
En effet, les risques liés aux droits de douane, à l’économie et à la politique budgétaire laissent présager une volatilité accrue du marché à court terme. Explication.
- Les droits de douane américains devraient rester élevés malgré les accords potentiels avant la date limite de juillet et les récentes contestations judiciaires
Les efforts qui visent à apaiser les tensions entre les Etats-Unis et la Chine sont les bienvenus, mais un accord global prendra probablement du temps. Les investisseurs seront également attentifs aux mesures concrètes prises pour conclure des accords durables avec d’autres partenaires commerciaux.
Dans l’ensemble, il n’est probablement pas dans l’intérêt de l’administration Trump que les taux des droits de douane américains reviennent aux niveaux annoncés lors du «Jour de la libération», compte tenu des dommages économiques potentiels qu’ils causeraient aux Etats-Unis. Un effondrement du commerce compromettrait également la nécessité pour le pays de disposer d’une source de revenus prévisible pour financer un programme budgétaire expansif. Les droits de douane effectifs devraient terminer l’année à peu près au niveau actuel, soit environ 15%, même s’ils sont six fois plus élevés que le taux de 2,5% en vigueur au début de l’année.
Selon la Recherche d’UBS, la décision de la Cour du commerce international de suspendre les droits imposés en vertu de la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux (IEEPA) de 1977 sera finalement confirmée par la Cour suprême, mais ces droits réapparaîtront probablement sous une autre forme. Des droits de douane sur des produits essentiels devraient également être instaurés prochainement, en vertu de l’article 232 de la loi sur l’expansion du commerce de 1962, pour des raisons de sécurité nationale.
- L’activité économique américaine a montré des signes de faible ralentissement dans un contexte de données mitigées
Si la croissance de l’emploi non agricole a été plus forte que prévu par le marché, les détails du rapport sur l’emploi pour le mois de mai ont été plus mitigés. En outre, selon l’enquête JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey), les offres d’emploi ont augmenté à 7,4 millions en avril et les demandes d’allocations chômage ont légèrement progressé à 247'000, près de la limite supérieure de leur fourchette récente. D’autres indicateurs économiques récents, tels que les PMI de l’ISM et le Livre beige de la Réserve fédérale américaine (Fed), ont également mis en évidence des signes de ralentissement de l’économie américaine.
La Recherche d’UBS est d’avis que le marché du travail américain reste équilibré pour l’instant, avec une hausse modérée des emplois et des salaires qui assure aux ménages une croissance de leurs revenus contribuant à soutenir les dépenses de consommation. Mais elle prévoit un nouveau ralentissement au second semestre 2025, les droits de douane et autres mesures politiques pesant davantage sur l’économie, ce qui devrait inciter la Fed à reprendre ses baisses de taux en septembre.
- Les inquiétudes concernant les perspectives budgétaires américaines pourraient entraîner une volatilité des rendements
La loi «One, Big, Beautiful Bill Act» (OBBBA) est actuellement examinée par le Sénat américain après avoir été adoptée par la Chambre des Représentants le mois dernier. Les récents gros titres laissent présager des débats houleux et le Sénat devrait apporter quelques modifications au projet de loi.
Même s’il est peu probable que ces changements modifieraient de manière substantielle l’impulsion budgétaire potentielle en 2026 ou les déficits à plus long terme, l’attention médiatique portée aux perspectives budgétaires américaines devrait déclencher des épisodes de volatilité des rendements des bons du Trésor.
Gérer l’incertitude à court terme
Le potentiel de fluctuations du marché reste donc élevé. Mais cela ne devrait pas empêcher les investisseurs de faire travailler leur argent, d’autant plus qu’on continue de tabler sur une hausse des actions américaines au cours des douze prochains mois et que les taux d’intérêt et les rendements des liquidités devraient baisser au cours de l’année.
Pour les investisseurs sous-alloués, on recommandera une transition progressive vers des portefeuilles actions ou équilibrés afin de gérer l’incertitude à court terme tout en renforçant le potentiel de création de richesse à long terme.
Recourir à des placements alternatifs
Les investisseurs, qui cherchent à protéger leurs portefeuilles contre la volatilité, devraient également conserver une exposition suffisante aux obligations d’Etat et aux obligations investment grade de qualité supérieure et de duration moyenne, qui devraient afficher des performances particulièrement bonnes dans des scénarios de croissance défavorable. Afin de diversifier et de se prémunir contre les risques politiques, la Recherche d’UBS continue également de voir l’intérêt de conserver une allocation en or, avec une prévision de cours à long terme de 3500 USD/once d’ici juin prochain.
Et comme les rendements des actions américaines et des obligations américaines de qualité supérieure ont récemment évolué en tandem dans un contexte de volatilité des marchés, il peut également être intéressant de recourir à des placements alternatifs tels que les hedge funds. Cela afin de bénéficier de sources de rendement non corrélées, d’un potentiel d’atténuation de la volatilité et d’une diversification du portefeuille, mais aussi d’exploiter les éventuelles erreurs de valorisation entre les différentes classes d’actifs.
Les investisseurs doivent être disposés et aptes à supporter les risques propres aux placements dans des produits alternatifs, comprenant notamment, mais sans s’y limiter, la plus grande difficulté à les vendre sur des marchés financiers en détresse (appelée également illiquidité).