Une stratégie sur mesure pour se prémunir contre une baisse des marchés

Yves Hulmann

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Stephen Coltman, Senior Investment Manager chez abrdn, souligne l’importance d’éviter les phases de correction pour améliorer son rendement à long terme.

Les marchés des actions ont nettement rebondi depuis début janvier. Au point que certains investisseurs commencent déjà à redouter un possible trou d’air à la première déception - par exemple si les chiffres publiés par les entreprises lors de la saison des résultats ne s’avéraient pas à la hauteur des attentes ou si les banques centrales devaient suivre une politique monétaire plus restrictive que ce qui est actuellement escompté par les marchés. Pour les investisseurs qui craignent une rechute des marchés des actions, il est bien sûr possible de recourir à divers instruments de couverture tels que des options. Il existe toutefois aussi des stratégies qui ont été spécifiquement conçues pour se prémunir contre une baisse des marchés.

C’est le cas par exemple de la stratégie appelée Global Risk Mitigation (GRM) implémentée par abrdn qui vise à offrir aux clients une protection pour réduire le niveau de risque lié aux actions, en regroupant une multitude de stratégies de couverture en une seule solution. Il s'agit d'une stratégie défensive qui vise à obtenir un bêta négatif pour les actions de -0,6 ou inférieur. Cela signifie qu’en cas d’un événement de stress entraînant une baisse de 10% du marché des actions, la stratégie GRM est modélisée pour générer un rendement positif d’au moins 6%.

«En évitant les phases de correction les plus marquées, vous avez la possibilité d’améliorer sensiblement votre rendement sur la durée.»
Eviter les phases de correction les plus marquées

Pour Stephen Coltman, Senior Investment Manager au sein de l’équipe Alternatives chez abrdn, un des avantages apporté par cette stratégie tient au fait qu’elle permet deréduire le risque de perte maximale subie par les investisseurs en cas de correction sur les marchés, ce qui peut avoir un impact important sur les rendements composés sur la durée. Et de citer l’exemple théorique suivant: si une personne investit 100 dollars et que les marchés chutent ensuite de 50%, il ne lui restera plus que 50 dollars. Pour que cet investisseur récupère sa mise initiale, il faudrait que les marchés remontent de 50 dollars, ce qui nécessiterait une hausse de 100%. En combinant son exposition en actions avec la stratégie GRM – et en supposant, de manière prudente, que celle-ci parvienne à générer un rendement d’environ 20%, la valeur de marché du portefeuille détenu par l’investisseur reculerait aux environs de 70 dollars, et non pas à 50 dollars comme dans le premier exemple. Partant de 70 dollars, il suffit que les marchés rebondissent de près de 43% pour revenir à la valeur initiale de 100 dollars. «En évitant les phases de correction les plus marquées, vous avez la possibilité d’améliorer sensiblement votre rendement sur la durée», résume le spécialiste.

Les investisseurs qui redoutent une correction des marchés d’actions ne peuvent-il pas simplement se protéger en achetant des options (put) en rapport avec les marchés dans lesquels ils sont investis ? C’est effectivement possible, admet Stephen Coltman mais cela requiert un certain savoir-faire de la part des investisseurs et l’achat de ces instruments implique aussi des coûts élevés. En comparaison, avec la stratégie GRM, l’investisseur n’a besoin d’acheter qu’un seul produit. Celle-ci est constituée d’environ 30 stratégies systématiques de produits dérivés qui sont gérées activement afin de délivrer un même profil mais à un coût inférieur.

L’investisseur profite de l’effet de convexité

La stratégie GRM vise également à offrir une plus grande protection lorsque l’écart entre les marchés des actions s’accroît, un phénomène connu sous le nom de convexité. Cela signifie que plus la chute du marché des actions est importante, plus le rendement positif potentiel qui peut être généré par cette stratégie augmente. C’est une différence importante par rapport à certains produits dérivés: si vous achetez un ETF inverse, un tel instrument vous protège en cas de baisse des marchés. Toutefois, lorsque ceux-ci rebondissent, vous subissez alors des pertes.

Les obligations peuvent-elles constituer une alternative pour les investisseurs qui veulent se protéger contre une éventuelle baisse des actions? Traditionnellement, les marchés obligataires globaux permettent d’atténuer les risques encourus, tout en continuant de générer des rendements positifs au sein d’un portefeuille. La forte correction survenue en 2022 sur les marchés obligataires, en même temps que les actions, montre néanmoins que les obligations n’offrent pas systématiquement un coussin de sécurité dans toutes les constellations de marchés.

GRM est disponible sous forme d’indice

A quels investisseurs cette stratégie s’adresse-t-elle – avant tout à des professionnels? «Pas nécessairement», relativise Stephen Coltman. En tant qu’indice, qui est du reste disponible sur Bloomberg, la stratégie Global Risk Mitigation est facile à suivre et à négocier, considère-t-il. Il observe aussi que l’intérêt pour recourir à des instruments de protection a augmenté depuis l’an dernier. «En 2020, la chute des marchés survenue à la fin de l’hiver en raison de la pandémie a été suivie d’un rebond très rapide. En 2022, plusieurs facteurs de crise sont venus s’ajouter les uns aux autres. Et même les investisseurs qui avaient adopté une allocation d’actifs conservatrice ont souffert de l’évolution des marchés», observe-t-il. «Nous n’encourageons pas les investisseurs à jouer le timing sur les marchés. Nous essayons plutôt de leur fournir des outils qui leur permettent d’éviter de subir des pertes en cas de turbulences sur les marchés, un aspect important pour assurer une bonne performance sur la durée», souligne-t-il.

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