Recyclage des batteries: l’avenir a déjà commencé

Adrian Daniel, MainFirst

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Le recyclage des batteries gagne en importance afin de réduire les dépendances politiques et économiques vis-à-vis des pays fournisseurs.

Le marché du recyclage des batteries a un énorme potentiel de croissance. Bien qu'il soit encore relativement jeune, tous les signes indiquent une évolution positive. L'un des principaux moteurs de l'industrie du recyclage en Europe est la nouvelle réglementation qui révolutionne le traitement des piles usagées. Actuellement, les quantités sont encore trop faibles pour que les usines de recyclage soient rentables. Néanmoins, il est déjà judicieux d'investir dans les économies d'échelle.

Le succès de la transition énergétique dépend également de la disponibilité du stockage de l'électricité. La demande en énergies renouvelables augmente rapidement. Les experts prévoient que la capacité totale des batteries sera multipliée par quatre d'ici 2030. Cette croissance est soutenue politiquement non seulement en Europe, mais aussi dans le monde entier. Rien qu'aux États-Unis, l'"Inflation Reduction Act" met à disposition plus de 370 milliards de dollars pour les investissements dans les énergies propres au cours des prochaines années.

Parallèlement, l'industrie travaille déjà sur des supports de stockage toujours plus performants. Il y a un mois, le plus grand fabricant mondial de batteries pour véhicules électriques, le chinois CATL, a présenté une nouvelle batterie. Celle-ci permet à un véhicule de parcourir 400 kilomètres après seulement dix minutes de charge.

Une grande partie de la capacité des batteries est aujourd'hui utilisée pour l'électromobilité. En 2017, on comptait encore 3,4 millions de voitures électriques dans le monde, contre 27,7 millions en 2022. Aujourd'hui, une voiture électrique sur deux est vendue en Chine, ce qui correspond à 6,5 millions de véhicules l'année dernière. Avec environ 14,64 millions de véhicules électriques, la Chine représente plus de la moitié des voitures électriques du monde.

D'ici 2026, les batteries industrielles, de traction et de démarrage devront contenir un certain pourcentage de matériaux recyclés

Une batterie pour une voiture électrique se compose - selon la technologie cellulaire utilisée - d'un mélange de lithium, de cobalt, de nickel, de cuivre, de graphite et de manganèse. Ces matières premières sont disponibles en quantité suffisante dans le monde entier. Néanmoins, le recyclage des batteries gagne en importance afin de réduire les dépendances politiques et économiques vis-à-vis des pays fournisseurs.

Le règlement européen sur les piles comme catalyseur

Le règlement européen sur les piles, en vigueur depuis juin 2023, entraîne des changements fondamentaux dans la gestion des piles en Europe. Il vise à promouvoir la durabilité et la protection de l'environnement en renforçant l'économie circulaire et en encourageant le recyclage des piles. Le taux de collecte actuel de 45% pour les piles usagées doit passer à 63% d'ici fin 2027 et à 73% d'ici fin 2030. Cela permettra de réduire considérablement les déchets électroniques.

Le règlement prévoit que les batteries usagées des véhicules électriques devront à l'avenir être recyclées afin de garantir que les matières premières précieuses soient réutilisées et ne finissent pas dans les décharges. D'ici 2026, les batteries industrielles, de traction et de démarrage devront contenir un certain pourcentage de matériaux recyclés. Parallèlement, les batteries des appareils devront être facilement amovibles et remplaçables en 2026. Les consommateurs auront ainsi la possibilité de remplacer facilement leurs piles usagées par des piles neuves, au lieu de devoir jeter tout l'appareil.

Un autre objectif de l'ordonnance sur les piles est d'interdire les piles non rechargeables à usage général. Cela devrait permettre de réduire davantage l'utilisation de piles à usage unique et de minimiser l'impact sur l'environnement.

Recyclage à petit feu

Le recyclage des piles en Europe n'en est qu'à ses débuts. La raison en est que les installations de recyclage ne peuvent pas encore être exploitées de manière rentable en raison des faibles quantités de piles. Mais cela va changer dans un avenir proche. En Europe, les constructeurs de voitures électriques comme Tesla, BMW, Volkswagen et Hyundai offrent généralement une garantie de huit ans sur la batterie. A ce moment-là, les batteries ont en général encore une capacité de 80 %. Le recyclage n'est donc rentable qu'à partir d'un âge d'au moins dix ans.

L'entreprise allemande Aurubis est un exemple d'entreprise qui s'occupe du recyclage des batteries. Elle a d'abord ouvert une usine pilote à Hambourg en 2022. BASF a également ouvert un centre de recyclage en juin de cette année. Une autre entreprise intéressante est la société belge Umicore, qui dispose de 15 ans d'expérience dans le recyclage des batteries de téléphones portables. CATL ne prévoit pas encore d'installations de recyclage en Europe, mais elle est active aux États-Unis avec son entreprise partenaire BRUNP. En outre, CATL a annoncé des investissements d'environ 3,2 milliards de dollars US pour l'extension de ses installations de recyclage en Chine.

Leur heure viendra

Toutes ces entreprises ont un point commun : leur temps viendra. En 2033, ce sera le cas. Mais dès à présent, le marché des batteries et celui du recyclage des batteries, ainsi que la chaîne de création de valeur qui y est liée, représentent des opportunités d'investissement intéressantes et tournées vers l'avenir. Elles sont d'une grande importance pour l'évolution vers un monde et une économie moins générateurs de gaz à effet de serre.

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