Reprise économique et inflation, il faut savoir doser

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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D’importantes incertitudes quant aux réactions des banques centrales pourraient entrainer des tensions sur les valorisations.

Les dernières annonces du FMI vont dans le sens d’un scénario de croissance toujours soutenue mais soumise à différents risques. Dès lors, il faudra privilégier une allocation de portefeuille prudente, avec des taux d’intérêt qui continueraient de remonter et une volatilité qui devrait perdurer sur les marchés d’actions au cours des prochaines semaines.

Une reprise toujours vigoureuse

Le FMI vient de mettre à jour ses prévisions économiques biannuelles et confirme la vigueur de la reprise économique mondiale, à +5,9% en 2021 et +4,9% en 2022. L’institution a seulement révisé très légèrement à la baisse sa prévision pour 2021, actant des problématiques d’approvisionnement récentes et des difficultés sanitaires toujours présentes dans plusieurs pays. Les prévisions restent ainsi celles d’une reprise vigoureuse aux Etats-Unis (+6% en 2021 et +5,2% en 2022) et en zone euro (+5,0% et +4,3%), notamment soutenues par les politiques des gouvernements (plans Biden aux Etats-Unis et Next Generation European Union en Europe). Du côté des économies émergentes, la légère révision à la baisse de l’économie chinoise (+8% et +5,6%) est plus que compensée par la dynamique constatée dans les économies exportatrices de matières premières qui bénéficient du rebond sur les prix.

Un risque de plus d’inflation

La prévision affichée par le FMI est que l'inflation augmentera fortement vers la fin de l'année, se modérera à la mi-2022, puis retombera aux niveaux d'avant la pandémie (prévisions pour les économies développées +2,8% en 2021 et 2,3% en 2022). Mais au-delà de ces prévisions chiffrées, le rapport souligne que «les risques d'inflation sont biaisés à la hausse» et a conseillé aux banques centrales de ne pas prendre de retard dans leurs actons si les pressions sur les prix montraient des signes de persistance. Le FMI souligne ainsi le «compromis difficile» auquel sont confrontées les banques centrales, qui veulent continuer de soutenir la reprise économique post-covid en maintenant des taux d'intérêt bas, mais doivent surveiller que les tensions actuelles sur les prix ne se transforment en inflation persistante.

Il y a donc un risque financier si les banques centrales réagissent trop tard. Les conditions financières restent aujourd’hui très accommodantes dans les économies développées, notamment soutenues par les politiques des banques centrales, et continuent d’être un vrai soutien pour les marchés de différents actifs (financiers et immobiliers notamment). Une action trop tardive des banques centrales face au risque d’inflation pourrait nécessiter un resserrement plus important de leur politique et impliquer un risque de tensions plus fort sur les valorisations de ces actifs.

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