Une forte correction du marché des actions ne serait pas une surprise

Beat Thoma, Fisch Asset Management

2 minutes de lecture

Près de 7% du PIB que les ménages américains ont à disposition devrait être consacré à la consommation au courant des deuxième et troisième trimestres.

La relance du système financier envisagée par les banques centrales fonctionne grâce à une panoplie de mesures agressives – surtout grâce à une politique monétaire durablement expansionniste. A l’heure actuelle, la Réserve fédérale américaine achète 120 milliards de dollars de titres sur les marchés chaque mois (le fameux «quantitative easing»), ce qui entraîne l’expansion de son bilan. Pour sa part, la BCE dépense 80 milliards d’euros par mois. Les agrégats monétaires M1 et M2 - importants pour la croissance économique - augmentent en conséquence pouvant que la politique monétaire a encore un effet et que la monnaie créée par la Fed et la BCE alimente le système bancaire.

Ces pressions inflationnistes potentielles se reflètent également dans d’autres facteurs importants. Les réserves de liquidités des ménages privés et des entreprises atteignent des niveaux record, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. Combiné à la forte hausse des prix de l'immobilier aux États-Unis, cela montre des effets de prospérité effectifs qui ont un impact positif sur la consommation. D’après les calculs de think tanks, près de 7% du produit intérieur brut que les ménages américains ont à disposition, devrait être consacré à la consommation au courant des deuxième et troisième trimestres, moins les réserves déjà constituées pour les augmentations d'impôts prévues. Le déroulement des campagnes de vaccination relativement conforme au calendrier, l’approbation de nouveaux vaccins et l’abandon des mesures de confinement devraient apporter un soutien exceptionnellement fort à la conjoncture.

Les obligations d’entreprises affichent des valorisations neutres,
voire légèrement favorable sur les marchés émergents.

Malgré une situation globalement positive, il existe des risques qui, pour l’instant, ne sont pas alarmants : la valorisation absolument élevée des marchés des actions (ratios P/E de 30 et plus) devient de plus en plus problématique. Une situation que Jerome Powell, le président de la Fed, relativise toutefois en maintenant des taux d’intérêt bas. Malgré tout, les marchés sont très sensibles à la moindre perturbation, que ce soit une hausse des taux ou des turbulences monétaires provisoires. Nous considérons à ce jour que la plupart des prévisions économiques positives se reflètent déjà dans le prix des actions. En conséquence, une forte correction à court terme jusqu’à 10% n’aurait rien de surprenant. Il est bien connu que les particuliers ont augmenté de manière décisive le nombre de participants au marché boursier. Cette catégorie non négligeable de participants au marché recèle un important potentiel de panique, et donc de correction. Toutefois, une performance d’environ 5% des marchés actions nous semble tout à fait envisageable pour 2021. Par conséquent, nous considérons actuellement les corrections comme des opportunités d'achat tant qu'il n'y a pas de changement substantiel dans les conditions générales évoquées.

En revanche, les obligations d’entreprises affichent des valorisations neutres, voire légèrement favorable sur les marchés émergents. A condition de rester sélectifs, les investisseurs pourront y saisir quelques opportunités. Les obligations convertibles sont actuellement la classe d’actifs à privilégier dans l’environnement actuel. L’année dernière, les convertibles ont démontré d’une manière impressionnante toute l’étendue de leurs qualités, faisant parfois même mieux que les actions internationales. Cette année également, nous les considérons comme une alternative extrêmement intéressante aux placements directs en actions en prévision de la volatilité et des incertitudes qui devraient perdurer avec la pandémie. Le profil asymétrique des convertibles facilitant le market timing, devrait prouver son utilité dans cet environnement une nouvelle fois.

A lire aussi...