Les facteurs ESG ne changeront pas le monde

Nick Parsons, ThomasLloyd Group

2 minutes de lecture

La meilleure façon d’avoir un impact réel est d'investir dans des actifs réels plutôt que dans des valeurs papier.

Pour nous, l'ESG est une question de comportement, et les entreprises les mieux gérées au monde n’ont pas attendu l’invention du terme pour mettre en place de bonnes pratiques. Dès 2004, les Nations Unies ont commandé un rapport appelant à «une meilleure prise en compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance d'entreprise dans les décisions d'investissement».

Ne pas nuire à l'environnement, ne pas recourir au travail des enfants, payer des salaires décents, traiter les employés avec dignité et respect, éviter toute discrimination. Tout cela relève du bon sens commercial de base. Ce n'est pas révolutionnaire et les entreprises bien gérées ont toujours fonctionné ainsi. Il fut un temps où les étudiants en école de commerce auraient peut-être simplement parlé de «bonnes pratiques».

Ce qui a changé et qui est nouveau, c'est la nécessité de documenter, de démontrer et de quantifier dans quelle mesure ces principes de base sont appliqués. Nous sommes passés de la reconnaissance des meilleures pratiques à un ensemble plus codifié, structuré et formel d'objectifs, de mesures et de cibles.

D'une certaine manière, c'est une bonne chose - la transparence est certainement préférable à tout autre alternative - mais ne sommes-nous pas tombés dans le piège de mesurer simplement ce qui est mesurable, sans nous fixer de but précis?

Si ma boîte email est un bon indicateur de ce qui se passe actuellement, le monde financier risque d'être pris d'assaut par des consultants ESG, des analystes de données et des prestataires de services - chacun avec un nouveau tableau de bord, une boîte à outils et un cadre de reporting. Tous flairent une opportunité de marché, d'autant plus que nous essayons tous de déterminer quelles normes devraient s’appliquer.

Avons-nous atteint le pic de l’ESG?

Après plus de trois ans de flux nets positifs dans les fonds axés sur les questions ESG, la situation semble s’inverser.

Il se peut bien sûr que ce ne soit que le reflet d'investisseurs qui limitent leurs pertes. Les fonds ESG ont tendance à être surpondérés dans le secteur technologique et à n’avoir que peu ou pas d’exposition au pétrole et au gaz. Cela s'est avéré être la pire combinaison possible de portefeuilles d'actions au cours du premier semestre de cette année.

Il n'est pas étonnant que certains fonds ESG tentent désormais de justifier des expositions plus importantes aux secteurs les plus performants, même si les raisons de le faire semblent un peu ténues.

L’importance de se focaliser sur les résultats

Mais finalement, ce sont les résultats qui comptent - la mesure dans laquelle les entreprises ont fourni des biens et des services qui font une différence positive. C'est ce que nous définissons comme l'impact et ce sur quoi nous devrions être jugés en fin de compte.

L'écrasante majorité des personnes et des entreprises du secteur de l'investissement investissent dans des actifs financiers, que ce soit des actions, des obligations, des produits de crédit ou des produits dérivés.

Récemment, des tentatives ont été faites pour requalifier les fonds d'investissement en fonds verts, durables, ESG ou à impact. Mais malgré tous les efforts des équipes marketing du secteur de la gestion de fonds, la vérité est que l'achat d'actions sur le marché secondaire ne fait que changer la propriété d'un certificat d'actions. En termes de contribution à la protection du climat ou à des améliorations sociales, cet investissement est totalement vain.

Nous pensons que la meilleure façon d’avoir un impact réel est d'investir dans des actifs réels plutôt que dans des valeurs papier.

De cette façon, les investisseurs injectent de l'argent frais dans l'économie, créent de nouveaux emplois, développent de nouveaux actifs et ont un impact positif pour les personnes et les communautés dans lesquelles leur argent est investi.

Après avoir passé plus de 30 ans dans différentes salles de marché de banques d'investissement à travers le monde, c'est avec beaucoup d'humilité que j'ai visité une école primaire qui dispose pour la première fois de sanitaires avec eau courante, que j'ai rencontré des hommes et femmes d'affaires, des leaders de la société civile et des politiciens locaux qui témoignent tous des changements économiques impressionnants résultant des emplois créés directement et indirectement par les investissements dans les infrastructures et de l’approvisionnement stable en électricité qui en résulte.

Avec un approvisionnement en électricité stable, les entreprises peuvent prospérer et se développer. Les impôts payés localement financent des travaux publics et des améliorations dans les domaines de l'assainissement, de l'éducation et des soins de santé. En réduisant la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles importés, il est possible de créer une économie plus résiliente et de contribuer à la sécurité énergétique. Les emplois créés, eux, apportent sécurité et stabilité aux familles.

Les seuls emplois qu'impliquent les investissements dans les actifs papier se trouvent à Wall Street et dans l'industrie financière.

L'ESG est important car les comportements sont importants. Mais les résultats comptent encore plus, et l'impact réel ne peut venir que des investissements dans des actifs réels.

A lire aussi...