Solidité de l'économie suisse

Adrien Pichoud, Syz

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Après sept mois consécutifs d'augmentation, le nombre de chômeurs en Suisse a légèrement diminué en février, ramenant le taux de chômage à 2,4%.

Les données de février sur le marché du travail suisse montrent un arrêt de la tendance à la hausse du chômage observée depuis le milieu de l'année dernière.

Après sept mois consécutifs d'augmentation, le nombre de chômeurs en Suisse a légèrement diminué en février, ramenant le taux de chômage à 2,4% (contre 2,5% en janvier). Ce niveau est bas en termes absolus, inférieur à la moyenne des dernières décennies, ce qui reflète la solidité de l'économie suisse.

Après avoir atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans au printemps 2023 (1,9%), le taux de chômage a augmenté au cours du second semestre de l'année dernière, parallèlement au ralentissement de la croissance économique causé par l'affaiblissement de l'activité chez les principaux partenaires commerciaux (zone euro et surtout Allemagne, Chine) et, dans une certaine mesure, par l'impact de la hausse des taux d'intérêt et de l'appréciation du franc suisse.

Le recul du taux de chômage en février est cohérent avec les derniers signes encourageants concernant l'activité économique dans la zone euro et en Suisse: les indicateurs de l'activité manufacturière ont commencé à se redresser depuis le quatrième trimestre 2023 par rapport aux niveaux bas atteints en milieu d’année. Bien qu'ils restent à des niveaux reflétant une activité encore faible, ils indiquent une amélioration progressive de la dynamique et suggèrent que l'élan cyclique est positif, même s'il n'est encore que modéré.

Les conséquences pour les perspectives de croissance de la Suisse cette année peuvent être considérées comme rassurantes, dans le sens où les facteurs négatifs qui ont pesé sur l'activité l'année dernière s'atténuent progressivement.

Certes, des vents contraires persistent et continueront à limiter le rythme de l'expansion en Suisse: une croissance toujours faible dans la zone euro et en Chine, l'impact décalé de l'appréciation du franc suisse l'année dernière et de la hausse des taux d'intérêt.

Toutefois, ces dernières données confirment que l'économie suisse est capable de faire face à ces vents contraires sans être entraînée dans une récession. Cela devrait rassurer la BNS, qui pourra évaluer l'évolution de la dynamique des prix sans avoir à s'inquiéter exagérément d'un éventuel ralentissement de la croissance économique.

Les dernières données sur l'inflation publiées en début de semaine étant également rassurantes à cet égard (l'inflation se situant clairement dans la fourchette cible de la BNS), la BNS peut probablement encore envisager un assouplissement des conditions financières dans le courant de l'année. Toutefois, si la croissance économique se stabilise à un niveau décent, la BNS pourra agir avec prudence et attendre la confirmation que les pressions inflationnistes ont disparu pour de bon avant d'abaisser son taux directeur.

A cet égard, la BNS semble privilégier, dans un premier temps, une action sur le front des devises en contrant la force du CHF, comme le reflète encore ce matin la troisième augmentation consécutive des réserves de change. C'est le signe que la BNS intervient désormais pour affaiblir le CHF, contrairement à la période 2022/23 où l’appréciation du CHF faisait partie intégrante de sa politique de lutte contre les pressions inflationnistes.

Dans un contexte de stabilisation de la croissance et d'inflation modérée, la BNS peut privilégier les interventions sur le marché des devises dans un premier temps, avant d'envisager des baisses de taux d'intérêt. M. Jordan pourrait même avoir le choix de laisser au prochain président la responsabilité d'entamer un cycle de baisse des taux en Suisse!

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