Se protéger contre les tempêtes sur les marchés émergents

Peter Kashanek & Jason Williams, Lazard Asset Management

7 minutes de lecture

Suite à une longue période de sous-performance entamée en 2010, l’attrait pour les marchés émergents a repris des couleurs. 

Une succession de vents contraires s’est abattue sur cette classe d’actifs, depuis les difficultés rencontrées par le Brésil et la Turquie ces dernières années jusqu’aux événements extraordinaires qui ont émaillé la Chine et la Russie ces 12 derniers mois. Toutefois, l’anticipation des risques macroéconomiques, susceptibles d’être particulièrement aigus dans les marchés émergents, peut avoir des effets délétères sur les rendements. Nous pensons qu’une approche systématique qui neutralise l’impact des expositions macroéconomiques et se concentre sur les moteurs fondamentaux des actions des marchés émergents peut offrir sur le long terme des rendements plus réguliers que de nombreuses autres approches. Et ceci, tout en permettant aux investisseurs d’exploiter tout le champ des opportunités offertes par cette classe d’actifs avec des rendements actifs nettement moins volatils.

Si, au cours des cycles précédents, les rendements des marchés émergents ont surpassé ceux des actions des pays développés, ces rendements peuvent s’avérer plus volatils. Depuis 1987, les marchés émergents ont enregistré une performance de 10,2% avec une volatilité de 22,1%, contre une performance de 8,5% et une volatilité de 14,8% pour les pays développés. De même, en raison d’une plus grande instabilité institutionnelle, les replis s’avèrent souvent davantage marqués ce qui peut donner lieu à des chocs macroéconomiques et politiques plus intenses. Depuis la crise du peso mexicain en 1994, à de nombreuses reprises la sous-performance individuelle des pays émergents a été nettement supérieure à 20%, alors que parmi les pays développés, la fréquence de ces épisodes a été beaucoup moins élevée et les pertes associées beaucoup moins importantes (Figure 1). 

Figure 1: Les bouleversements macro affectent plus durement les marchés émergents que les pays développés

Au 31 mars 2022. Période: 1996 à aujourd’hui.
Ce graphique illustre la performance relative d’une sélection de pays par rapport à celle de l’indice MSCI Emerging Market au cours d’une année civile donnée. N’inclut que les pays qui représentent plus de 0,5% de l’indice des ME. Les barres surlignées en vert désignent des exemples récents.
Source:  Lazard, S&P Global BMI, MSCI, FactSet

Par ailleurs, le retrait spectaculaire d’un seul pays de cette classe d’actifs (entraînant des pertes de 100% pour les investisseurs) serait impensable pour les pays développés.

L’écart-type des rendements étant susceptible d’être plus important entre les marchés émergents et les pays développés, il est souvent plus difficile pour les gestionnaires actifs d’isoler les rendements de la sélection pure des actions. La concentration de leur portefeuille sur un pays ou une région, qu’elle soit intentionnelle ou non, peut affecter les rendements de manière disproportionnée. Cet enjeu n’a cessé de gagner en importance ces 30 dernières années, dans le contexte d’expansion rapide des marchés émergents. L’hétérogénéité grandissante de cette classe d’actifs et la disparité de ses moteurs économiques renforcent l’importance de la gestion du risque pays (et par extension du risque de change) au niveau du portefeuille. Depuis la création par MSCI de ses premiers indices de marchés émergents en 1987, le nombre de pays dans l’univers d’investissement est passé de 10 à 24, le nombre de titres augmentant de 269 à 1398. Totalisant seulement 1% de la capitalisation boursière mondiale en 1987, les marchés émergents en représentent aujourd’hui 12%.

Limiter les écarts par rapport à l’indice de référence 

L’indice MSCI Emerging Markets ayant perdu 25% par rapport à l’indice MSCI World depuis fin 2020, prolongeant ainsi de manière spectaculaire la sous-performance enregistrée depuis 2010, la question se pose à nouveau pour de nombreux investisseurs de savoir si le moment est bien choisi pour investir dans cette classe d’actifs. Et de fait, les valorisations, au niveau de l’indice pondéré, apparaissent attrayantes par rapport au MSCI World, au vu des niveaux comparables des rendements sous-jacents des entreprises. En effet, au 31 mars 2022, l’indice MSCI EM affichait un ratio prix/bénéfices de 21,1x et un ratio price/book de 3,2x, soit une décote de 30% et 43%, respectivement, par rapport à l’indice MSCI World.
Si des analyses empiriques montrent qu’une baisse des valorisations des actions précède généralement une reprise des rendements, les investisseurs ont déjà vu leurs espoirs déçus par des rebonds des marchés émergents, comme en 2016, lorsque les actifs se sont redressés à court terme pour ensuite repartir à la baisse. Plutôt que de s’essayer à anticiper les événements de marché ou à contourner la volatilité en sélectionnant et sur/sous-pondérant des régions ou des pays spécifiques, nous pensons qu’il vaut mieux limiter les écarts par rapport à l’indice de référence. Tout ceci en contrôlant les expositions aux industries, secteurs, pays et capitalisations boursières, compte tenu du caractère hautement cyclique de la performance de ces facteurs qui pourrait conduire à une volatilité accrue des rendements (Figure 2).
Figure 2: Les convictions centrées sur un facteur macro ou style unique peuvent engendrer des rendements volatils

Au 31 décembre 2021
1 MSCI Emerging Markets Value Index
2 MSCI Emerging Markets Growth Index
3 MSCI Emerging Markets Large Cap Index
4 MSCI Emerging Markets Small Cap Index
5 MSCI EMF – Information Technology Index
6 MSCI EMF – Consumer Staples  Index
7 MSCI Brazil
8 MSCI Korea

A titre d’illustration uniquement.  Ces informations ne sont pas représentatives d’un produit ou d’une stratégie gérée par Lazard. Les indices ne sont pas gérés et ne comportent pas de frais.  On ne peut pas investir directement dans un indice. La performance est basée sur l’écart de rendement avec l’indice sur 24 mois glissants. Les performances indiquées représentent des performances passées. La performance passée n’est pas un indicateur fiable des résultats futurs.

Source: Lazard, MSCI

Notre expérience montre qu’il est possible de générer des surcroîts de rendement moins volatils et plus réguliers sur le long terme, quelle que soit la direction prise par les marchés émergents, lorsque les facteurs de risque macro sont neutralisés de cette manière et que la sélection des titres bottom-up est le principal moteur de ces rendements (Figure 3).

Figure 3: La neutralisation des facteurs de risque macroéconomiques et la concentration sur les facteurs fondamentaux génèrent de meilleurs résultats

 

Au 28 février 2022- Indique la valeur ajoutée de Lazard Emerging Markets Equity Advantage par rapport à l’indice MSCI Emerging Markets. Performance présentée brute de frais en USD. La performance passée n’est pas un indicateur fiable des résultats futurs.
Source: Lazard.
Une sélection bottom-up génère des surcroîts de rendement plus réguliers

L’application d’un processus de sélection d’actions quantitatif bottom-up pur fondé sur les données fondamentales sur un large éventail d’opportunités peut déboucher sur un choix de titres fructueux, et générer en conséquence des surcroîts de rendement positifs, sur des cycles de marché complets. Une gestion de portefeuille se concentrant de façon cohérente sur les principaux moteurs de rendement des cours boursiers, tout en maintenant une exposition équilibrée aux principaux facteurs (valeur, croissance, qualité et sentiment) garantit qu’aucun facteur ou style unique ne prévaudra sur les rendements dans le temps.
Une sélection de titres basée sur un processus d’investissement quantitatif évaluant chaque action au prisme de ses données fondamentales par rapport à ses concurrentes au sein d’un secteur, d’une industrie et dans un contexte mondial, permet d’obtenir une évaluation réaliste de l’attrait relatif d’une société. Les investisseurs pourront alors se fonder sur celle-ci pour maximiser leur exposition aux titres les plus attrayants au sein de l’indice, de manière à ce que la sélection des titres génère des surcroîts de rendement constants et cumulatifs, à la différence des facteurs de marché.
Nous pensons que les approches quantitatives de la sélection des actions (exploitant systématiquement les sources de rendement attrayantes) sont convaincantes, en particulier pour l’investissement dans les marchés émergents. Bien que de telles approches d’investissement puissent s’appliquer à d’autres segments du marché mondial des actions, elles sont particulièrement efficaces avec les marchés émergents, car la profondeur et l’étendue de cette classe d’actifs et l’hétérogénéité des pays qui la composent donnent lieu à de plus grandes inefficiences de marché et à des opportunités découlant d’anomalies de cours.

Des événements notables qui ont secoué les marchés, comme la bulle technologique de 2000 et la crise financière mondiale de 2008-2009, ont renforcé l’importance et la valeur de deux enjeux centraux de cette approche d’investissement: la sélection des titres doit être guidée par un ensemble équilibré de données d’investissement et les décisions d’investissement doivent être pragmatiques et objectives. Cette approche garantit une transparence totale du processus et cherche à éviter les inconvénients souvent associés aux modèles de «boîte noire» de l’investissement quantitatif.
Notre approche nous permet d’analyser quotidiennement de façon systématique environ 3500 actions dans le monde, de maintenir une opinion d’investissement actualisée en permanence pour chacune d’entre elles et de mettre en œuvre les décisions d’investissement qui, selon nous, apporteront une réelle valeur ajoutée et répondront aux exigences spécifiques des clients, y compris concernant les considérations environnementales, sociales et de gouvernance. Nos capacités croissantes en matière de science des données alternatives garantissent que les sources d’information que nous utilisons pour évaluer les moteurs sous-jacents des rendements des actions restent pertinentes, complètes et solides, tout en offrant de nouvelles possibilités d’amélioration cumulative des surcroîts de rendement.
Selon nous, les valorisations actuelles, les tendances démographiques favorables à long terme et le niveau plus élevé d’inefficiences de marché qui prévalent sur les marchés émergents constituent des arguments convaincants en faveur de cette classe d’actifs. Toutefois, l’investissement dans les marchés émergents en particulier exige une gestion rigoureuse des risque liés aux pays et aux devises. Notre processus vise à neutraliser l’impact de ces risques et d’autres risques macroéconomiques sur les rendements relatifs du portefeuille, afin de protéger les investisseurs contre les turbulences qui émaillent couramment les marchés émergents et de garantir que les surcroîts de rendement réguliers proviennent d’une véritable connaissance des titres.
Le présent article de Lazard Asset Management Suisse SA ("LAM") est une information marketing qui a un caractère purement informatif et ne constitue pas une recommandation d'investissement ou une offre d'achat. Cet article est basé sur des données et des informations que LAM considère comme fiables. LAM ne peut toutefois pas garantir l'exactitude ou la précision de ces données. Les déclarations prospectives présentées ici constituent une évaluation à la date de cet article. Les opinions exprimées dans cet article peuvent changer sans préavis. Ni LAM ni ses sociétés associées n'assument une quelconque responsabilité quant à l'utilisation de cet article ou de son contenu. Les déclarations prospectives comportent des éléments importants de jugements et d'analyses subjectifs ainsi que des modifications de ceux-ci et/ou la prise en compte de divers facteurs supplémentaires qui pourraient avoir un impact matériel sur les résultats mentionnés. Les résultats réels peuvent donc différer sensiblement de ceux présentés ici. Ni cet article, ni son contenu, ni aucune copie de cet article ne peuvent être modifiés de quelque manière que ce soit, ni distribués ou transmis à des tiers sans l'autorisation expresse préalable de LAM. Lazard Asset Management Suisse SA, Usteristraße 9, CH-8001 Zurich.

 

AVIS IMPORTANT:

 

Publié le 5 avril 2022
FTSE International Limited («FTSE») © FTSE [2019]. «FTSE®» est une marque de commerce des sociétés du London Stock Exchange Group et est utilisé par FTSE International Limited sous licence. Tous les droits relatifs aux indices FTSE et/ou aux notations FTSE appartiennent à FTSE et/ou à ses concédants de licence. FTSE et ses concédants de licence se désengagent de toute responsabilité quant à toute erreur ou omission dans les indices FTSE et/ou les notations FTSE ou les données sous-jacentes. Aucune autre distribution des données FTSE n’est autorisée sans le consentement écrit exprès de FTSE.
Certaines informations incluses dans le présent document sont dérivées par Lazard en partie d’un ou de plusieurs indices MSCI (les «données de l’indice»). Toutefois, MSCI n’a pas examiné ce produit ou ce rapport, et ne cautionne ni n’exprime aucune opinion concernant ce produit, ce rapport, toute analyse ou autre information contenue dans ce document, l’auteur ou la source de ces informations ou analyses. MSCI ne fournit aucune garantie ou déclaration expresse ou implicite et n’assume aucune responsabilité quant aux Données de l’indice ou aux données qui en sont dérivées. Les Données de l’indice MSCI ne peuvent être redistribuées ou utilisées comme base pour d’autres indices ou pour des titres ou des produits financiers.
L’indice S&P («l’indice») est un produit de S&P Dow Jones Indices LLC et/ou de ses sociétés affiliées et a été utilisé sous licence par Lazard Asset Management LLC. Copyright © 2019 par S&P Dow Jones Indices LLC, une filiale de The McGraw-Hill Companies, Inc. et/ou ses sociétés affiliées. Tous droits réservés. La redistribution, la reproduction et/ou la photocopie en tout ou en partie sont interdites sans l’autorisation écrite de S&P Dow Jones Indices LLC. Pour plus d’informations sur l’un des indices de S&P Dow Jones Indices LLC, veuillez consulter le site www.spdji.com. S&P® est une marque déposée de Standard & Poor’s Financial Services LLC et Dow Jones® est une marque déposée de Dow Jones Trademark Holding LLC. Ni S&P Dow Jones Indices LLC, ni Dow Jones Trademark Holdings LLC, ni leurs sociétés affiliées, ni leurs concédants de licence tiers ne font de déclaration ou ne donnent de garantie, expresse ou implicite, quant à la capacité d’un indice à représenter avec précision la classe d’actifs ou le secteur du marché qu’il est censé représenter, et ni S&P Dow Jones Indices LLC, ni Dow Jones Trademark Holdings LLC, ni leurs sociétés affiliées, ni leurs concédants de licence tiers ne sont responsables des erreurs, omissions ou interruptions d’un indice ou des données qu’il contient.
Ce document est fourni par Lazard Asset Management LLC ou ses sociétés affiliées («Lazard») à des fins d’information uniquement. Rien dans le présent document ne constitue un conseil en investissement ou une recommandation concernant un titre, des matières premières, un produit dérivé, un service de gestion des investissements ou un produit d’investissement. Les investissements dans les titres, les produits dérivés et les matières premières comportent des risques, leurs prix fluctuent et ils peuvent entraîner des pertes. Certains actifs détenus dans les portefeuilles d’investissement de Lazard, en particulier les portefeuilles d’investissement alternatifs, peuvent comporter des degrés élevés de risque et de volatilité par rapport à d’autres actifs. De même, certains actifs détenus dans les portefeuilles d’investissement de Lazard peuvent se négocier sur des marchés moins liquides ou moins efficaces, ce qui peut affecter la performance des investissements. La performance passée ne garantit pas des performances futures.
Ce document est destiné uniquement aux personnes résidant dans des juridictions où sa distribution ou sa disponibilité est conforme aux lois locales et aux autorisations réglementaires locales de Lazard. Les entités de Lazard qui ont émis ce document sont énumérées ci-dessous, ainsi que les limitations importantes de leurs activités autorisées.