Gonet: l'actualité des marchés au 4 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,46%, S&P 500 -1,06%, Nasdaq -1,73%, Russell 2000 -0,53%, SOX -1,53%, Eurostoxx -0,80%, SMI -0,88%.

Ambiance maussade dans les salles de marchés hier, on digère les propos plutôt faucons de Jerome Powell. Les Fed Funds ont fait leur travail et prévoient désormais une hausse de 50 points de base lors de la réunion de la Fed du 14 décembre, avant l’annonce de mercredi soir les attentes se situaient à 75 points de base. Le problème, c’est que le marché attend en parallèle des taux à 5,1% en milieu de l’année prochaine. Ces derniers sont actuellement à 3,75% - 4,00%, il reste donc du chemin à parcourir. Et puis les investisseurs adorent les scénarii simples et précis alors que Jerome Powell et ses collègues semblent emprunter un chemin de jésuite, ils vont ralentir le rythme de hausses mais aller plus haut, combien de temps cela durera-t-il effectivement? C’est aussi là que le bât blesse pour des investisseurs gâtés aux liquidités pendant de si longues années. Et les problèmes de cette si belle cuvée 2023 ne se sont pas évaporés pour autant, l’inflation reste dans tous les esprits (et les porte-monnaie), la géopolitique aussi, la croissance devient une préoccupation croissante (je sors…), la Fed va-t-elle la sacrifier sur l’autel de la stabilité des prix? De plus, les pénuries de toutes sortes ne sont pas encore réglées.

C’est dans ce contexte enchanteur que le joyeux royaume des actions recule encore un peu hier, l’indice S&P500 (SPX) réalise sa quatrième séance consécutive de baisse, il se rapproche du niveau de 3700 points dans des volumes plutôt mesurés, 11 milliards de titres sont traités sur le NYSE. Le moins que l’on puisse dire est que la peur ne fait pas vraiment son retour dans les salles de marchés, la volatilité recule, phénomène étrange, le VIX abandonne 2,2% à 25,30. Les intervenants sont peut-être surtout désabusés plutôt qu’inquiets, d’ailleurs ils ciblent leur frustration notamment sur les valeurs technologiques, qui semblent avoir décidé de débuter une ère d’austérité, je pense à Amazon qui gèle les nouveaux engagements pour quelques mois, Apple qui fait de même jusque peut-être en septembre de l’an prochain ou encore Lyft qui coupe 13% de sa force de travail. La technologie déteste que les taux montent et c’est ce qui se produit depuis mercredi, la courbe des taux US se pentifie, le 2 ans grimpe à 4,73% tandis que le 10 ans revient à 4,16%. Le spread actuel 2/10 ans s’établit donc à 57 points, on n’avait plus vu une telle inversion depuis 1980, le marché obligataire nous dit donc à très haute voix que la récession est à nos portes, ou déjà parmi nous. Paradoxalement, les statistiques macro du jour montrent des demandes hebdomadaires d’allocations chômage qui s’approchent d’un plus bas historique. On sait que la Fed est très sensible au développement du marché de l’emploi, la publication cet après-midi du rapport mensuel aux Etats-Unis sera donc suivie de très près.

Encore un mot sur la tech, voyez donc les performances annuelles de quelques-uns de ses fleurons: META -73% / AMZN -46% / AAPL -23% / NFLX -55% / GOOGL -40% / TSLA -46% / PYPL -61% / NVDA -58% / MSFT -35%.... Aujourd’hui, plus de 90% des titres du secteur évoluent en «bear market», une situation quasiment pire que celle observée en 2001, lorsque la bulle dot-com était en train de se dégonfler, je vous laisse y réfléchir pendant le weekend…

Et comme nous sommes vendredi, il est absolument exclu que je ne vous parle que de mauvaises nouvelles. Je cherchais un angle optimiste en me rendant à la banque ce matin, et que vois-je en y arrivant? Une bourse de Hong Kong qui décolle de 6%. Ah mais que se passe-t-il donc par là-bas? Me demandé-je du coup. Et bien cette «Space X» du marché chinois s’explique par deux choses. Tout d’abord la rumeur resurgit que Pékin pourrait infléchir sa politique zéro-covid avec les conséquences que l’on peut aisément imaginer pour l’économie du globe. Et ce n’est pas tout, la mission d’audit du gouvernement des Etats-Unis, dont le mandat était de vérifier que les firmes chinoises cotées au pays de l’Oncle Sam respectent les standards comptables, se termine avant le délai imparti. Vous savez ce que cela signifie lorsqu’un élève rend sa copie avant l’heure, ça s’est probablement bien passé (ou alors il a un rendez-vous galant et d’autres priorités mais passons…). Et bien le marché, qui n’a jamais de rendez-vous galant lui, se dit immédiatement que les choses se sont donc bien passées, et paf 6% avec une mention spéciale aux grands groupes technologiques, par exemple et au hasard Alibaba, dont le titre décolle de 12% à Hong Kong.

Tous les yeux seront donc tournés vers la publication aujourd'hui des créations d’emplois non agricoles aux États-Unis. Les économistes prévoient 195'000 nouveaux postes de travail en octobre, un chiffre inférieur à celui de septembre mais qui reste solide. Le whisper number, le chiffre chuchoté dans les milieux «autorisés», se situe 245’000. Le taux de chômage pourrait remonter à 3,6%, tandis que la croissance des salaires horaires pourrait ralentir, mettant en évidence une pression croissante sur les ménages.

On en parle? La croissance supérieure des bénéfices en Europe par rapport aux États-Unis ne se reflète pas dans le cours des actions. Malgré des bénéfices plus importants en Europe, le Stoxx Europe 600 se négocie avec une décote de 30% par rapport au SPX. Selon les stratèges de Citi, les actions européennes anticipent une contraction de 15% des estimations de bénéfices, contre seulement 5% aux États-Unis, ce qui rend les actions américaines vulnérables à une éventuelle déception des bénéfices.

Au menu macro-économique du jour, on l’aura compris, la principale statistique est la donnée sur l'emploi en octobre aux Etats-Unis, attendue à 13h30.

Coinbase: l'action reprend 5% hors séance après les trimestriels. DoorDash: le titre bondit de 11% hors séance après la publication de résultats meilleurs que prévu au troisième trimestre. Leonardo: les objectifs annuels sont relevés après de bons chiffres au troisième trimestre. PayPal: l'action perd 9% dans le marché après-bourse après la révision en baisse des objectifs annuels. UBS va abandonner la banque d'investissement au Proche-Orient, selon Bloomberg. La SEC envisage d'intenter une action contre SolarWinds au sujet de ses déclarations sur la cybersécurité. Apple renforce son réseau de fournisseurs pour l'iPhone 14 en Inde, confirmant son effort de s'émanciper de Chine. Pfizer reçoit de la FDA la désignation de thérapie révolutionnaire pour l'elranatamab pour le traitement du myélome multiple.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont en hausse, hormis Tokyo qui recule de 1,68% à la cloche après son jour de congé. Hong Kong décolle de 5,6%, Shanghai gagne 2,43% et Séoul progresse de 0,83%. Le future SPX avance de 6 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%. Le dollar reste demandé, la paire EUR/USD traite à 0,9774. Le pétrole n’en a cure et repasse au-dessus de 90 dollars le baril de WTI Light Crude, tandis que l’or remonte aussi, à 1647 dollars l’once.

Tout le monde sur le pont à 13h30 pour le rapport américain sur l’emploi!

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