Un jardin divers bien garni

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

2 minutes de lecture

La diversification transforme l’incertitude des marchés en un avantage stratégique durable.

 

Un marché sans cesse en évolution

Chaque début d’année apporte son lot d’incertitudes. Et celui de cette année ne contourne pas la règle. En effet, qui aurait pu deviner que l’or grimperait de 26% en quelques mois, ou que Nestlé, valeur phare du Swiss Market Index (SMI), s’imposerait comme l’une des grandes gagnantes de ce début d’année? À moins de disposer d’une boule de cristal, il est utopique de penser pouvoir prédire exactement quelles classes d’actifs ou quels titres tireront leur épingle du jeu. La complexité des marchés financiers, souvent amplifiée par des facteurs géopolitiques ou économiques inattendus, impose une leçon primordiale: seule une diversification rigoureuse permet de traverser sereinement les cycles économiques.

Un allié contre la volatilité

Les secousses qui rythment les marchés montrent à quel point une bonne répartition des risques est essentielle. L’année en cours en est une nouvelle démonstration: après une ascension fulgurante, les valeurs technologiques ont connu un violent retour de bâton alors que des actifs plus traditionnels comme l’or ou les obligations de qualité ont assuré un rôle de stabilisateurs. Dans un tel contexte, construire un portefeuille diversifié ne consiste pas à multiplier les paris mais plutôt à assembler des éléments complémentaires capables de réagir différemment aux aléas économiques. Cela permet ainsi de limiter l’impact des crises ponctuelles sans renoncer aux opportunités structurelles. En fin de compte, la diversification est une stratégie de résilience: elle prépare le portefeuille aux coups durs tout en lui laissant la possibilité de profiter des phases de reprise.

Il est important de relever que la diversification ne s’arrête pas à l’allocation entre classes d’actifs mais doit également s’exercer au sein même des portefeuilles. 

Semer différentes graines

La diversification s’appréhende aussi dans le choix des instruments. Il ne s’agit pas seulement de mélanger les classes d’actifs, mais de composer, comme dans un jardin (si l’on reprend le jeu de mot présent dans le titre de cet article), un ensemble équilibré dans lequel chaque élément trouve sa place. L’or conserve son statut d’actif refuge, particulièrement en période d’incertitude monétaire ou géopolitique. Les obligations Investment Grade, quant à elles, ont retrouvé leur attractivité dans un environnement de taux plus favorables, même en Suisse où celui-ci l’est moins. L’immobilier, en tant qu’actif tangible, continue d’offrir une certaine stabilité. Après une année 2022 marquée par la chute simultanée des actions et des obligations, certains se sont questionnés sur l’utilité de ces piliers traditionnels. Cependant, leur complémentarité dans un portefeuille reste cruciale.

Construire de manière durable

Il est important de relever que la diversification ne s’arrête pas à l’allocation entre classes d’actifs mais doit également s’exercer au sein même des portefeuilles. Effectivement, miser uniquement sur quelques titres emblématiques, aussi prestigieux soient-ils, expose à des déconvenues. Nestlé, par exemple, brille cette année, mais sur une période de cinq ans, sa performance reste décevante comparée à celle de l’indice suisse global. Ce constat souligne l’importance d’une large répartition: un portefeuille correctement diversifié devrait contenir 25 à 30 titres au minimum, issus de secteurs et de régions variés. Cette approche dilue le risque spécifique à une entreprise et optimise la capacité à capter les grandes dynamiques économiques mondiales. À long terme, c’est cet équilibre patient qui permet d’accumuler du rendement tout en traversant les turbulences avec plus de sérénité.

A lire aussi...