimisme en déclarant qu'il voit «l'inflation baisser vers 2% à mesure que nous progressons», mais il calme les ardeurs des jeunes taureaux aussi sec en avertissant que l'inflation «reste extrêmement élevée» et que la Fed «doit maintenir les taux suffisamment hauts pour refroidir les prix», ajoutant qu'il est favorable à un taux supérieur à 5% «dès que possible».

Et le marché dans tout cela, qu’en pense-t-il? A tout flambeur tout honneur, le joyeux royaume des actions rosit de plaisir à la publication du CPI et défend les gains chèrement gagnés depuis quelques séances. On convoque boucle d’or dans les salles de marchés, tout un chacun s’accorde à dire que ce rapport n’est ni trop chaud ni trop froid, la pensée positive du moment fait le reste et les ours se font petits, la pression acheteuse remontant. Les volumes d’échanges s’améliorent, 11,06 milliards de titres sont traités sur le NYSE, la volatilité fuit avec les ours, le VIX perd 2,25% et clôture à 18,83, un niveau plutôt bas, regardez 15 comme le principal support et considérez que les produits structurés sont globalement à mettre en pause, pour le moment du moins. Hier est aussi un jour important pour les chartistes, l’analyse technique s’invite au débat. L’indice S&P500 (SPX) vient tester 3997 points,  le haut de son canal baissier entamé en janvier 2021. Il est également tenu en respect par sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 3984 pts, c’est là que le combat se déroule entre acheteurs et vendeurs, ces derniers gardant la main en toute fin de séance, clôture à 3983 points, juste en-dessous de la 200 dma donc. Rappelons ici que cette satanée 200 jours a fait beaucoup de mal aux taureaux cette année, surtout le 16 août, où elle avait mis le SPX KO et un terme à une hausse de deux mois. Personne ne l’a oublié dans le monde du trading, le SPX se retrouve donc en plein «money time», en résumé ça passe ou ça casse.  

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, des REITs et des services de communication. La technologie suit tout près, les industrielles aussi. Les utilitaires et la pharma trainent la patte, l’appétit au risque reste bien présent à Wall Street hier. Revenons brièvement à l’analyse technique en considérant l’indice SOX (semi-conducteurs), qui casse sa 200 jours à la cloche, ce qui relève de tout sauf de l’anecdote, il est composé de beaucoup de grosses capitalisations, si la cassure se confirme le SOX pourrait donner des ailes au SPX, à suivre de près.

Les autres classes d’actifs sont d’accord avec le joyeux royaume des actions. Le dollar se fait tout petit et glisse encore un peu, la paire EUR/USD traite ce matin à 0,0852. Le Dollar Index (DXY) rencontre beaucoup de peine à ne pas plonger, sa récente «death cross» lui fait du mal et il flirte actuellement avec un important support Fibonnacci, qui se situe à 102,18, cours actuel 102,20, si ça casse ça pourrait bien plonger, stay tuned… Les rendements obligataires reculent, le 10 ans US revient à 3,44%, le pétrole poursuit sa reprise, le baril de WTI Light Crude remonte à 78,54 dollars, tandis que l’or vient tester les 1900 dollars par once en ce moment-même.

On note un retour des robinhooders dans le marché. À témoin le décollage en mode «Space-X» de Bed, Bath and Beyond, dont l’action a gagné 230% en 5 séances. Regardez aussi le bitcoin, qui avance de plus de 11% cette semaine, la «wrong way crowd» avait récemment craqué et jeté l’éponge en achetant des options put (protection à la baisse) comme très rarement dans l’histoire de Wall Street, elle change de fusil d’épaule.

Joe Biden a un problème de documents de plus en plus similaire à celui de Donald Trump. Merrick Garland nomme un avocat spécial pour vérifier si le président a mal géré des informations classifiées pendant sa vie privée. Robert Hur, qui a été procureur des États-Unis pour le Maryland pendant l'administration Trump, est nommé à ce poste après que la Maison Blanche a déclaré que d'autres dossiers classifiés avaient été trouvés au domicile de Joe Biden dans le Delaware. Le président déclare que le garage où ils ont été trouvés était fermé à clé.

Tim Cook va subir une baisse de salaire. La rémunération du CEO d'Apple sera réduite de plus de 40%, à 49 millions de dollars cette année, après que les investisseurs et Cook lui-même ont demandé une baisse. Dans le cadre de ces changements, la part de ses unités d'actions liée à la performance passera de 50% à 75%, tandis que son salaire restera de 3 millions de dollars et son bonus de 6 millions de dollars. How cute…

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle européenne à 11h00 et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan à 16h00.

Volkswagen annonce un recul de 7% de ses ventes en 2022. Tesla diminue les prix de certains de ses modèles aux Etats-Unis. Google et Nvidia tentent de faire capoter l'opération Microsoft-Activision. La Chine va autoriser la remise en ligne des applications Didi. Adidas est «déçu» après que le jury américain ait donné raison à Thom Browne dans l'affaire de la marque à trois bandes.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Tokyo qui abandonne 1,25% à la cloche, la Banque du Japon vient d’annoncer des achats supplémentaires et imprévus de bons du Trésor Japonais, le Yen en profite et met la pression sur l’indice Nikkei225. Hong Kong progresse de 1,15%, Shanghai avance de 1,01% et Séoul gagne 0,89%. Le future SPX recule de 3 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,1%. La saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre débute ce jour, avec en lumière des bancaires américaines (Citigroup, Wells Fargo, Bank of America et JP Morgan) mais aussi United Health, Delta Airlines et BlackRock. Au-delà de l’inflation, de la croissance américaine et de la reprise économique en Chine, le tissu micro-économique et l’état réel dans lequel il se trouve devraient revêtir une importance croissante cette année.

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