Surprise sur le front de l’emploi aux Etats-Unis en juillet. Solides résultats du T2 favorables aux actions. Montée des tensions autour de Taïwan.
La vigueur du marché du travail américain a surpris les marchés la semaine dernière avec un demi-million de postes créés en juillet, un chiffre nettement supérieur aux anticipations. La plupart des nouveaux emplois ont concerné le secteur des services, qui a bénéficié du redémarrage de l’économie après la levée des restrictions sanitaires. Le salaire horaire moyen a progressé de 5,2% en rythme annuel, tandis que le chômage a atteint son plus bas niveau depuis 1969, à 3,5%. Dans ce contexte, nous ne prévoyons pas d’inflexion de la politique monétaire de la Réserve fédérale, alors que les marchés tablent désormais sur un relèvement des taux de 75 points de base (pb) lors de la réunion de septembre. Malgré deux trimestres consécutifs de croissance négative, l’économie américaine n’est manifestement pas en récession, même si les craintes des investisseurs ont porté les placements dans les bons du Trésor américain à des niveaux inédits depuis novembre 2021. L’entrée en récession semble inévitable, mais elle n’est pas imminente selon nous. Dans l’intervalle, l’économie américaine devrait bénéficier de la loi sur la réduction de l’inflation, adoptée par le Sénat dimanche dernier en fin de soirée. Nous examinerons de près les prochains chiffres de la hausse des prix à la production et à la consommation, attendus dans le courant de la semaine.
Les marchés boursiers ont bien résisté la semaine dernière au retour des craintes relatives aux taux d’intérêt, grâce à la publication de résultats plutôt rassurants pour le deuxième trimestre. La vigueur de la croissance nominale s’est traduite par des ventes plus importantes qu’anticipé et les entreprises ont maintenu leurs marges en répercutant la hausse des coûts sur les clients. Alors que 79% des entreprises du S&P 500 ont annoncé une progression de +15% de leur chiffre d’affaires et de +10% de leur bénéfice par action, ces chiffres ont atteint respectivement +26% et +17% en Europe, grâce à la faiblesse de l’euro. Nous sommes neutres à l’égard des actions. Il s’agit probablement du dernier trimestre de forte hausse des ventes, car les consommateurs préfèrent désormais chercher les meilleurs prix ou limiter leurs achats plutôt que d’accepter des prix plus élevés.
Rappelant la crise de 1995, les exercices militaires chinois autour du détroit de Taïwan se sont intensifiés en réaction à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi. L’armée chinoise démontre ainsi qu’elle est en mesure d’isoler l’archipel du reste du monde. Comme 48% des conteneurs passant par le détroit de Taïwan sont désormais bloqués, les contraintes d’approvisionnement risquent de s’aggraver si les tensions persistent. Mais il convient de noter que la Chine, fortement dépendante de Taïwan pour les puces à semi-conducteurs, a limité le blocus à 1% de ses importations en provenance de l’île. En sens inverse, 42% des exportations taïwanaises sont destinées à la Chine, 70% des produits concernés étant liés à la technologie. La situation actuelle va probablement inciter les entreprises à diversifier encore davantage leurs chaînes d’approvisionnement. De plus, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont enregistré un plongeon d’une ampleur inégalée depuis 2008 pour atteindre leur plus bas niveau depuis janvier, dans le sillage de l’accord russo-ukrainien sur l’exportation des stocks de céréales.