Toujours la qualité pour 2023

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Cette année devrait être marquée par une inflation toujours élevée et une croissance modérée, soit par un scénario de «stagflation».

L’année 2022, marquée par la guerre en Ukraine, les effets persistants de la pandémie et le tournant de politique monétaire, a mis à rude épreuve les investisseurs. La guerre en Ukraine a mené à un important choc d’offre, comme nous n’en avions plus connu depuis la crise pétrolière de 1973. Les prix du gaz naturel se sont envolés et les chaînes d'approvisionnement ont depuis été profondément perturbées dans certains secteurs clés. Les banques centrales ont durci leur politique monétaire en réaction à des taux d’inflation aux niveaux records. L’année 2023 devrait être plus clémente pour les investisseurs, même si des risques baissiers persistent.

Cette année 2023 devrait être marquée par une inflation toujours élevée et une croissance modérée, soit par un scénario de «stagflation». Après la forte hausse des prix de l’énergie en 2022, la volatilité sur les marchés des matières premières devrait s’atténuer. Dans ce contexte, comme les prix actuels du pétrole devraient être nettement inférieurs à ceux de l'année précédente, le taux d'inflation devrait être atténué par les composants carburants et mazout. Aux Etats-Unis, l’inflation qui a atteint son pic en juin est désormais à 6,5% en décembre. Certaines tensions persistent toutefois et maintiennent l’inflation à un niveau élevé, notamment les prix des services. En zone euro, l’inflation hors prix de l’énergie et de l’alimentaire poursuit sa hausse, à 5,2% en décembre. Du côté de l’activité économique, les indicateurs avancés aux Etats-Unis indiquent un ralentissement de l’activité dans les mois à venir, mais le marché du travail et le consommateur américain se montrent résilients. En zone euro, les derniers indicateurs, tels que la production industrielle en novembre (+1%), ont surpris positivement et indiquent un moindre ralentissement de l’activité qu’initialement anticipé.

Les banques centrales devraient poursuivre le resserrement de leur politique monétaire.

Face à un scénario de stagflation, les banques centrales devraient poursuivre le resserrement de leur politique monétaire. Les taux directeurs américains devraient dépasser les 5% cette année. Du côté de la BCE, les taux devraient atteindre 3,5%. Le cycle de hausse des taux d'intérêt prendra probablement fin à la fin du printemps aux Etats-Unis et à l'automne en Europe. Outre les taux d'intérêt, les spreads des obligations d'entreprises ont récemment augmenté de manière significative en raison de la forte incertitude. C'est pourquoi les obligations d'entreprises sont particulièrement recommandées en Europe, car elles présentent désormais une prime d'intérêt attrayante par rapport aux obligations d'Etat. Toutefois, comme nous nous trouvons encore dans un cycle de hausses des taux d'intérêt, nous privilégions les obligations d'entreprise à courte duration.

Dans un tel contexte économique, nous continuons de privilégier les actions de qualité, soit celles qui offrent un rendement élevé du capital et qui présentent un avantage concurrentiel évident. Parmi elles, nous préférons les actions européennes aux actions américaines. En effet, la valorisation des actions européennes est inférieure à sa moyenne de long terme, ce qui n’est pas le cas des actions américaines. En outre, les marges bénéficiaires baissent davantage aux Etats-Unis qu'en Europe et le dollar américain devrait poursuivre sa dépréciation en raison de la réduction de l'écart de taux entre les Etats-Unis et la zone euro. Avec l'apaisement de la situation politique mondiale, les pays émergents pourraient également devenir plus attrayants. Dans le secteur technologique, nous misons sur les titres qui profitent des tendances à long terme comme l'intelligence artificielle et le cloud computing.

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