Risque de surchauffe de l'économie comme «effet boomerang»

Beat Thoma, Fisch Asset Management

2 minutes de lecture

Le combat des forces positives contre les dangers potentiels sur les marchés financiers franchit une nouvelle étape.

La conjoncture mondiale, tout comme les marchés actions et du crédit, continuent de bénéficier de mesures de soutien massif, avec notamment le renforcement des programmes de relance budgétaire aux Etats-Unis et dans les différents Etats-membres de l’UE, et bien sûr la politique monétaire, qui demeure extrêmement expansionniste. Actuellement, la Fed et la BCE continuent de gonfler leurs bilans en procédant à des achats d'actifs qui représentent respectivement 120 milliards de dollars et 90 milliards d’euros par mois, dans le cadre de leurs programmes d’assouplissement quantitatif («Quantitative Easing»). Essentiels à la croissance économique, les agrégats monétaires M1 et M2 augmentent en conséquence, ce qui prouve que la politique monétaire a encore un effet pour l’instant. En ce moment, l’agrégat monétaire M2 aux Etats-Unis grossit même à un rythme que l’on n’avait plus observé depuis la Seconde Guerre mondiale.

Des cercles vertueux sont générés par la conjoncture économique mondiale (ainsi qu’entre les pays individuels) et la politique monétaire ultra-accommodante. L’industrie de l’UE, en particulier, très axée sur les exportations, reçoit une forte impulsion de la part des économies étrangères. La région européenne bénéficie dans des proportions importantes du rebond économique de l’Asie, et plus spécifiquement de la Chine. Par ailleurs, les réserves de liquidités des ménages privés et des entreprises atteignent des niveaux record, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Conjointement à un marché immobilier solide, d'importants effets de richesse et de prospérité devraient donc s’exercer dans les prochains mois et se répercuter favorablement sur la consommation.

Cependant, toute lumière s’accompagne aussi de zones d’ombres. Les investisseurs ne doivent pas négliger les risques entourant la croissance économique et les marchés financiers, et qui pourraient réduire à néant cet environnement positif : par exemple, le risque d'une baisse de confiance des consommateurs en raison de problèmes liés aux vaccins, avec pour conséquence une rechute en récession. Le risque d'une surchauffe de l’activité causée par des mesures de relance budgétaire trop fortes nuirait également au rebond à long terme de l’économie. De même, les discussions entourant le retrait progressif des achats d'actifs des banques centrales («tapering») ou la menace du resserrement de la politique monétaire seraient préjudiciables aux marchés financiers. Parallèlement, le niveau globalement élevé des valorisations des actions et la forte sensibilité aux informations négatives qui en résulte représentent un danger, tout comme le creusement de la dette publique, qui menace de conduire à des tensions haussières plus fortes que prévu sur les taux.

Récemment, les marchés ont fait preuve d'une vulnérabilité accrue face à de petites perturbations, comme la hausse des rendements à long terme ou des taux d'inflation. Des accès soudains de volatilité menacent déjà dans le sillage de réactions dues à des variations des taux et de mécanismes d’amplification qui ne sont globalement pas linéaires. De plus, les marchés actions seraient également fragilisés par une hausse des taux depuis des niveaux très faibles. Toutefois, il ne s’agira normalement que de corrections passagères, tant que les banques centrales ne modifieront pas leur politique monétaire. Pour l’heure, les facteurs positifs continuent de dominer. Les tendances potentiellement dangereuses du dollar américain, de l’inflation et des taux à long terme sont encore très modérées et répondent même à la volonté des banques centrales. Dans ce contexte, les forces positives sont encore légèrement plus puissantes que les dangers potentiels; pour autant, les investisseurs auraient tort de se croire à l’abri.

A lire aussi...