Retraites: encore un déficit de 654 milliards sans nouvelle réforme

AWP

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Après l’adoption l’année dernière de la réforme AVS 21, qui a relevé l’âge de départ en retraite des femmes à 65 ans, le déficit devrait se réduire à 654 milliards de francs, ou environ 90% du produit intérieur brut (PIB) de 2019.

Le déficit de financement du 1er pilier du système de retraite helvétique reste «énorme», en dépit de l’acceptation de la réforme AVS 21. En relevant d’avantage l’âge de départ à la retraite, il est cependant possible de combler, voire d’effacer complètement ce trou, selon les experts en prévoyance d’UBS et de l’Université de Fribourg en Allemagne.

Après l’adoption l’année dernière de la réforme AVS 21, qui a relevé l’âge de départ en retraite des femmes à 65 ans, le déficit devrait se réduire à 654 milliards de francs, ou environ 90% du produit intérieur brut (PIB) de 2019. Il y a quatre ans, ce déficit se montait encore à 1165 milliards, a précisé UBS dans une étude publiée mardi.

Grâce aux précédentes réformes, «les finances du 1er pilier seront dans le vert jusqu’en 2030 environ. Mais, sans mesures supplémentaires, les déficits vont réapparaître», a averti la banque aux trois clés.

Les spécialistes ont évalué plusieurs scénarios de report de départ à la retraite. Un relèvement progressif à 66 ans pour les deux sexes d’ici 2028 réduirait ainsi le débours de financement à 380 milliards de francs. Encore repoussé à 67 ans d’ici 2040, il reculerait à 130 milliards.

En tenant compte de l’amélioration de l’espérance de vie et en augmentant progressivement l’âge de référence (AR) à 67,8 ans d’ici 2070, le déficit n’attendrait plus que 30 milliards. Et en passant l’AR à 68,2 ans, toujours à l’horizon 2070, l’AVS afficherait même un excédent de 100 milliards.

«Il est clair que tout le monde ne peut pas travailler plus longtemps. Les modèles d’âge de référence dynamiques peuvent prendre en compte des facteurs tels que l’espérance de vie, le stress physique et mental au travail ou le niveau d’éducation», a détaillé Karen Rudolph, doctorante à l’Université de Fribourg-en-Brisgau.

D’autres pays sont déjà précurseurs

Selon Veronica Weisser, économiste et experte en prévoyance chez UBS, «une réforme de l’âge de départ en retraite est importante» en raison du déficit de financement du système actuel. Relever les impôts et les cotisations pénaliserait les jeunes générations, alors qu’abaisser les rentes ou freiner leur progression pèserait sur les anciennes génération. L’augmentation de l’AR permettrait par contre de préserver le pouvoir d’achat de toutes les tranches d’âge, a-t-elle estimé.

Au-delà de 65 ans, les Suisses profitent par ailleurs, en comparaison internationale, de la plus longue espérance de vies, soit 22,2 ans selon les statistiques de 2020, alors que l’AR se situe dans le bas de la fourchette. Le Danemark a ainsi opté pour un AR de 74 ans, tandis que l’espérance de vie de plus de 65 ans se situait à 19,3 ans. En Italie, l’AR sera relevé à 71 ans pour une espérance de vie de 20,9 ans, a illustré UBS.

L’évolution démographique en Suisse rend une réforme inévitable avec la stagnation de la natalité dans le pays, avertit Jackie Bauer, également économiste et experte en prévoyance chez UBS. Actuellement, on compte statistiquement 1,5 enfant par femme, mais il faudrait trois enfants pour assurer les retraites actuelles et cinq enfants pour combler le déficit actuel, a-t-elle calculé.

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