Le train sifflera trois fois – La semaine des marchés par ODDO BHF

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Accélération de l’inflation aux États-Unis: la hausse des prix des loyers s’est accentuée.

L’inflation continue de surprendre en cette fin d’année. Celle-ci atteint 5,4% sur un an aux États-Unis. Les tensions temporaires persistent sur l’énergie (+25%) et les véhicules d’occasion (+24%). Mais la pression sur les prix pourrait s’étendre ailleurs. Celle dans l’alimentaire amène les restaurateurs à augmenter leur prix de 5%. La hausse des prix locatifs en septembre est la plus importante observée depuis les années 2000 et a ajouté 0,1 point d’inflation. La tendance pourrait se poursuivre car il est difficile d’acquérir de nouveaux biens résidentiels (les prix de vente ont augmenté de 15%). Cela reporte la demande sur un marché locatif à l’offre réduite.

En Europe, l’inflation progresse de 3,4% sur un an en raison de facteurs exceptionnels (fin de la réduction de la TVA en Allemagne, report de la période des soldes, pétrole) et des problèmes de congestion sur le commerce mondial. Un conteneur de 12 mètres coûte 14'800 dollars pour un Rotterdam-Shanghai, en hausse de 568% sur un an. Les pénuries sur les composants et les matières premières (puces électroniques, bois) ont ainsi conduit au doublement de l’inflation sur les biens hors-énergie. A cela s’ajoute le triplement du prix du gaz et de l’électricité qui pourrait ajouter entre 0,5 et 1 point d’inflation supplémentaire. Leur prix élevé persistera cet hiver ce qui pèsera sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Cela amène les gouvernements à proposer des solutions: chèque énergie de 100 euros en France, baisse de la TVA de 21% à 10% sur l’énergie en Espagne et crédit d’urgence au Royaume-Uni.

Quelles seront les implications d’une telle dynamique ? En cette fin d’année, les taux d’inflation augmenteront aux États-Unis et en Europe avant de décélérer en 2022 à respectivement 3,2% et 2,1%. Le choc d’inflation est temporaire mais trop important pour être ignoré par les banques centrales. Celle d’Angleterre pourrait augmenter son taux directeur fin 2021, celle américaine annoncera un tapering en novembre et la BCE discutera en décembre de la fin de ses rachats d’actif pandémie. Surtout, les gouvernements pourraient être contraints de réagir: (i) en limitant la perte de pouvoir d’achat des ménages liée à la hausse de l’inflation par de nouveaux soutiens budgétaires, (ii) en accélérant la transition énergétique lors de la COP26 de novembre, ce qui pourrait augmenter la volatilité de l’inflation. Après la hausse des prix de l’énergie, la congestion sur le commerce mondial et les premières tensions sur les loyers, les gouvernements seront amenés à réagir à ces trois signaux d’alerte, à quelques mois d’échéances politiques majeures aux États-Unis, en France, au Brésil et au Japon.

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