C’est un début de semaine bien tranquille que vivent les indices du globe, orphelins de leur maman, Wall Street étant fermée à l’occasion du MLK Day, les Etats-Unis se souviennent de Martin Luther King, qui naquit un jour de janvier, autour du 15.

Les marchés européens d’actions grappillent un peu de terrain en toute prudence. Paris gagne 0,28%, Francfort progresse de 0,31% et Londres flirte avec ses plus hauts historiques (non mais allo!) avec un gain de 0,20%. Notons au passage le SMI (Swiss Market Index) qui s’offre une échappée bien sympathique en avançant de 1,29%, porté par Novartis, UBS et Sika.

L’action Air France décolle de 3,45%, elle a gagné 26% cette année et reflète le nouvel état d’esprit des investisseurs, qui reviennent dans les valeurs massacrées de 2022, dans l’idée que l’économique américaine atterrira en douceur (rien à voir avec Air France), que l’inflation fait moins la maligne en ce début 2023, que la Chine va nous sauver après nous avoir mis la tête sous le covid, que la crise énergétique européenne est une vue de l’esprit médiatique et que les résultats des sociétés vont rester corrects (ça, ça reste à être confirmé mes cocos, ce n’est pas gagné d’avance).

En y réfléchissant, je me dis que le MLK Day a un super timing. Comme moi vous avez dû entendre de nombreux journalistes (encore eux…) nous bassiner avec le Blue Monday, le jour supposé le plus triste de l’année, comme si cela pouvait se décréter. Bon, il est vrai que décembre fut l’occasion de trop manger, trop dépenser, de prendre des résolutions que tout un chacun abandonne environ dix jours après le passage à la nouvelle année. Mixez tout cela, saupoudrez-le de couverture médiatique et vous obtenez potentiellement ce cocktail déprimant qu’est le Blue Monday. En finance, le Blue Monday intervient probablement plutôt début octobre, janvier fait partie des meilleurs mois du S&P500 (SPX)  en termes de performance moyenne.

Ce matin les futures font plutôt grise mine, on manque d’inspiration dans le camp des taureaux, rappelons que le SPX est à la croisée des chemins d’un point de vue technique et que la saison des résultats de sociétés ne fait que débuter, avec de nombreux points d’interrogation à la clé. La Chine publie les chiffres de sa croissance du mois de décembre, qui battent nettement les attentes mais montrent aussi un ralentissement plutôt brutal du PIB. Ceci dit la consommation et l’investissement s’en sortent mieux qu’attendu, du coup dans les salles de marchés on se met à rêver que le politburo annonce un plan de soutien, ainsi va la psyché des financiers, des statistiques plutôt médiocres peuvent tout à fait pousser un marché vers le nord. Tiens, la population chinoise a diminué, on n’avait plus vu cela depuis 1959. 850'000 personnes de moins en 2022, en 2021 ils étaient 1,412 milliard.

Des futures en berne donc ce matin, le SPX annonce un repli de 15 points et l’Europe ouvre en recul de 0,15%. Le dollar reste faible, la paire EUR/USD traite à 1,0831, l’or se maintient au-dessus de 1900 dollars l’once, le pétrole est toujours en embuscade sous la barre des 80 dollars le baril de WTI Light Crude et le 10 ans US rend 3,54%, vendredi il avait clôturé à 3,50%.

Plusieurs poids lourds de la cote américaine, dont les banques Goldman Sachs et Morgan Stanley, le spécialiste du streaming Netflix et la compagnie aérienne United Airlines, publieront leurs résultats trimestriels cette semaine. Les investisseurs surveilleront également l'actualité en provenance du Forum économique mondial de Davos.

Au menu macro-économique du jour, l'Allemagne a publié ce matin les chiffres de son inflation de décembre, qui sont totalement en ligne. À 11h00 ce sera le tour de l'indice de confiance des financiers ZEW. Aux Etats-Unis, l'indice Empire Manufacturing de janvier est programmé à 14h30.

Lindt: le chiffre d'affaires annuel progresse de 10,8% en organique à 4,97 milliards de francs (consensus +10%). Ryan Cohen, le gourou des actions «meme», investit dans Alibaba. PwC démissionne de son rôle d'auditeur de China Evergrande.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices évoluent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 1,23% à la cloche, Hong Kong rend 0,94%, Shanghai égare 0,10% et Séoul perd 0,85%.

Je ne résiste pas à la tentation de citer l’excellent Anthony Bondain, qui nous rappelle ce matin que «un économiste est quelqu'un qui passe son temps à se tromper mais qui a suffisamment de connaissances pour expliquer pourquoi. Un chroniqueur boursier, c'est pareil, mais les connaissances en moins.»