Records en vue

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Les actions et les obligations à la fête. L’inflation ralentit. L’économie américaine fait de même. Les dividendes et les rachats d’actions très en vue.

L’actualité et la nécrologie ont été chargées la semaine dernière aux Etats-Unis. Le centenaire Henry Kissinger, le quasi-centenaire Charlie Munger (bras droit de Warren Buffet) et Sandra Day O’Connor (la première femme juge à la Cour suprême) font partie de ceux qui nous ont quittés. Cela n’a pas empêché les marchés boursiers de poursuivre leur progression pour enregistrer leur meilleure performance mensuelle depuis trois ans. Les investisseurs ont réagi positivement à la forte baisse des dépenses de consommation des ménages (PCE) hors alimentation et énergie (l’indicateur d’inflation privilégié par la Fed), ainsi qu’à l’évocation par un des gouverneurs les plus agressifs de la Fed, Christopher Waller, d’une possible baisse des taux dans les mois à venir si la désinflation devait se poursuivre. Parallèlement, plusieurs signaux ont indiqué que l’inflation diminuait rapidement en zone euro. Comme aux Etats-Unis, cette évolution et le discours de la BCE ont conduit les acteurs du marché à anticiper une baisse des taux dès l’année prochaine. La baisse des rendements obligataires à long terme n’est pas terminée, ce qui nous incite à surpondérer les emprunts d’Etat américains et européens.

Ce recul des rendements est accentué par la chute des cours du pétrole, qui a entraîné l’assouplissement des conditions financières le plus rapide des quatre dernières décennies. Il convient néanmoins de rester prudent, car ce mouvement s’oppose à la volonté des banques centrales de maîtriser l’inflation et de rendre la croissance plus durable. Si l’inflation sous-jacente reflue, elle demeure supérieure à l’objectif des autorités et il pourrait s’avérer difficile de la faire baisser davantage. En outre, les acteurs qui tablent sur des baisses de taux anticipées ne doivent pas oublier que ce type de mesures va généralement de pair avec un ralentissement économique, voire une récession. Notre scénario de base estime que les Etats-Unis connaîtront une légère récession au premier semestre 2024. La progression des ventes de détail a nettement ralenti en octobre, tandis que l’activité manufacturière se contractait pour le 13e mois consécutif. De plus, le Livre beige de la Fed a mis en évidence un déclin de l’activité économique au cours des dernières semaines. Dans le même temps, les établissements de crédit américains ont rapporté le taux de faillites le plus élevé depuis la pandémie, alors que les hausses de taux continuaient de se répercuter sur l’économie. En Europe, où l’impact du resserrement monétaire s’est fait sentir plus rapidement, la demande de prêts a faibli et plusieurs grands pays de la région sont exposés au ralentissement de l’économie chinoise.

La semaine a également été chargée sur le front des entreprises. En Europe, nous avons assisté à l’effondrement d’un empire immobilier de premier plan. L’actualité s’est avérée plus positive aux Etats-Unis avec la potentielle cotation d’un groupe du secteur de la mode, qui pourrait être l’une des plus importantes introductions en bourse de la dernière décennie. Le titre d’un grand groupe automobile s’est également fortement redressé après l’annonce d’un important rachat d’actions. Cela fait écho à notre ciblage d’acteurs disposant de flux de trésorerie suffisants pour verser des dividendes et procéder à des rachats d’actions, un thème d’investissement essentiel pour l’année prochaine.

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