Une gouvernance crédible est favorisée à court terme

Antoine Mach, Covalence SA

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Sur 1 an, les entreprises à faible risque de greenwashing en gouvernance démontrent une surperformance.

Les entreprises à risque élevé de greenwashing obtiennent-elles des résultats boursiers supérieurs ou inférieurs à celles dont le risque est jugé faible? C’est à cette question que tente de répondre cet article, en se focalisant sur les enjeux de gouvernance (le G de ESG) après avoir couvert l’environnement et le social1.

L’agence de notation Covalence a récemment développé un indicateur de risque d’écoblanchiment mesurant les écarts entre les promesses et les pratiques des entreprises sur les questions de durabilité2. Cet indicateur est obtenu en comparant un score de sentiment basé sur des données prospectives (reflet des engagements pour l’avenir), et un score de sentiment basé sur des données rétrospectives (reflet des actions passées).

En partant d’un univers de 2’500 sociétés cotées au plan international, deux groupes ont été constitués: les sociétés à faible risque de greenwashing, et les sociétés affichant un risque moyen ou élevé. Chaque groupe représente un portefeuille fictif équipondéré. La performance moyenne des deux portefeuilles a été calculée sur plusieurs périodes: 10, 5, 3 et 1 an, sans rebalancement (buy and hold).

Les sociétés à faible risque de greenwashing surperforment à court terme et sous-performent à long terme.

Sur l’environnement et le social, les sociétés à faible risque de greenwashing, c’est-à-dire celles dont les engagements pour la durabilité sont jugés crédibles et en phase avec les pratiques observées, surperforment à long-terme (10 ans) mais sous-performent à court-terme (1, 3 ans). On observe l’inverse avec la gouvernance: les sociétés à faible risque de greenwashing surperforment à court terme et sous-performent à long terme.

Sur 1 an les sociétés à faible risque de greenwashing (-1,4%) font en effet 2,5% de mieux que les sociétés risquées (-3,9%). Sur 3 ans, les sociétés crédibles se montrent encore plus avantagées, affichant une surperformance de 11,7% (27,3% vs 15,7%). Cette surperformance s’observe en particulier dans les secteurs suivants: industriel (avec par exemple FuelCell Energy Inc., Plug Power Inc., AP Moeller - Maersk A/S), consommation discrétionnaire (AutoNation, Sony Corporation, Office Depot), technologies de l’information (Shinko Electric Industries Co., Ltd., Renewable Energy Corporation ASA, Advanced Micro Devices), et énergie (Obsidian Energy Ltd, Antero Resources, Range Resources Corporation).

Sur 3 ans, ce sont seulement dans les secteurs de la santé (avec par exemple McKesson Corporation, Unitedhealth Group Inc., CVS Health Corp) et des matériaux (Freeport-McMoRan Copper & Gold Inc., Alcoa Inc., Vale SA) que les sociétés à risque de greenwashing affichent une meilleure performance supérieure.

Sur 5 ans, on n’observe pas de différence de performance entre sociétés à risque de greenwashing et les autres. En revanche, sur 10 ans, les sociétés risquées (147,6%) font 9,3% de mieux que les sociétés à faible risque (138,2%). Cette surperformance s’observe en particulier dans la santé (UnitedHealth Group Inc, Eli Lilly and Co, Anthem Inc), les technologies de l’information (Applied Materials Inc, Microsoft Corp, STMicroelectronics NV) et la finance (S&P Global Inc, Morgan Stanley, Bank of America Corp).

Sur 10 ans, pour générer de la performance avec des sociétés à faible risque de greenwashing en gouvernance, il fallait prioritairement se tourner vers les services de communication (Netflix Inc, T-Mobile US Inc, Alphabet Inc), les matériaux (Svenska Cellulosa SCA AB, Sika AG, Sherwin-Williams Co) et l’énergie (Neste Oyj, Cheniere Energy Inc, Valero Energy Corp).

Comme vu précédemment, la période actuelle semble favoriser les comportements cyniques et sanctionner les engagements sincères dans les domaines sociaux et environnementaux. En revanche, sur les questions de gouvernance, les profils de durabilité crédible et à faible risque de greenwashing sont favorisés par les marchés. On peut y voir une prime accordée aux sociétés dotées d’une stratégie de durabilité et d’une gouvernance solides, un avantage en termes de résilience et de capacité à rebondir.

 

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