La Suisse a besoin d’une banque pour les investissements durables, selon Foraus

AWP

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La «Swiss Green Investment Bank» pourrait protéger les investissements contre les risques économiques, politiques et liés aux projets, ou encore amortir les fluctuations monétaires, estime le groupe de réflexion présidé par Anna Stuenzi.

Le groupe de réflexion Foraus propose à la Suisse de créer une banque pour promouvoir les investissements durables. Celle-ci pourrait réduire les risques et les incertitudes lors de l’investissement dans des projets de protection du climat, afin que davantage de fonds privés soient mobilisés.

Concrètement, la «Swiss Green Investment Bank» (SGIB) pourrait protéger les investissements contre les risques économiques, politiques et liés aux projets, ou encore amortir les fluctuations monétaires. Cette proposition a été présentée dans une étude publiée mardi par le groupe de réflexion de politique étrangère Foraus, présidé par Anna Stuenzi.

La banque pourrait ainsi rendre les projets et les placements plus intéressants pour les acteurs financiers privés et ainsi stimuler le financement de la lutte contre les changements climatiques. Davantage de fonds privés pourraient être investis.

Aujourd’hui, les investisseurs sont réticents à financer de tels projets, en raison du manque d’expertise ou des risques spécifiques aux projets et au contexte national, écrit Foraus. A cela s’ajoute le fait qu’il n’existe pas en Suisse d’instruments appropriés pour les investissements privés. La Confédération octroie en effet principalement des subventions publiques.

Une SGIB permettrait de réduire ces facteurs de blocage et mettrait à disposition les outils nécessaires. Selon le groupe de réflexion, la banque pourrait également fournir aux acteurs des données sur la rentabilité, des informations sur les technologies ou des aides pour la gestion des risques pays par pays. L’établissement pourrait aussi gérer une sorte de «pipeline» de projets de protection et d’adaptation au changement climatique.

Large soutien politique

L’idée bénéficie d’un large soutien politique, notamment auprès des représentants du PLR, des Vert’libéraux, des Verts et du PS. Le conseiller national Vert’libéral Roland Fischer est d’avis qu’une telle banque permettrait effectivement de mobiliser de nombreux fonds privés.

Le vice-président du PS et conseiller national vaudois Samuel Bendahan est lui convaincu que la place financière est l’un des principaux leviers de la Suisse sur la question climatique. «Il est de notre responsabilité que le secteur financier serve le bien commun. Une banque d’investissement avec des objectifs sociaux et environnementaux serait un instrument parfait dans ce sens».

Selon le communiqué, une intervention parlementaire réunissant plusieurs partis est actuellement en préparation pour la session de printemps.

Nouvelle banque ou banque existante

De telles «Green Investment Banks» existent déjà dans d’autres pays, comme l’Allemagne, l’Ecosse, ou aux Etats-Unis. Selon Foraus, la version suisse se distinguerait par son orientation internationale et non pas nationale, ce qui serait une innovation. La SGIB pourrait être intégrée en tant que département au sein d’un établissement existant ou alors être créée en tant que nouvelle banque.

Foraus pourrait en outre imaginer que les tâches d’une telle banque soient remplies sous la forme d’un champ d’activité supplémentaire de la société financière de développement de la Confédération (Sifem). Avec cet instrument, la Confédération mobilise depuis longtemps des fonds dans le secteur privé, soutenant ainsi par des prêts remboursables ou des participations des petites et moyennes entreprises, ainsi que des sociétés à croissance rapide dans les pays en voie de développement.

En ratifiant l’Accord de Paris, la Suisse s’est engagée à orienter ses flux financiers de manière à ce qu’ils soient compatibles avec la protection du climat. Selon les auteurs de l’étude, une telle banque apporterait de nouvelles impulsions pour que la Suisse puisse apporter sa contribution au financement international de la lutte contre le changement climatique.

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