Dans tous les secteurs se trouvent des entreprises au succès économique et boursier remarquable. Leur point commun: avoir réussi grâce à leur innovation. Certaines se sont distinguées en créant de nouveaux produits, d’autres en inventant des procédés de fabrication plus efficaces, d’autres encore en mettant au point une nouvelle logistique ou de nouvelles méthodes de commercialisation. Dans tous les cas, ces sociétés sont parvenues à se créer un avantage concurrentiel majeur et durable en améliorant leur rentabilité, principal levier de performance boursière dans la durée.

Pourtant, toute innovation n’est pas synonyme de succès. Les innovations «ratées», n’ayant pas trouvé leur public, sont également nombreuses. Dans certains cas, celles-ci ont mal répondu aux besoins du marché. Parfois, les consommateurs n’étaient tout simplement pas prêts pour l’innovation qui leur était proposée. Les entreprises réputées pour leurs succès ont elles-mêmes subi d’importants échecs: on peut penser au réseau social Google+ ou encore au système Windows Vista de Microsoft.

Innover est donc souvent une question d’efforts, d’échecs et d’ajustements. Nespresso en est le parfait exemple: à partir d’une idée technique pour renforcer le goût du café, ses créateurs ont mis des années à mettre au point une machine adaptée, puis une décennie supplémentaire pour identifier la bonne façon de commercialiser cette machine et ses capsules.

Trouver la bonne innovation ne suffit donc pas, encore faut-il réussir sa mise en œuvre. Amazon n’a pas été la seule société à vouloir moderniser la vente par correspondance avec l’émergence d’Internet dans les années 1990. Néanmoins, la société s’est distinguée de ses concurrents en réalisant des investissements exceptionnels et en innovant de manière constante: livraison en un temps record, commande en un clic, lancement du Kindle, diversification dans le cloud, etc.

Une question se pose néanmoins : comment investir dans des entreprises innovantes au bon moment, avant leur décollage boursier? Une chose est sûre: les meilleurs candidats sont, dans un premier temps, méconnus et difficiles à repérer. Il faut donc mettre la recherche de l’innovation au cœur de l’approche, échanger avec les dirigeants d’entreprises et étudier leurs projets avec attention pour trouver de futurs gagnants à des cours attractifs.

Ce travail nécessite une grande ouverture d’esprit. Etudier l’innovation, c’est faire face à des concepts nouveaux, parfois étranges, difficiles à appréhender. L’innovation apparaît surtout là où on ne l’attend pas. Il faut donc reconnaître que les choix inattendus de certaines entreprises sont parfois des innovations majeures pour leur marché. Cette méthode n’est bien sûr pas exempte de risques : les projets prometteurs peuvent se révéler décevants. Mais cette stratégie est également le moyen de sélectionner les entreprises qui connaîtront ensuite un solide parcours.

Enfin, puisque toutes les innovations ne se valent pas, identifier les plus prometteuses d’entre elles nécessite de faire le tri. Pour cela, il est important d’avoir recours à l’analyse quantitative, bien sûr, mais aussi à l’analyse fondamentale, indispensable pour identifier ce qui compte et n’est parfois pas mesurable: il s’agit ici de traduire en chiffres et modéliser des éléments qualitatifs déterminants. Car l’innovation ne se limite pas à de bonnes idées: elle doit se traduire jour après jour par de bonnes décisions et se transformer en bons résultats. L’analyse de la rentabilité des capitaux et des flux de trésorerie doit par exemple permettre de valider le modèle économique de l’entreprise et sa mise en œuvre dans la durée, tout en vérifiant que la valorisation de l’entreprise sur le marché est cohérente avec ses perspectives futures.

En effet, n’oublions jamais l’importance de bien valoriser le potentiel d’une innovation pour ne pas la surpayer. Les dernières années boursières ont été très clémentes envers certaines valeurs de croissance, soutenues par les taux bas et la recherche de valeurs-refuges lors de la pandémie de COVID-19. Depuis le début d’année 2022, la plupart des valeurs qui avaient connu des parcours exceptionnels reviennent sur des niveaux de valorisation beaucoup plus bas. Ce «retour sur terre» est désormais créateurs d’opportunités, rendant à nouveau attractifs des titres qui ne l'étaient plus depuis des années, tout en continuant de présenter un excellent profil pour les années à venir.

Les investisseurs ont donc tout intérêt à diversifier leurs placements en se tournant vers ce type de stratégie: à long terme, l’innovation s’avère être le plus durable des créateurs de valeur.