Anna Stünzi, présidente du think tank foraus, promeut la finance numérique durable.
De grand espoirs reposent sur les 382 fintechs recensées en Suisse. La dernière publication du think tank foraus* explique comment ces start-ups pourraient devenir le pivot de la finance durable. Selon la présidente Anna Stünzi, la durabilité est un territoire encore peu exploré par les fintechs helvétiques, alors qu’elles pourraient assumer une fonction centrale dans l’intégration de cette question dans le secteur financier. Entretien.
Le secteur financier a un rôle clé́ à jouer dans l’accomplissement des objectifs fixés dans l’Agenda 2030 des Nations Unies et par l’Accord de Paris sur le climat. Et pour cela, le recours aux nouvelles technologies est indispensable. Les acteurs suisses ont été des pionniers dans le domaine de la finance durable. Avec ses excellentes universités et son haut niveau d'innovation, le pays est bien équipé pour développer des solutions financières numériques intelligentes. Avec le projet «Sustainable FinTech», foraus a proposé la combinaison de fintech et de durabilité dès 2017 pour véhiculer une nouvelle image de la place financière suisse.
Notre étude du paysage actuel de la finance numérique durable en Suisse permet de constater que, fin 2020, seules 26 fintechs étaient axées sur la durabilité́, ce qui ne représente que 7% de l’ensemble des fintechs suisses. Conformément au rôle important joué par la Suisse dans la gestion de fortune internationale, la plupart des fintechs suisses durables offrent des produits et des services liés à cette activité́. Nous notons toutefois que l’infrastructure bancaire, deuxième secteur d’activité́ mais le plus grand des fintechs suisses traditionnelles, semble être un marché́ inexploité́ lorsque l’objectif se rapporte au développement de solutions bancaires durables innovantes. En plus, nous voyons une marge d’amélioration manifeste pour que ces fintechs suisses jouent un rôle plus important dans la mise en œuvre de l’Agenda de développement durable.
Premièrement, amener une meilleure convergence des politiques et des stratégies dans les domaines de la finance, de la numérisation et de la durabilité́. Puis, encourager les collaborations entre les établissements financiers suisses et les fintechs. Troisièmement, identifier les demandes et soutenir les fintechs en ce qui concerne les questions de durabilité́. En enfin, promouvoir les échanges internationaux par des fintechs «bridges» durables avec des représentants du secteur et des régulateurs financiers.
Le Conseil fédéral a souligné à plusieurs reprises qu'il souhaitait positionner la Suisse comme un centre de la finance durable et les fintechs. C'est pourquoi le Secrétariat d'État aux questions financières internationales (SFI) a créé un réseau de fintechs vertes en 2020, en collaboration avec des représentants de la branche. En avril 2021, le réseau a présenté un plan d’action qui contient 16 propositions. Les propositions de notre publication sont complémentaires. Et il ne faut pas oublier que notre mapping se réfère à tous les aspects de la durabilité, et pas seulement à l'environnement. Heureusement, on peut aussi observer que ces dernières années ont également été marquées par des développements très prometteurs dans le domaine de la durabilité.