Trève estivale

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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La Fed procède à une nouvelle hausse des taux. La Chine fait face à une crise immobilière persistante. Un marché propice à la sélection d’actions individuelles.

Comme prévu, la Fed a procédé la semaine dernière à une deuxième hausse consécutive de 75 points de base de ses taux d’intérêt. Mais son président, Jerome Powell, a assuré aux marchés qu’il n’était pas en «veille automatique», indiquant en revanche que la Fed se concentrerait sur les données économiques et laissant entendre qu’elle pourrait ralentir le rythme de hausse des taux. Les marchés ont pris cela comme un changement de politique et se sont  redressés, de telle sorte que juillet a été le meilleur mois pour les actions du S&P500 depuis novembre 2020. Nous sommes neutres à la fois concernant la duration au niveau des obligations américaines et des actions américaines. Les perspectives d’inflation aux Etats-Unis restent toutefois incertaines, l’indice sous-jacent des prix à la consommation (PCE) pour juin étant resté soutenu grâce à une solide consommation et à des prix immobiliers élevés. Les salaires du secteur privé ont augmenté de 6,5% en base annualisée au deuxième trimestre, ce qui a fait bondir les prévisions d’inflation à cinq ans. Les taux réels ont baissé avec le redressement du prix des obligations. Alors que le PIB américain se contractait pour le deuxième trimestre d’affilée, Jerome Powell a mis en avant la solidité du marché du travail pour contrer les alertes à la récession. Les chiffres de l’emploi non agricole pour le mois de juillet, qui seront publiés ce vendredi, seront importants à surveiller pour les tendances qu’ils donnent sur l’augmentation des salaires aux Etats-Unis. Entre-temps, le Congrès semble prêt à accepter le plan de relance de 433 milliards de dollars proposé par le sénateur Joe Manchin. Ce plan, baptisé «loi sur la réduction de l’inflation», permettra de réduire les coûts des soins de santé et d’augmenter les investissements dans les énergies renouvelables. Il sera financé par un taux d’imposition minimum de 15% des grandes entreprises, ce qui va dans le sens de notre thème du Plan Marshall vert.

La croissance de 0,7% au sein de la zone euro au deuxième trimestre (en glissement trimestriel) a été meilleure que prévu. Toutefois, l’inflation reste obstinément élevée, à 8,9% en rythme annuel, notamment en raison des prix de l’énergie. La réduction par la Russie des flux gaziers de Nord Stream à seulement 20% de sa capacité fait grimper les prix du gaz en Europe et a incité les pays de l’UE à accepter une réduction volontaire de 15% de leur consommation de gaz, même si l’application de cette mesure reste incertaine. Ailleurs, la Chine tente d’atténuer sa crise immobilière en créant un fonds pour encourager la finalisation des appartements inachevés et mettre fin au boycott des remboursements de prêts. La taille du fonds est toutefois insuffisante pour résoudre entièrement les difficultés des promoteurs immobiliers. Entre-temps, les présidents Biden et Xi ont discuté de Taïwan lors d’un appel téléphonique et se sont engagés à organiser une rencontre en personne. Sur les marchés chinois, le géant technologique Alibaba cherche à obtenir une «double cotation primaire» à la bourse de Hong Kong. La société espère que cela lui permettra de conserver sa cotation à New York. Cette semaine, le principal événement qui pourrait engendrer des tensions est la visite de Nancy Pelosi à Taiwan.

Enfin, les résultats du deuxième trimestre 2022 ont révélé quelques bonnes surprises en termes de chiffre d’affaires et de bonne tenue des marges, les sociétés de biens de consommation courante s’empressant d’augmenter les prix malgré les craintes d’une résistance accrue des ménages. Les bénéfices par action des actions sur le S&P 500 ont augmenté de 5,8% pour le moment, tandis que la hausse des chiffres d’affaires était de l’ordre de 13%, ce qui est conforme à nos anticipations. Les résultats ont été très variables sur un marché qui reste propice aux «stock pickers» (ceux qui se focalisent activement sur des actions individuelles), Walmart et Meta ne répondant pas aux attentes, mais Apple et Amazon réussissant mieux. Certaines grandes compagnies pétrolières ont publié les bénéfices les plus élevés de leur histoire à la veille d’une réunion de l’Opep qui sera particulièrement scrutée.

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