Environ deux tiers des participants à l’étude sur l’opinion de la population concernant le 2e pilier et la retraite, réalisée par AXA IM, considèrent qu’une réforme de la prévoyance vieillesse est nécessaire.
- La majorité des Suisses sont contents de partir à la retraite
- Les personnes interrogées pensent ne toucher que 53% du dernier salaire lors de leur retraite
- Les frais médicaux et de logement sont les postes les plus importants du budget de retraite
Pour la douzième fois, AXA Investment Managers Suisse a mené une étude sur l’opinion de la population suisse concernant le 2e pilier et la retraite. Le thème général de l’étude est l’autonomie après la retraite. Comme l’année dernière, le moniteur de retraite de cette année tient compte des assurés des caisses de pension et de l’ensemble de la population.
L’étude révèle les éléments suivants: la majorité des Suisses se réjouissent de partir à la retraite. Ce sentiment dépend de l’évaluation de leur couverture financière à la retraite. En ce qui concerne leur budget de retraite, les personnes interrogées estiment qu’il est plus important d’avoir suffisamment d’argent pour les frais médicaux et de logement. Environ deux tiers considèrent qu’une réforme de la prévoyance vieillesse est nécessaire, et les actifs souhaitent partir plus tôt à la retraite que l’âge moyen actuel. L’épargne du pilier 3a reste la mesure la plus populaire pour couvrir les besoins financiers à la retraite.
En règle générale, la population suisse se réjouit du départ à la retraite. Sur une échelle de 1 (très triste) à 10 (très heureux), la moyenne autodéclarée des femmes et des hommes se situe à 7,7. Il existe cependant des différences importantes en fonction du degré d’activité professionnelle. Avec une moyenne de 7,4 et 6,9, les personnes travaillant à temps partiel et les non-actifs se déclarent nettement moins enthousiastes que les actifs occupant un poste à temps plein (7,9). L’envie de partir à la retraite dépend également du pouvoir d’achat et de la couverture financière dont ils disposent pour la retraite: les personnes n’étant pas suffisamment couvertes sur le plan financier ou qui ne peuvent pas épargner envisagent le départ à la retraite avec des sentiments mitigés. Les femmes et les personnes âgées de moins de 65 ans déclarent disposer d'une couverture financière nettement plus faible que les hommes et les personnes déjà retraitées.
Quel pourcentage de leur dernier salaire les personnes interrogées pensent-elles percevoir après le départ en retraite? Elles pensent que la rente de l’AVS et de la caisse de pension représentera en moyenne environ 53% de leur dernier salaire, un montant nettement inférieur à leur attente en 2014, qui représentait 65% du dernier salaire. Werner E. Rutsch, membre du directoire d’AXA Investment Managers Suisse, précise: «Les attentes concernant les prestations financières des 1er et 2e piliers ont constamment baissé ces dernières années et ont atteint un point bas depuis le début de nos mesures en 2011. Ceci est dû, d’une part, à la baisse des taux de conversion et à la prise de conscience des problèmes structurels auxquels sont confrontées les caisses de pension; d’autre part, au contexte économique et politique difficile au moment de l’enquête (seconde moitié du mois de mai), qui a assombri le moral des participants à l’étude.»
60% des femmes et 67% des hommes épargnent en plus de l’AVS et/ou de la caisse de pension. Les personnes âgées de 18 à 64 ans épargnent davantage que les retraités actuels au même âge. Plus la charge de travail et le pouvoir d’achat sont élevés, plus il y a d’épargne. Lorsque les personnes interrogées souhaitent augmenter leur capital de prévoyance, elles optent en premier pour le 3e pilier. Le compte d’épargne figure en deuxième position, suivi des versements volontaires à la caisse de pension et du logement en propriété.
Quels sont les postes de dépenses lors de la retraite? 81% des personnes interrogées estiment qu’il est important d’avoir suffisamment de moyens pour la médecine, la santé et les soins. 65% veulent pouvoir conserver leur logement locatif, 55% souhaitent pouvoir conserver leur logement en propriété ou acheter une propriété immobilière. Parmi les autres postes, on retrouve les voyages, l’héritage laissé aux descendants et la poursuite de l’épargne. Pour les personnes avec un faible pouvoir d’achat, la conservation du logement locatif est le plus important, suivi de la santé. Si des économies sont nécessaires, les personnes interrogées pensent plutôt moins dépenser pour les produits de luxe, les associations caritatives et la formation continue. Elles ne pensent pas pouvoir économiser sur les frais médicaux et de logement.
Un référendum sur la réforme de la prévoyance vieillesse sera organisé cette année. D’après Werner E. Rutsch, «68% des hommes et 62% des femmes estiment qu’une réforme de la prévoyance vieillesse est nécessaire. Reste à voir si cela se traduira par l’acceptation d’un âge de départ à la retraite plus élevé pour les femmes. 62% des 18-39 ans pensent qu’une réforme de la prévoyance vieillesse est nécessaire, ce taux atteint 66% chez les 40-64 ans et 67% chez les retraités.
L’âge moyen de départ à la retraite était de 65,1 ans en 2021, d’après l’Office fédéral de la statistique. En moyenne, les femmes et les hommes non retraités indiquent souhaiter partir à la retraite à 62 ans. Il existe des différences significatives entre les catégories d’âge: les 18-39 ans souhaitent partir à la retraite à 61 ans, les 40-64 ans à 63 ans et le groupe d’actifs le plus âgé (65 ans et plus) ne voudrait être à la retraite qu’à 68 ans. Toutes ces déclarations dépassent d’un à deux ans les âges indiqués dans l’étude de l’année précédente. Les personnes actives interrogées souhaitent donc un âge de départ à la retraite plus élevé que l’an dernier, bien qu’il soit inférieur de 3,1 ans à l’âge moyen réel de départ à la retraite.
Si les personnes interrogées devaient prendre leur retraite aujourd’hui, 46% souhaiteraient percevoir leur avoir de prévoyance sous la forme d’une rente mensuelle, 27% souhaiteraient un mélange entre une rente et un versement unique, et 17% opteraient pour le versement unique complet. Le nombre de personnes souhaitant percevoir un versement unique complet à la retraite est passé de 28 à 17% au cours de l’année. Les rentes mensuelles et le versement unique partiel sont plus populaires. Werner E. Rutsch explique: «L’année dernière, l’évolution boursière a été à l’origine d’une hausse significative du nombre de personnes qui auraient opté pour un versement unique. Cette année, la guerre en Ukraine, les marchés d’actions agités et la hausse de l’inflation ont atténué l’appétit pour le versement unique.»
Le moniteur de retraite d’AXA Investment Managers Suisse s’est également interrogé sur la manière dont les assurés entrent en contact avec leur caisse de pension. En cas de questions sur le capital vieillesse, un changement d’emploi ou un certificat d’assurance, 59% des personnes interrogées appellent leur caisse de pension ou lui écrivent. Près de la moitié des personnes interrogées, et surtout les plus jeunes, effectuent des recherches sur Internet, 47% demandent à leur employeur et 43% se renseignent auprès de leurs amis et de leur famille. Seulement 30% consultent le site Internet de la caisse de pension. 44% des assurés – dont 30% des personnes âgées de plus de 65 ans – n’ont jamais eu de contact personnel avec leur caisse de pension. Par rapport aux années précédentes, on constate que davantage de personnes cherchent un contact direct avec leur caisse de pension.
Près de trois quarts des personnes interrogées (71%) déclarent obtenir chaque année une attestation d’assurance de leur caisse de pension. 80% la reçoivent au format papier, seulement 17% déclarent pouvoir télécharger leurs documents via un portail Internet. Moins de la moitié des personnes interrogées indiquent lire attentivement l’attestation d’assurance, la plupart la parcourent rapidement ou ne la regardent pas du tout, en particulier les jeunes.
Werner E. Rutsch conclut ainsi: «L’anticipation de la retraite dépend largement des moyens financiers disponibles. Le fait que les personnes interrogées accordent une place prépondérante au logement dans le budget de la retraite donne matière à réflexion quant à la propriété du logement. De nombreux assurés sont contraints de percevoir leur capital sous forme de versement unique au moment du départ à la retraite parce qu’ils doivent amortir leurs hypothèques en raison de l’évolution des revenus. Cela peut avoir un impact négatif sur la sécurité financière à la retraite.»